Wallonia Data Center: nouvelle pièce dans le puzzle WIN/Tecteo

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Par · 09/10/2013

Depuis quelques mois, WIN (groupe Tecteo) est devenu l’actionnaire majoritaire du WDC.  L’occasion pour le groupe et pour WIN de compléter leur catalogue. L’adjonction d’un infocentre qu’elle possède en propre permet en effet à la société de se positionner comme prestataire “one-stop-shopping”, combinant les casquettes d’opérateur télécom, d’intégrateur et d’opérateur d’infocentre. De quoi “garantir aux clients un service- et un niveau de service- cohérent, de bout en bout, qui emprunte notre infrastructure depuis le site du client jusqu’à celui où se trouvent ses données”.

“De par notre activité d’opérateur”, ajoute Paul Decloux, porte-parole de WIN, “nous pouvons interconnecter le WDC avec n’importe quel datacenter, à la demande.” Parmi les autres sites déjà connectés, citons ceux de NRB, Interxion et Telecom Luxembourg.

Destination cloud

En adjoignant le WDC à son patrimoine, WIN se dote en outre d’un instrument propre pour supporter un portefeuille de services qui n’est pas encore complet mais qui s’étoffe petit à petit. Destination: le “cloud”.

Les services proposés à partir du datacenter incluent en effet trois types de prestations, dans des proportions certes encore très variables:

  • historiquement, le WDC est surtout un centre de housing (colocation), activité encore largement majoritaire (environ 85%)
  • viennent ensuite les services gérés
  • de l’hébergement à plus forte valeur ajoutée est en démarrage, par exemple au travers de solutions de “dedicated cloud” où le client réserve une capacité pour un temps déterminé (seuls 10 m² sont dédiés, actuellement, à cette activité).

L’offre inclut ainsi des services tels que:

  • stockage et/ou sauvegarde de données
  • solution de gestion de courriel, de téléphonie, d’accès WiFi, de gestion de sécurité (pare-feu…) dans le cloud
  • gestion de parcs d’équipements mobiles
  • services DRP (disaster recovery) en ce compris la mise à disposition de postes de travail et d’éléments d’infrastructure ne cas de désastre (panne généralisée, incendie ou… grève) sur le site du client.

Destinataires: les entreprises moyennes (20 utilisateurs ou plus) ou grandes et le secteur public, depuis le niveau des administrations locales (villes communes, CPAS) jusqu’au national (avec de premiers clients tels l’ONP-Office National des Pensions), en passant par le régional (SPW…)

Les clients

La surface “exploitable” proposée par le WDC est de 1.000 m², dont 500m² sont aujourd’hui utilisés. En plus, le WDC a une capacité d’extension de 2.000 m² sur un terrain voisin (la configuration pourrait en fait se faire selon une disposition en deux étages, pour une occupation au sol de 1.000 m²).

Le WDC accueille actuellement “une centaine de clients”, parmi lesquels des administrations publiques régionales, des entreprises, des sociétés de jeux en ligne…

“Nous hébergeons environ 50% de clients ”privés” et le même pourcentage de clients institutionnels. Un équilibre que nous tendons à préserver”, déclare Paul Decloux. Dans l’état actuel des choses, l’équilibre est presque parfait également selon qu’il s’agisse de clients WDC ou de clients de WIN: 47 dans le premier cas; 45 dans le second.

Les clients de services d’hébergement et de cloud sont essentiellement de grandes entreprises ou le secteur public. “Encore peu de villes et communes, auprès desquelles le principe du cloud en est encore à ses balbutiements”, indique Dimitri Verscoore, directeur marketing.

Pour l’instant, les services pour lesquels ces quelques premiers pouvoirs locaux font appel aux infrastructures du WDC se situent dans le registre de la sécurité ou de la téléphonie hébergées dans le cloud. “L’espoir, toutefois, est que l’émergence du cloud les incite à devenir clients de services à plus haute valeur ajoutée [en plus des services telco, du genre PubliWin]. Les applications mobiles, la géolocalisation… sont des choses qui intéressent les pouvoirs locaux. L’arrivée des tablettes, par exemple, pourrait les inciter à faire appel à des services de gestion de parcs mobiles…”

Parmi les noms de clients privés qui acceptent d’être cités: NRB [avec qui un accord a été passé pour que chacun puisse servir de site d’hébergement-miroir (back-up) pour les clients de l’autre], Maehdros… et WIN lui-même qui occupe un espace de 30 m² pour ses propres besoins. S’y ajoutent encore l’espace occupé pour desservir ses propres clients (privés ou publics). Le tout totalise environ 30% de la surface utile disponible.

En l’espace d’un an (2012-2013), le nombre de m² occupés a progressé de 56% du côté de l’espace réservé à WIN et de 44% du côté disponible pour les autres clients.

A citer encore un client en fin de contrat: Belgacom, ancien propriétaire de WIN qui avait loué de l’espace au WDC et qui, depuis la reprise par WIN (et donc par Tecteo), a préféré ne plus être associé à un de ses concurrents. Belgacom va donc retirer ses systèmes, libérant environ 30 m².

Belgacom n’aurait pas encore pris de décision par rapport au besoin éventuel de trouver un espace de rechange. Pour l’instant, la société se contente de la déclaration suivante: “Le contrat arrive en effet à terme. Nous devons nous mettre autour de la table pour en parler. Rien n’est décidé aujourd’hui. Il y a en tout cas des alternatives à WDC, comme nos propres datacenters, en ce compris le tout nouvel infocentre que l’on vient d’ouvrir sur Bruxelles (1) ou encore Cofely Services à Gembloux [Parc Créalys, Les Isnes]”.

Arguments différenciateurs

Sa différence, le WDC, devenu propriété de WIN, la définit en termes d’instrument d’un portefeuille multi-facettes: “nous offrons un package connectivité/services/infocentre, une maîtrise technique de toute la chaîne. Le client ne doit pas jouer au ping pong, s’adresser à un interlocuteur différent selon que le souci se situe au niveau du réseau, de l’application, de la gestion…”

Dimitri Verscoore (WIN): “Le client ne doit pas jouer au ping pong, s’adresser à un interlocuteur différent selon que le souci se situe au niveau du réseau, de l’application, de la gestion…”

Le WDC revendique un niveau Tier III. Même si ce centre n’est pas l’un des plus modernes du marché. Depuis 2006 [année où le centre, alors prénommé Phenix, a changé de propriétaire et de nom], l’“outil” a toutefois été modernisé (UPS modulaire, unités de froid, connexions avec divers opérateurs télécoms…).

“WIN [du temps donc où il appartenait encore à Belgacom] est devenu partenaire du WDC dès 2006, opérant comme consultant en gestion, aux niveaux réseaux, connectique Internet, accès 24×7 et disponibilité.”

Tout nouvel investissement, que ce soit en termes de modernisation, d’extension ou de renforcement de la capacité électrique [actuellement 2 à 2,5 mégawatt max. par rack] ne se fera que si des perspectives concrètes se dessinent ou (pour la puissance par rack) si un client l’exige pour un projet spécifique.

“L’aménagement se fait en fonction des leads qui rentrent. Les investissements s’appuient sur les marges dégagées. Cela nous permet de les lisser dans le temps”, souligne Yves Cartenstatd, directeur technique du WDC. Pas de stratégie proactive d’anticipation de la demande, donc. Pas en tout cas dans l’état actuel des choses.

Dans l’immédiat, il n’y a d’ailleurs pas péril en la demeure, assure-t-il, en termes de capacité d’hébergement. Environ 500 m² sur les quelque 1.000 m² exploitables sont encore disponibles.

En cas de besoin, WIN, propriétaire d’un terrain voisin, pourrait décider d’investir dans un deuxième bâtiment de capacité assez similaire. Le permis de bâtir est déjà acquis.

Il y a aussi la perspective, évoquée, de devenir propriétaire d’un autre site, de moins forte capacité et performance, situé à distance, en territoire wallon, qui servirait de site-satellite (pour de la réplication, du backup…). “Le marché en aura sans doute besoin d’ici environ 5 ans.”

Pour le reste, le WDC devrait procéder à quelques modernisations du côté de la sécurité et de la gestion du site. Quelques exemples: simplification des procédures d’accès, centralisation automatique des données de consommations des clients, nouveau portail web sécurisé incluant des modules tels que détail de la facturation, web ticketing, gestion des mandats d’accès…

(1) Belgacom a inauguré son nouvel infocentre le 1er février de cette année à Evere, près de Bruxelles. Superficie: 2.250 m². Cela lui permet de porter la superficie totale de ses différents datacenters à un peu plus de 17.000 m². “L’extension des centres de données de Belgacom s’avérait indispensable afin de répondre à la demande croissante de services de cloud et de centres de données de la part d’entreprises”, déclarait à l’époque l’opérateur. Réservé à ses clients et destiné à héberger des systèmes haute densité, des serveurs lames et des environnements IT virtualisés, le nouveau centre, de catégorie Tier-III+, “pourra supporter une charge IT utile totale de 1.500 kW, avec une charge de support garantie de 5,6 kW par rack”. Retour au texte.