Awex: introduire l’international dans les gènes, dès la naissance

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Par · 01/02/2017

L’Awex, l’année dernière, avait fait une exception par rapport à ses pratiques habituelles en mettant une bonne partie de ses activités à l’exportation sous le signe du numérique. Habituellement, c’est un pays qui est mis en exergue. En 2016, ce fut le “numérique”. Avec pas moins de 26 missions et actions. Relire l’article que nous y avions consacré.

Plusieurs raisons avaient justifié cette petite entorse à la tradition. Tout d’abord, le fait que la Wallonie se dotait d’un Plan du Numérique, ce qui valait bien qu’on attache une attention toute spéciale au volet internationalisation des acteurs. Le fait aussi que le numérique est désormais reconnu comme “coeur de la croissance et coeur de compétences, avec une croissance économique deux fois supérieure à celle qu’enregistrent les économies dans les pays développés”, rappelle Pascale Delcominette, administratrice générale de l’AWEX. “Par ailleurs, le soutien au développement du numérique à l’international est primordial pour la croissance des start-ups.”

Quel bilan en tirer?

Côté chiffres: 160 sociétés participantes (dont environ 30% qui n’avaient jamais participé auparavant à des missions Awex) ; 15 pays visités, tant en Europe qu’hors Europe.

La forme ? Participation à des foires et salons (Mobile World Congress, NAB Show de la National Association of Broadcasters, Game Developers Conference, China Hi-Tech Fair…) et missions économiques et/ou thématiques (notamment sur le thème des smart cities).

Pascale Delcominette: “Seulement 42% des entreprises du secteur numérique sont actives à l’international mais, en moyenne, cette exportation ne représente que 32% de leur chiffre d’affaires et encore n’est-ce le cas que du côté des grandes entreprises.”

Côté impact pour les acteurs wallons du numérique (start-ups comprises), l’AWEX n’a pas les moyens de réellement le mesurer, les sociétés concernées ne faisant pas forcément rapport de l’effet qu’elles constatent elles-mêmes – à courte ou plus longue échéance.

La seule mesure concrète est celle de la satisfaction des participants. “Environ 80% se sont dits satisfaits des mesures mises en oeuvre, des thématiques sélectionnées. C’est la preuve que nous avons répondu aux besoins et à la demande”, estime Pascale Delcominette.

Actions renouvelées en 2017

En 2017, 20 activités à l’international (participation à des salons et conférences, missions économiques) seront placées sous le signe du numérique. Vous pouvez découvrir le programme des actions “secteur numérique” de l’Awex via ce lien.

Le thème du numérique est d’ailleurs pérennisé dans la mesure où il a été inclus dans le contrat de gestion de l’Awex pour la période 2017-2021.

Mais l’Awex veut aussi rendre son action plus efficace. Pour ce faire, des collaborations plus étroites seront entamées avec les clusters Infopole Cluster TIC et TWIST ainsi qu’avec les accélérateurs de start-ups.

Pour mieux aider les sociétés cherchant à développer leurs activités à l’international, des “pôles” Digital Wallonia, animés par les attachés économiques et commerciaux, entreront dans la danse dès cette année.

[Ndlr: l’intitulé officiel de ces “pôles” n’est pas encore très clair – des appellations diverses sont utilisées: hub, accélérateur, hot spot… Pour éviter toute confusion avec d’autres actions pro-numériques, il serait d’ailleurs utile de clarifier… Petite proposition: pourquoi ne pas choisir un terme du genre “factorerie numérique” ou “comptoir numérique”, par allusion à une terminologie utilisée jadis pour le commerce international ? “Factorerie” collant bien avec le terme anglo-saxon de “factory” souvent utilisé dans l’écosystème start-up…] 

Premières destinations

Les deux premiers points de chute à avoir été choisis sont ceux de San Francisco (Silicon Valley) et Barcelone (région très active dans les domaines du numérique mobile et des smart cities). A terme, 10 destinations-clé devraient être choisies. En ce compris en Extrême-Orient.

Les choix des futures destinations n’ont pas encore été faits. Les critères devant présider à la sélection des destinations, eux aussi, doivent encore être définis. Ils le seront pour partie sur base des enseignements tirés des deux premiers “pôles”, en fonction de l’opportunité que représentent des sous-secteurs numériques et thématiques et avec l’aide du rôle de veille de l’Observatoire des Tendances.

Du côté de San Francisco, les choses sont quelque peu plus avancées dans la mesure où des relations de collaboration ont déjà été tissées avec l’accélérateur californien Run-Way avec lequel un protocole d’accord a été signé l’été dernier. Basé à San Francisco, Run-Way héberge et accompagne quelque 80 start-ups actives dans les domaines des fintech, de la santé/e-santé, de la réalité virtuelle…

Il pourra donc potentiellement servir de point de chute, de relais, de vivier pour des échanges entre start-ups californiennes et wallonnes, de lieu de découverte des contraintes et opportunités locales (dans les deux sens)…

Facilitateurs et veilleurs

Rôle de ces postes avancés? “Apporter une aide pointue aux start-ups dans leur conquête de nouveaux marchés et la conclusion de partenariats, connecter l’écosystème wallon et l’écosystème local, faciliter l’accès aux grands événements locaux, proposer un service de veille et de relais vers de nouvelles sources de financement”, énumère Pascale Delcominette.

Pour ce dernier point (recherche de financement), l’exercice se fera en collaboration avec le fonds W.IN.G.

A rebours, ces sites serviront de vitrines pour “une meilleure visibilité de la stratégie numérique wallonne.”

C’est à tout cela que devront donc veiller les attachés commerciaux de l’Awex.

Ils ont été ou seront formés plus spécifiquement aux enjeux des acteurs du numérique et ce, avec l’aide des clusters Infopole et TWIST. A noter que, du côté de ces deux pôles (qui sont en passe de fusionner), on attend encore des explications et éclaircissements sur la manière dont ils seront réellement mis à contribution.

Rôle des attachés commerciaux: assister et faciliter les démarches des start-ups que ce soit par le biais de missions, de visites ciblées, de mise en relation…

L’exercice d’écolage se fera à la fois en continu, sur le terrain, via un travail de veille personnel et à l’occasion de leurs retours en Belgique (Journée diplomatique…). “A cette occasion, ils auront droit à une formation poussée assurée par l’AdN et le cluster Infopole. D’autres aides leur seront proposées en fonction de certains sous-secteurs ou marchés spécifiques. Mais”, ajoute Pascale Delcominette, “ils ne partent pas de zéro. Nos attachés à San Francisco, par exemple, ont une connaissance du numérique, justifiée par la proximité de la Silicon Valley. Ailleurs on peut par exemple souligner que tous nos attachés chinois ont une orientation hi-tech qui s’est professionnalisée au fil des ans.”

Repérage en amont

Autre nouveauté cette année, toujours dans une volonté de plus grande efficacité et pour “provoquer le déclic à l’international”: l’Awex se fera plus présente au coeur de l’écosystème qui couve et accompagne les start-ups numériques.

“Nous serons désormais associés aux accélérateurs de start-ups – LeanSquare, Digital Attraxion  et les autres qui sont en train de se mettre en place notamment dans le Brabant wallon – afin de détecter très tôt les start-ups en émergence.

Nous développons ainsi un principe de proximité, les observateurs venant de nos centres régionaux. Ils pourront repérer ce qui se passe au sein de ces programmes d’accélération et d’accompagnement et déterminer, en collaboration avec les spécialistes de ces accélérateurs, les start-ups prêtes à l’internationalisation, les aiguiller vers tel ou tel marché…”

Pour être plus efficace et “provoquer le déclic à l’international”, l’AWEX se fera plus présente au coeur de l’écosystème qui couve et accompagne les start-ups numériques.

Les centres régionaux serviront donc de première ligne de contact. “Nous voulons être présents au plus proche des projets, veiller à ce que l’ensemble du réseau d’animation économique se parle.

Les représentants de nos centres régionaux seront chargés de réaliser des analyses et diagnostics, d’identifier les marchés les plus propices, les potentiels existants. A cet égard, pour les y aider, ils assisteront aux business days des attachés afin d’avoir une vision globale.”

Pascale Delcominette (Awex): “Nous aurons désormais des observateurs au sein des accélérateurs de start-ups afin de détecter très tôt les start-ups en émergence.”

L’aide ou l’assistance qu’apportera à l’avenir l’Awex à des start-ups numériques se focalisera par ailleurs sur différents éléments critiques. On peut citer, assez naturellement, l’identification et la recherche de sources de financement à l’étranger mais aussi, de manière plus prosaïque, l’“art du pitch”.

Souvent, en effet, on déplore encore une certaine candeur dans la manière dont les porteurs de projets et d’idées les présentent à des interlocuteurs qui en ont vu d’autres (des tonnes d’autres) et qui ne se laissent pas aisément séduire ou convaincre.

“En 2017, nous développerons un soutien au pitch, notamment en déclinant cet exercice selon les approches spécifiques que nécessitent les différents marchés-cible. On ne se présente pas aux Etats-Unis comme on le fait en Chine, par exemple…”

Idem pour ce qui est des arguments à utiliser selon que l’on vise le secteur de la santé, du pharma, du numérique pur et dur… Résultat: avant chaque salon ou conférence thématique auquel une délégation Awex participera, les start-ups auront droit, selon le thème, à un écolage ciblé, organisé en collaboration avec des acteurs tels que l’AdN ou les Pôles de compétitivité (BioWin et consorts).