Wallimage investit dans les émoticones 3D (MoodMe)

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Par · 28/02/2014

Start-up née au Grand-Duché de Luxembourg et ayant entre-temps ouvert une petite antenne dans la Silicon Valley, MoodMe aura bientôt un ancrage wallon.

C’est là en tout cas une condition sine qua non que Wallimage Entreprises mettait à une injection de fonds – sous forme de prêt convertible – à hauteur de 100.000 euros (dans un premier temps). Un investissement qui impose donc de “relocaliser” la propriété intellectuelle et l’équipe R&D chez nous.

Pour ce qui est de la propriété intellectuelle, précisons ici qu’elle n’est pas réellement transférée du Grand-Duché vers la Belgique: cela poserait des problèmes vis-à-vis du pays d’origine qui a octroyé des aides à l’innovation, lors des débuts de la société, et MoodMe tient de toute façon à rester fidèle – et bel et bien actif – au Grand-Duché. “Nous continuons de développer notre R&D au Luxembourg où mon associé Massimiliano Tarquini est résident depuis 2012”, souligne Chandra De Keyser, l’un des fondateurs.

La propriété intellectuelle est donc “mise gracieusement à disposition de la la filiale wallonne, qui va ainsi pouvoir créer de la nouvelle PI qui sera enregistrée à son nom. Les brevets seront belges.”

Pour répondre aux conditions de Wallimage, MoodMe se relocalise donc partiellement en Belgique, à Nivelles. En tout cas ouvre un siège social pour sa nouvelle entité R&D. Première orientation stratégique: le développement d’applis pour le secteur sportif.

L’unité d’exploitation, elle, se cherche encore un lieu où s’implanter. Le choix dépendra de la proximité des talents que cherche la start-up. « Liège? Mons? Louvain-la-Neuve? Près d’une université?”, s’interroge Chandra De Keyser.

Rapatrier de la valeur en Wallonie

Outre la création d’une société en Belgique, l’apport de fonds de Wallimage est conditionné à la concrétisation d’un montage financier via lequel MoodMe attire, en parallèle, 300.000 euros injectés par des investisseurs privés (chose faite depuis cette semaine via la signature avec un groupe informatique italien). Autre condition: une amélioration du produit. Notamment en termes de qualité graphique. L’animation des émotions de l’avatar (voir ci-dessous) doit encore gagner en précision et finesse, notamment au niveau du mouvement des lèvres, du clignement des yeux…

Wallimage se dit en outre prêt à augmenter son investissement, dans un second temps. “Nous sommes conscients que le projet nécessitera sans doute d’autres levées de fonds”, déclare Virginie Nouvelle, responsable des investissements pour Wallimage Entreprises, “mais cela ne pourra se faire que si nous constatons des avancées technologiques tangibles et si la société peut faire état de premiers accords commerciaux potentiellement porteurs.”

Auto-avatar animé

MoodMe est en fait le nouveau nom de la start-up, fondée à l’origine sous le nom de Mach-3D (Mach étant les deux premières syllabes du nom de ses fondateurs Massimiliano Tarquini et Chandra De Keyser). Elle se propose de rendre nos communications et échanges (que ce soit via smartphones ou réseaux sociaux) plus figuratifs en utilisant une photo du visage de l’utilisateur ou de l’interlocuteur qui sera animée en temps réel, le “portrait vivant” adoptant diverses attitudes reflétant ses émotions.

Il est d’ailleurs possible d’utiliser n’importe quelle photo de visage ou de face. Détournez la photo du visage d’une star du rock ou d’un footballeur célèbre (il suffit de l’acheter dans la boutique MoodMe), celui de la Joconde ou la frimousse de votre chat et faites le vivre par des émotions – étonnement, joie, colère… – via l’animation de la bouche, des sourcils, des yeux…

Une petite vidéo, postée sur YouTube, vous en apprendra plus que toutes les descriptions. Ou encore, celle-ci.

La MoodStore permettra d’acheter des messages illustrés et animés à envoyer. Sous forme de simples messages audio/vidéo ou en guise de cadeaux – pour un anniversaire, pour saluer la victoire d’une équipe de foot, en guise de clin d’oeil… La liste est évidemment sans fin.

La boutique virtuelle proposera également des accessoires, dont certains sont sponsorisés (marketing de marque), et grâce auxquels il sera possible d’“habiller” ses avatars. Vous êtes-vous jamais demandé à quoi ressemblerait une Angela Merkel souriante, arborant les couleurs du Bayern? L’effet est étonnant. Voyez plutôt ci-contre…

Côté technologies, la solution s’appuie sur l’efficacité des appareils photo des smartphones. Sur base de la photo prise d’un visage, un moteur de génération d’émotions en 3D (3D Operated Motion 3D-OM) géré dans le cloud, identifie 150 points significatifs pour générer un modèle 3D qui sera animé en choisissant dans un menu d’émotions celles qu’on veut lui donner. Les émotions seront “morphées” sur le visage en respectant ses caractéristiques. La plate-forme 3D-OM est par ailleurs intégrée à Facebook pour des échanges dynamiques via les réseaux sociaux. Le modèle d’achat d’émotions faciales est celui du SaaS.

Actuellement la solution MoodMe est disponible en mode Web et mobile pour systèmes iOS. Une version Android est en préparation.

Au-delà du B2C, MoodMe vise aussi la rentabilisation du concept via des partenariats avec des acteurs commerciaux ou, en tout cas, poursuivant des buts lucratifs. Parmi ses premières cibles: les agences de publicité et de marketing spécialisées dans le numérique (pour des animations interactives concernant des marques) ou encore… les clubs de foot, qui, espère MoodMe, y verront un instrument pour créer une nouvelle dynamique dans leurs fan clubs sur les réseaux sociaux. MoodMe compte se rémunérer notamment en se réservant une commission sur la vente de produits et accessoires virtuels, estampillés à l’image des clubs ou de leurs sponsors.

Autre élément du business model de MoodMe: la mise à disposition de sa plate-forme et d’un SDK à des développeurs. Comme pour les internautes lambda, le modèle est celui du SaaS et de l’achat des “portraits vivants“ mis à disposition dans la galerie MoodMe.