Digital BW: l’accélérateur brabançon dévoile ses batteries

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Par · 23/03/2017

Troisième “accélérateur” public de start-ups numériques à dévoiler ses plans – après LeanSquare à Liège et Digital Attraxion dans le Hainaut -, le Digital BW (BW comme Brabant Wallon) répond à la demande faite par les autorités wallonnes aux différentes invests de mettre en oeuvre une structure propre à “faciliter l’émergence de start-ups [à vocation ou orientation numérique ou “nouvelle économie”] en les accompagnant vers une première levée de fonds, via des aides financières et du coaching adaptés à chaque étape de leur cycle de vie” – ou en tout cas de leur cycle de croissance.

Au travers de ses activités et de leur “philosophie”, l’accélérateur brabançon ressemblera fortement à son grand frère liégeois (lire ci-après le rôle joué par LeanSquare) et s’appuiera sur les concepts mis au point par Creative Wallonia Engine.

Toutefois, le type de projets qui seront accompagnés et “maturés” auront sans doute une petite touche d’originalité, en raison du lien étroit existant entre les deux centres d’entreprise et d’innovation co-fondateurs (CEI Louvain-la-Neuve et CapInnove) et les universités (UCL et ULB). “La typologie des projets sera influencée par les programmes d’incubation pour étudiants et le phénomène des spin-off universitaires”, estime Jean-Marc Simoens, CEO du CEI Louvain-la-Neuve. Les projets auront donc sans doute un taux d’innovation purement technologique et une dimension davantage propriété intellectuelle que dans d’autres régions. A vérifier avec le temps, bien entendu.

Demandez le programme…

Digital BW est une structure virtuelle en ce sens que ses diverses composantes sont des organismes et des acteurs déjà existants qui mettront des ressources (humaines et opérationnelles) à disposition – voir plus de détails en fin d’article. Les opérateurs insistent sur le côté “pas-un-nouveau-machin” et “agrégateur d’initiatives déjà existantes”.

Précaution oratoire qui est devenue habituelle pour expliquer la création de ces nouveaux accélérateurs et surtout pour ne pas donner l’impression que l’on complique le paysage alors que le but est justement de rendre l’“écosystème” plus cohérent et de boucher des trous dans la “chaîne de valeur” (excusez l’accumulation de termes stéréotypés…).

Mais le fait est que la volonté est d’apporter aux jeunes pousses les ingrédients et nutriments qui manquent encore à leur croissance pour passer du stade de chérubins à celui de sociétés adolescentes en mesure d’assurer leur pérennité.

Cela implique un cheminement en plusieurs phases et, donc, plusieurs types d’aides. Voilà pourquoi Digital BW a prévu un programme d’actions correspondant à 3 phases de progression: pré-amorçage et début d’accélération ; post-accélération et financement d’amorçage ; scale-up et premier tour de financement.

Ben Piquard (LeanSquare, Digital BW): “Le cycle de vie d’une start-up se déroule en plusieurs temps pendant lesquels il faut successivement inspirer, aider et financer.”

La première phase s’appuiera elle-même sur 4 types d’accompagnement.

  • Une première session de sélection des start-ups éligibles, qui devront déjà faire preuve d’une traction client et mettre, au minimum, un proof-of-concept sur la table. Cette sélection s’effectuera via les “One Hour Challenges” imaginés par LeanSquare: un passage sur le grill, pendant une heure, au cours duquel le jury de sélection évalue “le projet lui-même, l’équipe, le degré d’innovation, la faisabilité économique de l’idée”, énumère Jean-Marc Simoens, CEO du CEEI néolouvaniste.
  • Un programme d’accélération intensif de 6 semaines, désormais baptisé StartUp Camp, héritier direct des Nest Up, organisé conjointement par Digital BW, l’AEI et Creative Wallonia Engine.
  • La possibilité de bénéficier, au fil de l’eau, d’un coaching personnalisé, orienté numérique, et de participer (cette fois collectivement) à des ateliers numériques.

Le premier Start Up Camp brabançon, qui accueillera 8 projets, se déroulera du 8 mai au 16 juin. L’appel à candidatures se clôture le 17 avril.

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A noter que des StartUp Camps similaires se dérouleront simultanément dans les autres régions – Hainaut, Liège, Luxembourg, Namur. Plus d’informations et inscriptions via ce site.

Financement phasé

Tout comme l’accompagnement, le type de financement que peuvent espérer décrocher les start-ups est lui aussi différencié en fonction de leur stade de maturation.

La deuxième phase de leur évolution – dite de “post-accélération et amorçage” – leur permettra de bénéficier d’un accompagnement à la fois plus ponctuel et plus spécifique et, surtout, leur ouvrira les portes d’un financement d’amorçage (“seed funding”). LeanSquare interviendra tout d’abord pour aider la jeune pousse à préparer un dossier de demande d’investissement qui tienne la route (c’est le programme baptisé “Ready To Be Invested”) et, ensuite, pour octroyer un prêt convertible de 25.000 euros.

Troisième phase: scale-up et premier (vrai) tour de table. Ce financement viendra du fonds public W.IN.G et/ou de NivelInvest, chacun de ces deux acteurs pouvant intervenir seul ou de manière concertée. Montant injectable: de 50.000 à 250.000 euros.

Jouant les chaînons manquants entre l’incubation d’une start-up et sa mise réelle sur orbite commerciale, l’accélérateur est, aux yeux de Ben Piquard, une sorte d’agent d’assurance et d’absorbeur de mauvaises surprises. Notamment au travers de l’octroi de fonds. “Un prêt d’amorçage permet en quelque sorte de valider la partition qu’on s’apprête à composer. Il permet de procurer un instrument financier pour la tester.

Au lieu d’en passer d’office par une injection de 200.000 euros, la start-up aura par exemple droit à 20.000 euros, assez pour tester l’éventuel talon d’Achille du projet. Si le concept résiste, ce sera l’opportunité de pousser plus loin. Mais on aura évité de voir 200.000 euros s’envoler. C’est une sorte de stress test. C’est quelque chose de nouveau dans l’éventail des instruments disponibles…”

Les mérites espérés

Comment Ben Piquard, directeur de LeanSquare, qui a ainsi réussi à “franchiser” sa formule liégeoise, voit-il les finalités et la raison d’être de l’accélérateur Digital BW? “L’accompagnement des start-ups a sensiblement évolué ces dernières années, devenant plus mature. Les StartUp Weekends se sont multipliés, de même que les écosystèmes. Il s’agit désormais notamment “localiser” l’entrepreneuriat en s’appuyant sur les écosystèmes locaux, qui ont chacun leurs qualités spécifiques.”

Brabant wallon: terre de start-ups “nouvelle économie”? En tout cas, source de 33% des dossiers introduits à ce jour auprès du Fonds W.IN.G…

Pour Pierre de Waha, investment manager chez NivelInvest, Digital BW représente la possibilité pour une invest de réintégrer le processus d’aide à la start-up à un stade beaucoup plus précoce: “Hier, les start-ups qui recherchaient du seed capital s’en allaient le chercher du côté des business angels et nous perdions leurs traces. Digital BW permet de mieux structurer la chaîne de financement, commençant à 10.000 euros pour monter à 2,5 millions, et ainsi de permettre à une invest de mieux suivre l’évolution et de mieux accompagner une start-up à haut potentiel.”

Qu’en pensent les start-ups locales? Pour Aurélien Troonbeeckx, co-fondateur de MotionTribe, une start-up qui propose une plate-forme de location collaborative de matériel audiovisuel pour professionnels, “Digital BW est un réseau de proximité permettant de développer des relations à long terme avec des partenaires proches, aux compétences variées.”

Pierre de Waha, investment manager chez NivelInvest: “Hier, les start-ups qui recherchaient du seed capital s’en allaient le chercher du côté des business angels et nous perdions leurs traces.”

Même écho du côté de Sébastien Breyne, co-fondateur d’ElderLinked, une plate-forme permettant de mieux assurer le maintien à domicile de personnes âgées ou souffrant de troubles neurologiques, qui y voit l’occasion de tisser des liens avec de nombreux acteurs de l’écosystème. Et, dans son cas particulier, de trouver des relais pour la phase de validation de son concept.

Enfin, Alec Wittmeur, co-fondateur de SmartDriving, qui développe une application et un service de coaching personnalisé de conduite automobile, espère trouver au sein de l’accélérateur les conseils nécessaires en matière numérique qui seront essentiels pour valider et concrétiser le concept.

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Les partenaires

Digital BW, c’est la collaboration, sous forme d’asbl, de divers acteurs locaux de l’accompagnement et encadrement de start-ups – acteurs brabançons de souche ou métastasés (dans le cas de LeanSquare).

Les 4 partenaires fondateurs sont: NivelInvest (via sa filiale Start Up), les deux CEEI brabançons (le CEI de Louvain-la-Neuve et CapInnove de Nivelles) et LeanSquare.

Sont venus s’y ajouter: l’intercommunale du Brabant wallon, le Forum Mind & Market, la Chambre de Commerce du Brabant wallon, la SRIW (convention passée avec le Fonds W.IN.G pour des co-investissements éventuels) ou encore l’Awex qui sera présente en tant qu’observateur afin de “mieux repérer les start-ups prêtes à l’internationalisation, les aiguiller vers tel ou tel marché…” (relire notre article à ce propos).

Financement de l’accélérateur: une subvention du gouvernement wallon (300.000 euros via l’AEI) pour la première année. Pour la suite, il faudra trouver d’autres sources. Philippe Rémy, administrateur délégué de NivelInvest, évoque les chèques coaching [récemment mis en piste par la Région]. Mais peut-être y aura-t-il recapitalisation, éventuellement via arrimage d’autres acteurs. Même si, officiellement, cette piste n’est pas évoquée.

Digital BW en quelques chiffres

– échelle des financements possibles: de 25.000 à 2,5 millions d’euros

– réservoir de 55 coachs, dont 15 spécialisés en numérique

– 20 projets à encadrer par an

– 2 StartUp Camps par an, avec 8 projets par session.

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