Le programme d’actions Digital Wallonia 4 AI prend forme

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Par · 11/09/2019

Rappelez-vous: suite à l’initiative prise par un petit peloton d’entreprises wallonnes de mettre sur les rails un écosystème orienté AI en Wallonie – nom de baptême: Réseau IA -, le gouvernement wallon, en avril dernier, avait dégainé un “pré-plan”, assorti d’un premier budget, destiné à mettre en oeuvre une politique pro-intelligence artificielle.

Digital Wallonia 4 AI a été imaginé en quatre axes d’actions (voir encadré ci-dessous). Aujourd’hui, les premières actions concrètes commencent à prendre forme.

Agoria sera plus particulièrement chargé d’orchestrer et de piloter les axes Entreprises et Partenariats. L’AdN aura la main sur les axes Sensibilisation et Formation. Le tout, en étroite collaboration avec le Réseau IA et en faisant relais vers les “échelons” belge (AI 4 Belgium) et européen.

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l’entretien de cet été avec Nathanaël Ackerman, chargé de piloter le programme fédéral AI 4 Belgium

Répartir les rôles

“Il était important de se structurer et de se doter d’un cadre pouvant donner plus d’ampleur et de cohérence aux idées et intentions de la première heure [lisez: celles formulées par le Réseau IA], quand tout fonctionnait encore très individuellement”, souligne Christophe Montoisy, directeur commercial chez Thelis et l’un des initiateurs du Réseau IA.

Désormais, les 4 axes d’actions seront coordonnés par Julie De Bergeyck, consultante figurant sur le payroll d’Agoria et active donc au sein de cette fédération mais par ailleurs nommée directrice du programme DigitalWallonia4.ai.

Comme indiqué plus haut, elle sera plus particulièrement chargée d’implémenter les axes Entreprises et Partenariats (Réseaux) tandis que Philippe Compère, à l’AdN, interviendra en support pour les activités de formation (“Compétences”) et de sensibilisation (“Société digitale”).

 

Le Réseau IA, pour sa part, conserve son rôle de relais du et sur le “terrain”. “Notre action se fera dans les deux sens. Elle consistera notamment à faire remonter les demandes, attentes et lignes directrices formulées par les acteurs de terrain afin qu’elles soient intégrées à la stratégie”, explique Christophe Montoisy. L’identification et l’encouragement de projets et de cas d’usage ainsi qu’un travail d’émulation entre entreprises figurent aussi au rang de ses responsabilités.

“Le Réseau IA garde plus que jamais tout son sens dans la mesure où il est essentiel d’assurer une véritable représentativité des acteurs, des gens de terrain. Notre comité de pilotage restera donc très représentatif des entreprises, des universités, des centres de compétences.

Nous serons aussi le relais et feront office de voix wallonne au sein des comités de pilotage de DigitalWallonia4ai et de AI 4 Belgium.”

Il tient ainsi à souligner que ce qui se met en place ne peut et ne doit pas être une sorte d’usine à gaz ou de tuyauterie superfétatoire. Mais qu’au contraire “l’état d’esprit est positif entre tous les acteurs et tous les niveaux de pouvoirs. Il n’est aucunement question d’une quelconque guerre de clochers…”

Amorcer l’intérêt et – si possible – les projets

Les premières actions et activités concrètes devraient se matérialiser dans l’axe Entreprises.

Dès la fin septembre, une action “Start IA” devrait voir le jour. Objectif: accompagner 25 entreprises (de tous calibres) afin d’identifier avec elles des opportunités IA pour leurs activités, “quel que soit le type d’application IA envisagé”. Cet “accompagnement” prendra la forme de “deux à quatre jours” de coaching et de conseils personnalisés prodigués par un “expert IA”. Les conseils se concentreront en priorité sur la stratégie et le design thinking.

Un “appel à compétences” sera lancé dès cette mi-septembre afin de constituer ce “pool d’experts IA”. Avec l’espoir de l’avoir constitué, du moins en partie, d’ici la mi-octobre afin de pouvoir lancer l’appel à candidature pour les entreprises, grandes ou petites, qui seraient intéressées à bénéficier d’un tel “accompagnement”.

Pour entrer en ligne de compte, les entreprises doivent avoir déjà une idée précise de projet ou d’implémentation IA, avoir quelques notions concrètes. “On n’est pas dans la découverte ou l’exploration de ce que l’IA peut impliquer. Pour cette étape, d’autres actions et activités sont prévues dans l’axe Formation ou Sensibilisation”, indique Julie De Bergeyck.

Le premier lot de “5 à 10 entreprises” pourrait être constitué d’ici la mi-novembre.

Par la suite (selon un agenda qui n’a pas été précisé – début ou mi-2020?), une action “Tremplin IA” verra le jour. Il s’agira en l’occurrence d’initier de premiers projets en mode proof of concept (POC), afin de déterminer la faisabilité de divers scénarios (si possible réplicables et poussant d’autres sociétés à se lancer à l’eau).

Formations et sensibilisation

Début octobre, Agoria dévoilera un premier MOOC (massive open online course) dédié à l’IA à l’usage des entreprises. Il comportera notamment une série de vidéos présentant des projets, cas d’usage et réalisations d’entreprises belges – essentiellement flamandes dans un premier temps mais avec néanmoins déjà quelques témoignages francophones.

Le MOOC première version est quasiment bouclé. Il était à l’origine destiné aux seuls membres d’Agoria mais la fédération a revu le principe de licence afin de pouvoir l’ouvrir à tous.

Le but est d’en faire évoluer – et enrichir – le contenu au fil du temps. Avec insertion des témoignages et exemples francophones à mesure que les POC et cas d’usage, notamment, prendront forme.

Au-delà de ce MOOC, un programme (ou agenda) de formations sera élaboré en 2020. Sa forme et son contenu demeurent pour l’instant un rien nébuleux dans la mesure où l’on en est encore au stade fort préliminaire de l’état des lieux.

Etat des lieux des ressources (cours, compétences, contenus) existantes. Etat des lieux des besoins et attentes (des entreprises, organismes publics, professionnels, citoyens…).

C’est à cela que doivent servir, d’une part, la “cartographie” que réalise l’AdN, et, d’autre part, l’appel à manifestation de compétences (experts en IA).

Une fois que tout cela aura été répertorié, on pourra mieux déterminer le type de formations ou d’apprentissage que l’on pourra organiser. Soit sur base de programmes existant au niveau des Hautes Ecoles, universités et/ou centres de compétences, soit en devant mettre sur pied de nouveaux programmes et contenus. Et, “précise” Philippe Compère, “à structurer dans le cadre de la future stratégie” [a priori, l’intelligence artificielle figure bel et bien parmi les outils et leviers à mettre en oeuvre par le nouveau gouvernement mais selon un scénario que le futur ministre du numérique devra préciser]. 

A priori, les moyens budgétaires n’étant pas illimités, “la priorité devrait être donnée à des formations pour dirigeants, cadres et business managers. Dans un premier temps, l’accent sera moins mis sur des formations techniques. Mais on devrait y voir plus clair d’ici un mois”, estime Julie De Bergeyck. 

De même, en termes de “sensibilisation” du grand public, il se pourrait que l’on s’oriente vers des actions qui se concentrent sur “certaines tranches de la population”. A confirmer – et préciser.

En termes de sensibilisation et d’informations (par le biais de conférences, d’exposés…), le but est toutefois de faire appel au plus large panel de compétences possible. Voilà pourquoi Christophe Montoisy, par exemple, souligne que des contacts étroits sont noués avec des acteurs non wallons: “le pool de formateurs de DigitYser [à Bruxelles], par exemple, est très intéressant. Et le but est également de brasser les réservoirs de conférenciers et d’orateurs…” 

A noter que le “premier étage” des ressources de sensibilisation-pour-tous ne sera autre que la section AI en cours de constitution sur le portail Digital Wallonia. Pour l’instant, le contenu est encore limité mais devrait s’enrichir d’ici quelques semaines.

La “bonne parole IA” sera également portée vers la cible au travers d’événements et de conférences, organisés par des tiers ou par l’AdN. Cette semaine, par exemple, l’Ecole d’Administration Publique a eu droit à une présentation de la stratégie DigitalWallonia4ai – “logique”, souligne Philippe Compère, “dans la mesure où les pouvoirs publics sont parmi les premiers concernés et doivent prendre conscience des potentiels de l’IA”.

Toujours cette semaine, jeudi plus précisément, l’UMons accueille également des représentants des programmes AI wallon et fédéral, à l’occasion de son événement AI @ UMons qui présentera notamment les travaux de recherche orientés IA effectués à l’université ou encore son certificat universitaire en IA.