Des start-ups wallonnes s’exposent à Paris

Portrait
Par · 14/06/2016

Initié en 2009 par Cap Digital, Pôle de compétitivité parisien qui a pour fil rouge la transformation numérique (plus de 1.000 sociétés et organismes en sont membres), le “festival numérique” Futur en Seine offre notamment l’occasion à une flopée de start-ups venues des quatre coins de la France de s’exposer quelques jours aux yeux du grand public, de partenaires potentiels voire d’investisseurs séduits. Cette année, pour la première fois, des projets belges y avaient droit de cité.

Cinq start-ups wallonnes (Neovectis, FormyFit, MoodMe, Superbe et Pyxis) ainsi que le centre d’expertise Multitel avaient la particularité de former la seule délégation étrangère pouvant bénéficier de stands – certes minimalistes – dans l’espace “Village des Innovations” du festival numérique Futur en Seine. Il faut y avoir le fruit d’un travail de l’AWEX et de WBI qui, en 2015, avaient noué des relations avec le Pôle de compétitivité parisien Cap Digital, orienté transformation numérique à l’occasion d’une mission smart city qui était notamment passé par Issy-les-Moulineaux.

Dans la foulée, les représentants de l’exportation wallonne avaient analysé, toujours en 2015, l’opportunité d’exploiter la tribune de Futur en Seine pour permettre aux start-ups locales de s’y exposer. Chose concrétisée donc, cette année.

Résultat, les acteurs wallons s’étaient vu réserver une petite enfilade de stands où exposer l’une ou l’autre de leurs réalisations et technologies. Elles avaient également droit à des démos dans l’espace aménagé en plein air à quelques centaines de mettre du Village des Innovations. L’occasion pour Formyfit et Pixis d’attirer les curieux et leur faire expérimenter, l’une, son appli de gestion fitness, l’autre, sa solution de réalité virtuelle qui, via un casque Oculus, permet d’enfiler les gants d’un gardien de but afin de se plier à une petite séance de tirs aux buts, dans un stade transformer en chaudron.

Coach perso pour affûter sa forme

FormyFit (Enghien) est l’auteur d’une application mobile, mi-fitness mi-sport, destinée aux joggeurs. Pour tenter de se démarquer de la masse des applis du même genre, FomyFit, disponible sous iOS et Android, mise sur une analyse des paramètres axée sur la condition physique.

L’utilisateur commence par se constituer un profil en encodant ses informations (poids, âge…). Au fil de ses activités sportives, les paramètres physiologiques captés par le smartphone permettront de lui concocter un plan d’entraînement personnalisé.

L’application et les algorithmes ont été développés en collaboration avec des professionnels du sport et de la santé: une ancienne tri-athlète, un cardiologue et des entraîneurs.

L’appli se fait coach, propose un plan d’entraînement ou de progression, selon les objectifs que veut atteindre chaque utilisateur. Par exemple, se préparer pour une course ou un marathon à une certaine échéance. L’appli lui conseille alors des entraînements progressif, lui conseille d’atteindre tel rythme cardiaque pendant telle durée, moyennant une course à tel ou tel rythme.

Deux versions sont disponibles: remise en forme (prix: 9,99 euros) et plan d’accompagnement et objectifs (prix: 14,99 euros).

FormyFit existe en français, anglais et néerlandais. Elle initiera une levée de fonds via la plate-forme de crowdfunding MyMicroInvest en septembre. L’espoir: récolter 100.000 euros, venant de particuliers mais aussi d’investisseurs professionnels et fonds d’investissement.

La start-up envisage de développer de nouvelles variantes de son appli qui s’adresseront à deux autres catégories de sportifs (ou amateurs): vélo et trail. Avec, plus tard, l’espoir de pouvoir sortir un appli polyvalente permettant d’assurer le suivi de plusieurs sports.

Un tweetwall reformaté comme outil touristique

NeoVectis (Charleroi) est une agence de communication digitale qui a notamment développé le “tweetwall” Wall4U (relire notre article). Jusqu’ici, la société avait essentiellement visé des clients actifs dans le monde de l’événementiel ou du sport, afin de leur proposer cette solution qui mêle interactions via les réseaux sociaux et promotion visuelle.

Aujourd’hui, la société voudrait ajouter une nouvelle cible: celle du tourisme. Pour la circonstance, le grand écran qui est traditionnellement utilisé en guise de “mur social” change de forme et devient totem. Ces bornes de grande taille, intégrant l’écran, peuvent s’installer en divers points d’un espace plus ou moins grand (exposition, musée, parc d’attraction, aéroport, rues d’une ville, artères commerçantes…). L’idée est de proposer aux passants et touristes un nouvel instrument d’interaction. Pour laisser un commentaire, un témoignage de la manière dont ils ont vécu leur passage. Le “totem” devient instrument de “push” (diffusion de vidéos de promotion ou diffusion streaming) et de “pull” (récolte de tweets et messages émis par les touristes). Et ces messages sont rediffusés sur la Toile via les médias sociaux.

Ce nouveau positionnement en est encore à sa phase préparatoire chez Neovectis. Sa première démarche sur le sol français avait été facilité par l’Awex qui lui avait permis de se joindre à la délégation wallonne présente au salon Futur en Seine mais qui l’a également mis en contact avec les organisateurs de ce Festival et avec des sociétés de l’événementiel.

Rien n’est encore conclu ou signé, mais l’idée – par exemple – d’utiliser de telles bornes sociales pour redorer le blason et l’image de Bruxelles-post-attentats à l’étranger est potentiellement porteuse. L’Office belge du Tourisme, à Paris, a par exemple été approché et se penche sur le scénario…

Attention, vous êtes filmé et… reconfiguré

MoodMe (Nivelles) présentait sa technologie de “face tracking” et de création d’“avatars 3D émotionnels parlants”. Un smartphone suffit. Braquer l’objectif vers un visage et une fonction de reconnaissance de visage et d’expressions entre en jeu pour affubler le visage de la “victime” d’accessoires, gadgets, peinturlurages et visuels animés amusants. Le nombre d’expressions faciales qu’identifie le logiciel est encore relativement limité: principales émotions (telles que colère, tristesse, joie), clignement des yeux, ouverture de la bouche, essentiellement. Mais la galerie d’animations associées est en constante augmentation et… renouvellement. Demandez par exemple à une personne d’ouvrir la bouche et des larmes, virtuelles, jailliront de ses yeux. Les grimages en tous genres, par superposition d’accessoires, sont une autre possibilité.

François Hollande n’a pas échappé au “morphing”…

… tomber le masque X-Man,                      Mister President !

 

 

 

 

 

 

 

 

Lors de la Coupe du Monde de foot au Brésil, la société avait dévoilé sa première appli qui permettait simplement d’“habiller” un visage en lui ajoutant des accessoires 2D, statiques. Par exemple, pour le parer des couleurs de son équipe favorite.

Entre-temps, l’appli a évolué pour devenir une solution de morphing 3D animé, avec possibilité d’y superposer du son. Et le modèle business, lui aussi, a évolué. Plutôt que de ferrailler en solo, alors que d’autres éditeurs bien plus puissants sortent eux aussi des solutions d’animation vidéo similaire pour smartphones, MoodMe a choisi de mettre un tool kit (pour environnements iOS et Android) à disposition des développeurs tiers qu’ils puissent intégrer les effets de morphing de MoodMe dans leurs propres solutions.

L’espoir est de décrocher quelques contrats juteux auprès de gros acteurs industriels (ou de leurs agences digitales) qui y verraient une manière ludique de faire la promotion de leur marque ou de leur image. Des contacts ont ainsi été noués récemment avec un gros acteur du pharma (aux Etats-Unis) et avec un parc d’attraction japonais. La start-up belge croise les doigts…

Relire la genèse de cette société et l’arrivée dans son panel de financeurs de Wallimage en 2014.