MeusInvest: “impulseur” de start-ups, aussi en B2C

Portrait
Par · 28/05/2014

Voici peu, MeusInvest annonçait la création d’Activ’Up (relire notre article), une “structure d’accompagnement pour start-ups qui en sont au stade du pre-seed (pré-amorçage)” qui opérera comme filiale de Startup Invest, elle-même filiale de Meusinvest.

Avec, ces jours-ci, un changement de patronyme. “Activ’Up” étant un copié-collé presque parfait du nom d’une autre société (de consultance), il a été décidé de rebaptiser la structure en… LeanSquare. Par allusion à la fois aux méthodes “lean” de développement de start-ups et à la place qui, à Liège, accueille les locaux – à l’espace La Chapelle, pour être précis -, à un jet de pierre de chez MeusInvest.

Objectif déclaré: accompagner et structurer des projets porteurs de promesses de création d’emploi et de croissance, dans le secteur high tech mais aussi dans des domaines moins spécialisées, et qui ne trouvent pas aisément du financement auprès de professionnels ou d’instances publiques dans la phase précoce qui est encore la leur.

Ce n’est là que le dernier exemple en date de l’ouverture de la stratégie et du portefeuille des invest au monde des start-ups et spin-off numériques innovantes. Il faut y voir la conséquence de nouvelles dispositions imaginées dans le cadre du Plan Marshall, avec quelques règles de base en termes de conditions d’investissement (voir encadré).

La Région impose un cadre d’intervention aux invests publiques

  • Participation limitée à 50% du capital injecté. Un minimum de 50% doit donc provenir d’investisseurs privés (business angels, fondateur, particuliers, fonds privés…). Cette limite peut toutefois, sous certaines conditions, être portée à 75% (sous forme de prêts).
  • Montant maximal d’intervention: 500.000 euros lors d’un premier tour de table; 1,25 million lors d’un 2ème tour de table.

Pour éviter ce “plafond”, en termes de montant, plusieurs invests entrent parfois simultanément au capital de la société.

Il s’agit là par ailleurs d’une évolution logique et naturelle puisque cela leur permet de diversifier leur portefeuille.

Il leur faut en effet prendre en compte cette réalité nouvelle, dans leur rôle de “dynamisation et de potentialisation du tissu économique local”. Sans compter que ce vecteur peut également être source de plus-values intéressantes pour alimenter leur portefeuille d’investissement.

Dans le cas de Meusinvest, par exemple, cette diversification n’implique pas uniquement les start-ups Web et le champ du B2C mais voit aussi l’invest s’intéresser de plus en plus aux nanotechnologies, à l’audiovisuel, à la culture, au tourisme, à l’événementiel ou encore à l’agro-alimentaire.

Des structures spécifiques

Pour se lancer dans le domaine des sociétés et dossiers Web, Meusinvest a créé une structure spécifique: un Fonds dédié (Start-up Invest) et une structure d’accompagnement (LeanSquare/Activ’Up).

Voir par ailleurs le positionnement que donne Gaëtan Servais d’e LeanSquare, par rapport notamment au WSL ou à Nest’Up.

“Nous déployons une gamme de fonds adaptés aux différentes tailles d’entreprises que nous accompagnons dans la mesure où le type d’accompagnement et la nature du risque sont différents. Des sociétés plus matures promettent une rentabilité plus directe et aisée. Avec des start-ups, le rendement est potentiellement plus élevé mais l’accompagnement est long et plus onéreux.

Gaëtan Servais: “L’enjeu, aujourd’hui, est de reproduire dans le domaine du Web et du numérique, un modèle qui a notamment fait ses preuves dans le biomédical…”

Nous avons donc créé un pôle spécialisé pour le secteur des start-ups Web, dans lequel nous mettons davantage de moyens afin de pouvoir analyser les dossiers de manière pertinente.”

Pour ce faire, Meusinvest s’appuie notamment sur la cellule mise en place au sein de sa filiale CIDE-Socran et, depuis quelques semaines, sur Ben Piquard, recruté comme coach pour LeanSquare, et qui est par ailleurs membre fondateur de Nest’Up et bientôt ex-directeur du Microsoft Innovation Center (il quittera officiellement ce dernier poste à la fin du mois d’août).

“Nous appliquons en fait désormais au monde des start-ups Web le modèle que nous avons appliqué depuis quelques années aux spin-offs”, poursuite Gaëtan Servais. “Nous avons investi dans quelque 70 des 100 spin-offs issues de l’ULg. Fin des années 90, nous avons été très critiqué lorsque nous nous sommes lancés dans cette voie”, souligne Gaëtan Servais.

“On nous soupçonnait de ne pas disposer de l’expertise nécessaire. On nous disait que nous intervenions trop tôt dans le cycle de vie de ces structures, que c’était là une démarche aléatoire et onéreuse. Dix ans plus tard, force est de constater qu’il y a eu quelques belles interventions de Meusinvest: LMS Samtech dans le domaine de la simulation aéronautique et automobile [la société a entre-temps été revendue à Siemens], Mithra dans le biomédical, Eurogentec, EVS… L’enjeu, aujourd’hui est de faire de même avec les start-ups…”

Désenclaver l’innovation numérique

Dans un contexte malgré tout fort différent. Et Gaëtan Servais en convient. “Le défi sera notre capacité à transformer une logique d’intervention orientée B2B; technologie et développement dans un secteur davantage low tech [les sociétés Web], davantage B2C, mais où l’on dénombre aussi de belles réussites. Pensez à Skynet, aux sociétés qui se sont développées dans la mobilité, les jeux sérieux…

Elles sont sans doute moins nombreuses à réussir que dans le biomédical et certaines sont sans doute davantage aveuglées par les chiffres d’exists du genre Whatsapp, mais le modèle de l’innovation via le numérique est loin d’avoir produit ses effets. Le transfert vers d’autres pans industriels reste encore fort inexploré. Nombre de champs d’intervention subsistent. On reste actuellement encore trop braqué sur le monde purement numérique ou les modèles à la Facebook. Quand on aura développé l’écosystème, les gens comprendront que l’espoir et le business model sont ailleurs.”

Gaëtan Servais (Meusinvest): “Le modèle de l’innovation via le numérique est loin d’avoir produit tous ses effets. Le transfert vers d’autres pans industriels reste encore fort inexploré. Quand on aura développé l’écosystème, les gens comprendront que l’espoir et le business model sont ailleurs.”

Meusinvest se voit dès lors jouer un rôle d’impulseur. Même si tous les acteurs devront en être des moteurs.

Gaëtan Servais cite notamment les tissus d’interaction et de collaboration nouvelles qui pourraient se constituer dans le cadre des hubs créatifs, entre les entreprises traditionnelles “qui ne font pas encore montre de suffisamment d’innovation”, les PME “qu’il faudrait amener à travailler avec les hubs créatifs et les fab labs”, et les étudiants engagés dans des initiatives transdisciplinaires [telles qu’ID Campus] “qui peuvent essaimer la culture d’innovation”…

“Les industriels souffrent d’un problème de reproduction de la mécanique R&D telle qu’elle existait dans les années 70 ou 80. L’organisation de la R&D dans les grands groupes industriels n’est pas adaptée aux nouvelles démarches. Mais ces groupes ne savent pas comment réagir parce qu’ils ont le nez dans le guidon. Au moins sont-ils conscients du problème. Il faut donc leur amener les outils dont ils ont besoin.”

MeusInvest en quelques chiffres

– nombre de sociétés encore en portefeuille : 263

– nombre de sociétés financées à ce jour : plus de 450 depuis 1985

– total des investissements consentis: 158 millions au 30 juin 2013

– pourcentage de sociétés actives dans le monde de l’IT / du numérique: 26 sociétés, parmi lesquelles Arlenda, Chiveo, NSI, Pepite, Touchcast, Famest, dcinex, iLoooveIt (ex-I Love Climbing), le Pôle Image de Liège… Famest et iLoooveIt, toutes deux passées par Nest’Up, ont chacune eu droit à 250.000 euros.

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