Cofely: spécialiste “co-location”

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Par · 09/10/2013

En 2012, Cofely Services (1) démarrait la construction d’un nouveau datacenter sur les terrains du parc d’activités Crealys (Les Isnes, entre Gembloux et Namur). Un infocentre dont la phase de construction vient de se terminer, avec inauguration officielle ce 1er octobre 2013. Les premiers clients “externes” (non GDF-Suez, non Cofely) pourront venir y héberger leurs systèmes à partir du 1er novembre.

Cet infocentre qui se veut en outre moderne, répondant aux dernières spécifications technologiques (2). Surface exploitable: quelque 1.000 m² sur les 1.550 m² que couvre le bâtiment sont directement exploitables.

Avec un petit mais… Deux des trois salles disponibles (514 m² chacune) sont d’ores et déjà réservées à Electrabel, et ce, pour une durée de 15 ans. Electrabel cherchait de nouveaux espaces pour héberger ses infrastructures IT suite à son désengagement de Sibelga. GDF-Suez, maison-mère de Cofely et d’Electrabel, veille ainsi sur ses rejetons…

Seule la troisième salle sera donc accessible pour des clients extérieurs qui pourront venir y installer leurs propres équipements. Cofely a en effet choisi d’opérer comme prestataire de “housing” (co-location), assurant des services de “gestion technique, facilitaire et énergétique des installations des clients”. Autrement dit, la société intervient pour des prestations de gestion et de maintenance technique, ne voulant pas se muer en réel opérateur de datacenter, avec tout ce que cela comporte comme responsabilités et rôles en termes de gestion de connectivité ou de services IT et d’offre de services gérés.

Co-location “Tier III+”

Cofely propose donc son bâtiment, son infrastructure technique, ses compétences en gestion d’infrastructure, ainsi que des services et des garanties de disponibilité. L’un des éléments-clé est la mise à disposition de connexions haut débit. Pour pallier à une insuffisance de liaisons fibres optiques dans son environnement immédiat, Cofely a investi dans de la fibre noire pour des connexions aux principaux noeuds de communications situés dans un rayon proche.

“Nous avons prévu quatre chemins de fibres. Trois d’entre eux sont déjà implémentés. Les chemins relient notre datacenter vers Bruxelles (LCL et Interxion), Aix-la-Chapelle et Maastricht. Chacun de ces chemins est redondant. Grâce à un concept de connectivité port à port transparente, nous donnons accès à la majorité des opérateurs présents dans le Benelux et en Allemagne”, explique Thibault Meur, directeur Business Development, Datacenter.

Thibault Meur (Cofely): “Nous évaluerons la possibilité de proposer d’autres services à valeur ajoutée si l’IT devient réellement une commodity”.

Au-delà, ce qu’elle met à disposition des clients se limitent à des racks vides. Aux clients d’y insérer leurs systèmes (serveurs, unités de stockage…), dont ils restent propriétaires (et gestionnaires). “Nous évaluerons peut-être la possibilité de proposer des solutions plus en aval de la chaîne de valeur [lisez: mise à disposition et gestion de serveurs] si l’IT devient réellement une commodity”, déclare Thibault Meur.

Cofely proposera également des services d’audit de datacenter, par exemple pour définir des degrés et conditions de SLA (niveaux de services) pour les besoins d’intégrateurs ou de fournisseurs qui veulent proposer ce genre de services. “Nous avons pour ce faire développé des modèles de gestion facilitaire, aptes à supporter l’environnement en amont de l’infrastructure informatique.”

Le nouvel infocentre annonce vouloir proposer un PUE (Power Usage Efficiency) de 1,25. “Le chiffre de 1,25 est l’objectif que nous nous sommes fixés pour l’exploitation de notre infocentre et est défini pour une charge à 90%. Ces chiffres sont plus hauts pour une charge moins élevée. Suivant le type de relation que nous établissons avec notre client, nous sommes en mesure de définir l’évolutivité de ce PUE et nous lier contractuellement quant à des valeurs et à leur évolution. Cofely étant spécialisée dans la fourniture de services dont la demande est fluctuante, le design unique de notre Agility Center permet d’adapter l’infrastructure technique à la demande réelle de nos clients. De cette manière, nous limitons l’impact de l’infrastructure non-utilisée sur le PUE. Chaque cluster possédant sa propre infrastructure technique redondante, le PUE est géré pour chaque surface de 514 m² de manière complètement indépendante des autres clusters. L’impact négatif des utilisations partagées ou de sous-utilisations de surface est par là très limité. La densité est aussi à géométrie variable dans notre Agility Center. Cela permet une meilleure adéquation de l’offre à la demande.”

Clients visés?

Thibault Meur en pointe plusieurs catégories: “Les clients corporate, déjà clients chez nous, qui ont besoin par exemple d’une assistance pour leur migration vers une infrastructure de cloud privé. Les intégrateurs, ensuite, pour les mêmes raisons. Ou encore les fabricants de matériels qui mettent leurs infrastructures à disposition. Et peut-être les prestataires cloud locaux, notamment des éditeurs de solutions SaaS.

Nous voulons nous positionner comme renforçateur du business model orienté cloud que nos clients veulent promouvoir auprès de leurs propres clients. Il s’agit en quelque sorte de jouer le rôle de “poumon économique” qui favorise le développement et l’éclosion d’entreprises locales.”

Le site espère aussi devenir l’alter ego d’autres opérateurs, basés en Flandre ou en Wallonie, afin de fonctionner en mode “dual site”. “Cofely possède aussi deux datacenters aux Pays-Bas (Maastricht et Roermond) qui permettent une approche internationale. Ces deux éléments font de notre Agility Center un partenaire idéal pour plusieurs acteurs sur le marché.”

Les arguments

Cofely espère attirer des clients en faisant valoir son statut de spécialiste en gestion facilitaire et les qualités intrinsèques du data center: taux de disponibilité, efficacité énergétique, flexibilité des services prestés… Le contrat, promet la société, peut être adapté, à la baisse ou à la hausse, en fonction des besoins. Logique.

Cette notion de flexibilité peut s’appliquer “aussi bien aux capacités énergétiques mobilisées, qu’aux espaces physiques requis (variation du nombre de cages système) et à la durée de “housing” (le temps d’une migration système, d’un test-pilote, ou pour un hébergement de plus longue durée).”

Cofely offre par exemple la possibilité de ne réserver qu’un seul rack, pour des puissances allant de 1,5 à 4 kW. Avec facturation “à l’encan”.

Le fait que Cofely ne permette pas à un client de réserver un potentiel plus petit qu’un rack complet semble en tout cas exclure une clientèle de PME. A moins qu’elles ne se coalisent. Mais, pour ce faire, l’opérateur devrait néanmoins proposer une politique tarifaire adaptée à cette cible. Ce qui ne semble pas encore être le cas. Du moins pas en direct. L’hébergement de systèmes pour PME devra donc nécessairement passer par les futurs locataires de l’infocentre: “La granularité reste le rack. Nous n’avons pas de valeur ajoutée à offrir aujourd’hui sur une granularité plus basse. Le marché de la PME est un marché spécifique qui demande des spécialistes qui, nous l’espérons, viendront offrir leurs services depuis notre Agility Center”, confirme Thibault Meur.

Thibault Meur (Cofely): “Le marché de la PME est un marché spécifique qui demande des spécialistes qui, nous l’espérons, viendront offrir leurs services depuis notre Agility Center”.

L’appellation “Agility Center” n’est évidemment pas innocent dans le chef de Cofely. Misant une fois encore sur son profil de prestataire de services utilitaires, la société veut proposer des formulaires modulaires et évolutives, afin de se positionner au mieux dans ce qu’elle considère être l’évolution future du concept de data center. Le temps où l’infocentre était un espace bunkerisé unique, regroupant l’ensemble des infrastructures (éventuellement dupliquées sur un autre site) fera bientôt place à un modèle beaucoup plus complexe. Thibault Meur évoque ainsi la perspective d’infocentres dédoublés, ayant chacun une finalité précise (systèmes de test, de production, espace de restauration après désastre), de sites mutualisant des infrastructures de différents opérateurs (amenant ou non leurs propres connexions en fibre noire), les interconnexions entre multiples infocentres, y compris les infrastructures de clouds publics (IaaS, SaaS…).

Thibault Meur (Cofely): “L’infocentre devient une interface qui permet à une entreprise de se fournir en services qu’elle puise à plusieurs sources.”

“Le secteur se caractérise  par un environnement évolutif. L’infocentre devient une interface qui permet à une entreprise de se fournir en services, en éléments d’infrastructure qu’elle puise à plusieurs sources. Dans ce contexte, l’exploitant d’un infocentre doit en garantir la fiabilité, la résilience, la connectivité, la flexibilité, l’évolutivité (scalability). Il faut s’assurer que tous les prestataires qu’il héberge respectent les niveaux de services proposés… L’hébergeur doit garantir au client final agilité et flexibilité.”

Et par “agilité”, il entend à la fois des potentiels de “continuité opérationnelle, de restauration après désastre, de migration de puissance et d’activités- à la hausse comme à la baisse selon la fluctuation des activités du client, en fonction des conjonctures, des phases de croissance ou de crise.”

Autre aspect de cette nécessaire agilité- qui repose sur un arsenal de logiciels de gestion pilotant l’infocentre: la capacité de l’opérateur d’un infocentre à “suivre l’évolution technologique des fournisseurs d’équipements et de solutions IT- les EMC, IBM, Cisco et consorts. Il doit évoluer à mesure qu’eux-mêmes changent leurs matériels, technologies, protocoles ou achètent d’autres acteurs qui les amènent à faire évoluer leurs propres solutions.”

Extensions possibles

En cas d’arrivée à saturation de l’espace disponible aux Isnes, Cofely lancera la construction d’un deuxième bâtiment, proposant lui aussi trois salles de 514 m², sur un terrain adjacent dont la société est d’ores et déjà propriétaire.

Le site des Isnes aura donc une capacité utile maximale de 3.000 m². A cela pourrait encore venir s’ajouter un deuxième site distant “de 10 à 25 kilomètres” (le choix n’a pas encore été fait), offrant une surface utile de 2.500 m² (5 salles) et qui opérera en mode réplication (avec une puissance électrique un rien inférieure à celui des Isnes).

Cofely compte par ailleurs établir des accords avec d’autres datacenters opérant en Wallonie et en Flandre.


 

(1) Cofely, filiale de GDF Suez Energy Services, est née en France de la fusion en 2009 de la Cofathec (groupe GDF-Gaz de France) et d’Elyo (Suez). Chez nous, son pedigree fait apparaître les noms de Tractebel, d’Axima et de Fabricom.

(2) Disponibilité de 99,982%, de quoi lui octroyer le statut de site Tier III+, alimentation en électricité “verte” (avec notamment panneaux photovoltaïques), système de refroidissement FRAU (Free cooling Autonomous Unit) qui fonctionne sur l’air extérieur si ce dernier est inférieure à 21° C (en cas de température supérieure, un système de mélange d’air entre en action); PUE (Power Usage Efficiency) de 1,25. Retour au texte.