L’apprentissage du code inspire bien des initiatives

Pratique
Par · 06/06/2018

En Belgique francophone, les initiatives de promotion et d’apprentissage du code, pour différents groupes d’âge et publics, se sont soudain multipliées ces derniers mois. Certaines sont lancées par des “gens de terrain”, d’autres se placent sous l’étendard WallCode, “initiative [publique wallonne] visant à sensibiliser élèves et enseignants aux sciences informatiques, à la logique algorithmique et aux langages de programmation”, via des animations et formations. 

Parmi elles, Kodo Wallonie, Coder Dojo et certaines activités des centres de compétences TIC, telles que le Lego Education Innovation Studio de Technobel.

Kodo et Dojo

Nous reviendrons plus en détail sur la situation de Kodo Wallonie et Coder Dojo dans ces deux autres articles (ici pour Kodo, ici pour CoderDojo), mais arrêtons-nous ici sur le positionnement et les moyens de l’un et l’autre.

Kodo Wallonie vise les jeunes sur leur lieu d’apprentissage. C’est-à-dire l’école. Avec des activités qui sont donc organisées en semaine (ou pendant les congés).

Ses moyens ont été légèrement renforcés, fin d’année dernière, permettant à l’asbl de s’appuyer désormais sur deux personnes à temps plein, épaulées par une responsable admin/comm’.

Les activités des clubs CoderDojo, quant à elles, pilotées par CoderDojo Belgique qui, côté wallon, dispose de deux “community leads”, se déroulent le week-end, en dehors des murs de l’école. Les clubs Dojo sont généralement hébergés dans des EPN, des bibliothèques ou encore des espaces de coworking. L’animation est assurée par des bénévoles, le plus souvent des personnes actives évoluant dans le milieu informatique.

Ajoutons à ce stade que, dans le cadre de WallCode, Kodo Wallonie peut compter sur le soutien d’autres acteurs, tels qu’Interface3 Namur qui dispose désormais d’un demi-temps plein pour organiser des animations dans les écoles, pendant les heures de cours ou pendant les congés scolaires.

Et les autres…

S’y ajoutent des initiatives diverses telles que BeCode, née à Bruxelles qui a essaimé vers Charleroi et qui vise un public que ne “captent” pas les centres de compétences TIC (tels que Technofutur TIC ou Technobel) ou encore l’idée d’’Ecole du Code, qu’Emmanuel Houdart rêve (ou rêvait) de mettre en oeuvre en complément de son Ecole des Maths. Mais l’ensemble des activités de cette asbl semblent aujourd’hui avoir du plomb dans l’aile – faute d’aide des autorités publiques.

BeCode propose une formation 6 mois, à temps plein, ponctuée par un stage en entreprise d’un mois minium, à des apprenants à partir de 18 ans. Le public visé est en priorité les jeunes en décrochage, non seulement scolaire mais aussi social – ceux que l’on désigne désormais sous l’acronyme “NEET” (Not in Education, Employment or Training) -, ainsi que les demandeurs d’emploi.

Contenu des formations: apprentissage des compétences en programmation et développement Web et mobile, développement de l’esprit d’entreprise et développement personnel.

La méthode pédagogique appliquée par BeCode a été développée par Simplon, école de codage française, et est basée sur le principe du coaching individuel, du travail en mode projets et de la responsabilisation de l’apprenant.

Aucun pré-requis (connaissances, diplôme…) n’est nécessaire pour suivre une formation BeCode mais une sélection des candidats apprenants se fait malgré tout en amont et de manière un peu particulière. 

Les candidats non retenus sont éventuellement réorientés vers d’autres filières ou acteurs de formation, notamment vers Technofutur TIC.

Julie Henry (UNamur): “Il s’agit de faire bouger les choses, de faire bouger le politique. De créer de la visibilité pour les initiatives prises.”

Initiatives spontanées côté enseignement

Plusieurs initiatives prennent forme également du côté de la formation – ou de la sensibilisation – des enseignants aux compétences numériques.

Citons par exemple Class’Code (voir notre article), le colloque international EduCode qui se tiendra à Bruxelles du 26 au 29 août (découvrir le programme via le site de l’événement) ou encore les formations et séances de cours que SiCarré (Sciences Informatiques pour le Secondaire Inférieur) crée en collaboration et au profit d’enseignants (voir notre article).

Le but d’EduCode est d’offrir aux enseignants, mais aussi aux directeurs d’écoles, parents et étudiants, l’opportunité de “réfléchir, s’informer et se former à la pensée informatique et à la programmation en classe.

Le colloque proposera des conférences et des ateliers pratiques assurés par des représentants de diverses sociétés spécialisées et des associations actives dans l’utilisation des technologies ICT à l’école. Parmi elles: Kodo Wallonie, Devoxx4kids, SiCarré, La main à la pâte, la Scientothèque, l’Expérimentarium de l’ULB.

Aux yeux de Nicolas Pettiaux, parmi les initiateurs de l’événement, le but d’EduCode “sera d’aider les enseignants à ne plus avoir peur, à accepter leurs limites, à savoir se remettre en question, à accepter que les jeunes en sachent plus qu’eux et leur montrent comment faire, à accepter d’essayer et de rater.”

Pour démystifier, déconstruire des idées reçues, convaincre de l’utilité d’une appropriation de compétences IT, les organisateurs ont planifié une série d’exposés, de sessions d’échanges de bonnes pratiques, d’ateliers pratiques – par exemple pour jouer avec les algorithmes pour les comprendre. “A l’école, on apprend à l’école la biologie, la chimie, la physique afin de comprendre le monde. Il devrait en aller de même de l’IT”, souligne Nicolas Pettiaux. “Et cela afin de comprendre le fonctionnement des outils. Sinon on sera l’objet de l’outil qui, lui-même, est manipulé par d’autres…”

Terminons en signalant que, du côté de SiCarré, des projets-pilote, au sein des établissements d’enseignement, pourraient démarrer à la rentrée prochaine, à l’issue d’un appel à projets. Par exemple: une idée de formation au numérique et médias qui prendrait la forme d’un exposé du b.a.-ba de l’intelligence artificielle pour des élèves de 12 à 14 ans que prévoit Julie Henry de l’UNamur (mais selon un canevas qui doit encore être défini avec la Fédération Wallonie-Bruxelles).

Cacophonie?

Chacun, en principe, s’adresse à un public spécifique, avec certes des recouvrements – inévitables – mais en se défendant de faire concurrence à l’un ou l’autre. Les démarches, d’ailleurs, sont quelque peu différentes: approche plus ou moins structurée et officielle ou davantage bottom up, activités et animations dans le cadre scolaire ou dans des plages extra-scolaires…

Nous vous invitons à découvrir plus en détail les diverses initiatives (sans ambition d’exhaustivité) dans ce dossier.