BeCode utilisera la plate-forme SkillsBuild d’IBM

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Par · 12/03/2020

Les chiffres, statistiques et estimations donnent le tournis: le nombre de personnes actives (ou non d’ailleurs) qui, selon les observateurs, devront faire évoluer leurs compétences et curriculum vitae à l’avenir pour ne pas se laisser déborder par les exigences qu’impose le “tout-numérique” se chiffrent en millions.

Agoria, si on ne parle que de la Belgique, avait déjà dégainé ses chiffres à l’occasion de son étude Be the Change, réalisée avec Roland Berger et sortie à l’automne 2018.

Les chiffres

En Belgique (selon Agoria/Roland Berger):
– “Sans politique adaptée, il y aura 584.000 postes vacants non pourvus en 2030”
– 4,5 millions de personnes actives auront besoin de mettre leurs compétences à niveau
310.000 travailleurs ou demandeurs d’emploi belges devront se reconvertir ou – au moins – se recycler
– 150.000 d’entre eux auront besoin de formations d’une durée de deux à six mois
– 160.000 devront en passer par des formations plus intensives pouvant durer de 6 à 18 mois, pour une réorientation totale

A l’échelle internationale, le World Economic Forum, dans son rapport (2018) The Future of Jobs, estimait à 54% la proportion de personnes actives qui devront en passer par un recyclage profond d’ici… 2022. Autre chiffre: selon la même source, 37% des personnes actives en Europe ne disposeraient pas actuellement des compétences numériques “fondamentales” [lisez: génériques] nécessaires pour garantir leur employabilité à l’avenir.

Désormais, le concert des voix enfle chaque jour, mettant en garde contre une apathie face aux besoins en compétences numériques – de la plus anodine et “mainstream” jusqu’aux plus exigeantes et (encore) ésotériques

Inutile – et réducteur – de commencer à citer ici l’interminable litanie de ces compétences nouvelles que tout individu devrait apprendre à maîtriser ou, à tout le moins, effleurer, dans des domaines aussi divers que le cloud, la cyber-sécurité, l’analytique et les algorithmes, la blockchain, la programmation ou la gestion d’objets connectés (en tous genres), la gestion de son “image” (ou réputation) en-ligne…

Agoria, revenons-y, promet pour cette année la sortie d’un certificat Digital Skill Indicator. Des sociétés telles que l’éditeur Salesforce fait la promotion de sa plate-forme d’apprentissage en-ligne Trailhead, recommandant plus largement à tout professionnel, quelles que soient ses fonctions, de se tourner vers l’une des ressources d’apprentissage en-ligne qui fleurissent sur le marché (en ce compris Coursera, Udacity, Udemy…).

Evaluation de compétences

L’année dernière, IBM lançait sa propre initiative, baptisée SkillsBuild, et vient de passer un accord avec BeCode, permettant à cette école de codage de faire bénéficier ses apprenants, aux profils souvent non pré-qualifiés/pré-diplômés, d’aller puiser de nouvelles ressources d’apprentissage dans sa bibliothèque d’outils et de contenus.

SkillsBuild, c’est en fait une plate-forme en-ligne que les personnes actives mais aussi les chercheurs d’emploi peuvent solliciter pour évaluer leur socle de compétences, les besoins en compétences nouvelles et formations dont ils auraient besoin pour réorienter leur carrière ou retrouver un emploi (avec diagnostic ciblé). 

On y trouve aussi une section de conseils personnalisés. De même, bien entendu, que des contenus de formation qu’IBM a développés ou propose en collaboration avec divers partenaires (CoorpAcademy, SkillSoft, Credly…). Plus d’infos dans l’encadré ci-dessous.

Parmi ces contenus et ressources en-ligne:

– MyInnerGenius, un outil qui s’appuie sur des algorithmes pour comparer les compétences et aptitudes actuelles d’une personne avec ses possibilités de carrière
– CodeDoor, qui s’adresse à des publics “atypiques” désireux de se former à la programmation
– ou encore le “New Collar Certificate Program” qui vise plus spécifiquement les personnes qui occupent déjà un poste en vue de leur fournir des contenus et outils leur permettant de se former et de pouvoir postuler à des métiers et fonctions en pénurie.

 

IBM: “We want to attract people reentering the workforce or relaunching their careers, and we want to create more jobs for people in parts of the world where tech jobs are scarce. This is about creating tech career opportunities outside the traditional areas.”

 

Particularité: IBM a décidé de mettre cette plate-forme à disposition d’un vaste public en passant des partenariats avec diverses ONG, afin de toucher des personnes au parcours “non traditionnel”.

L’année dernière, trois pays européens étaient concernés: la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Début 2020, le programme SkillsBuild débarque donc en Belgique, par le biais de l’accord passé avec BeCode et avec Be.Face.

Quel apport pour les apprenants BeCode?

L’accord passé avec IBM pour bénéficier des ressources de sa plate-forme SkillsBuild renforce bien entendu la panoplie d’outils qu’exploite BeCode pour ses formations en développements (Web et applis). Les préparatifs sont actuellement en cours pour en faire bénéficier les apprenants – le déploiement est prévu au cours de ces prochaines semaines.

Voici ce qu’en dit Karen Boers, CEO de BeCode: “Nous sommes en train de définir des « parcours d’apprentissage » pertinents pour aider les apprenants à naviguer dans le riche contenu qui sera mis à leur disposition. Des contenus qui seront embarqués, classe par classe, sur la plate-forme.

Nous sommes en train d’identifier avec IBM le contenu d’apprentissage le plus pertinent, complémentaire à celui de leur programme de formation existant, c’est-à-dire un contenu qui soit axé sur les compétences non techniques (« soft skills ») et le développement Web.”

Ce à quoi Alexandre Plennevaux, responsable de la stratégie pédagogique chez BeCode, ajoute: “Avant de commencer à intégrer les classes BeCode, nous utiliserons d’abord la plate-forme pour offrir des possibilités d’apprentissage supplémentaires aux candidats qui n’ont pas encore atteint le niveau technique requis – notamment pour nos programmes avancés dédiés à l’intelligence artificielle et à la cybersécurité et ce, afin qu’ils puissent travailler sur ces domaines de manière guidée et postuler à nouveau.”

En quoi, justement, la plate-forme d’IBM constitue-t-elle un apport et quels avantages nouveaux BeCode en espère-t-il? “Nous sommes convaincus que la plate-forme constituera une source supplémentaire – très riche et fiable – de contenus d’apprentissage et d’inspiration pour les juniors [appellation que BeCode donne aux apprenants]”, affirme Karen Boers.

“L’apprentissage le plus important que nous pouvons leur donner est la possibilité de continuer à apprendre et de leur procurer un accès aux bibliothèques et à la plate-forme appropriées pour leur permettre d’apprendre tout au long de leur vie. Grâce à cette collaboration, ils pourront bénéficier de leur formation BeCode bien au-delà de leur séjour chez nous.”

Du classique et du moderne

Comme on l’a vu plus haut, la plate-forme SkillsBuild comporte une série d’outils – à commencer par l’évaluation de compétences pré-existantes.

Le référentiel européen DigComp répertorie et détaille 21 compétences-clé en matière de numérique.

Divers outils ou ressources sont disponibles non seulement pour se plonger dans la pratique de certaines compétences techniques (telles que la programmation) mais aussi pour développer ou peaufiner une série de soft skills que le monde numérique actuel (et futur) exige de plus en plus: sens de la communication, du travail en équipe, analyse et résolution de problèmes par application de la logique ou d’autres schémas cognitifs, … L’apprentissage d’autres compétences, plus “traditionnelles”, figure également au catalogue, tel que l’art de concocter un curriculum vitae.

Trois parcours d’acquisition de compétences, visant parfois des métiers spécifiques, sont pour l’instant proposés: “socle numérique”, développeur Web et agent de service clientèle.

Un volet est par ailleurs dédié à l’“apprentissage par expérience”, qui amène l’apprenant à participer à un projet bien réel, de quoi se familiariser à la gestion de projet, à l’utilisation de méthodes de “réflexion conceptuelle” (“design thinking”), aux préceptes de la collaboration…