WilWay: future tribune pour les projets communaux?

Pratique
Par · 03/11/2017

Un nouveau projet de plate-forme orientée “politique participative” est en train de voir le jour du côté de Liège. Du moins ses deux initiateurs, Aubry d’Inverno et Martin Collard, espèrent-ils en faire une activité à terme. Pour la préparer, ils ont postulé et viennent d’être acceptés – eux et leur projet WilWay – à l’incubateur VentureLab de HEC Liège.

Plusieurs solutions de participation citoyenne à la vie de la commune ou de la ville ont vu le jour ces derniers temps. Pour relayer des avis et demandes, pour (tenter d’)influer sur certaines décisions des équipes mayorales…

Celle qu’ont commencé à élaborer les deux fondateurs de WilWay vise à permettre aux citoyens de suivre de plus près l’évolution des projets initiés par la commune: travaux publics, nouveau service aux citoyens, aménagement du territoire, de la mobilité…

C’est une sorte de portail de gestion de projets, qui devra être alimenté volontairement par les collaborateurs municipaux, à terme en réalisant une intégration avec les différents outils informatiques utilisés en back-end.

La solution devrait comporter 3 grands volets: suivi des projets, communication (en interne ou vis-à-vis du grand public) de toute nouvelle étape franchie, forum (qui, en toute logique, devra être modéré). Avec aussi des rubriques et contenus tels que budget, cahiers de charges, études de faisabilité, ligne de temps, événements ayant trait à tel ou tel projet, échos dans la presse…

Chaque commune disposera de son espace spécifique, pouvant choisir de n’en rendre le contenu visible que par ses propres équipes ou de l’ouvrir aux yeux de tous (citoyens, autres communes).

Ne vivons plus cachés

Pourquoi ce projet qui, à certains égards, peut paraître redondant par rapport à certaines initiatives déjà prises et, à d’autres égards, repose sur la bonne volonté des services communaux ou municipaux?

“De nombreux projets sont initiés par les communes mais les citoyens ne sont généralement pas au courant”, souligne Aubry d’Inverno. “Il est difficile de suivre l’évolution de ces projets. Il faut pour cela aller puiser des informations sur le site Internet de la commune, dans d’éventuels blogs, sur Facebook, dans la presse… Il manque en fait une source de données centralisées et fiables.

Aubry d’Inverno et Martin Collard (de g. à dr.): “De nombreux projets sont initiés par les communes mais les citoyens ne sont généralement pas au courant”.

Des enquêtes récentes ont révélé que 90% des communes ne disposent pas d’un outil de gestion de projets… Dans le même temps, on constate une volonté croissante des communes de communiquer vers leurs citoyens mais elles manquent encore d’outils pour le faire.”

La philosophie est celle de la transparence, avec toutefois, du côté des communes, la possibilité de ne pas tout dévoiler. Mais l’intérêt, dans une optique de “participation citoyenne”, est de permettre une visibilité optimale, non seulement sur le catalogue de projets en cours ou planifiés mais aussi sur leur état d’avancement, sur leurs budgets, la manière dont les deniers publics sont utilisés…

Les citoyens auront la possibilité de “liker” les projets, de les commenter, d’engager un dialogue avec la commune via le forum, de faire des propositions, de taguer les projets au sujet desquels ils désirent être tenus au courant (via notification dynamique)…

Le dialogue via le forum sera probablement monitoré. Mais c’est là une décision qui doit encore être prise par les deux initiateurs de WilWay. Sur ce point comme sur bien d’autres, ils affineront le contenu et le fonctionnement de leur solution sur base des échanges qu’ils auront avec les premières communes-pilote.

Comment rendre l’interaction avec le citoyen réellement pertinente pour une commune? Les projets étant potentiellement visibles par le tout-venant, comment ne recueillir que les avis, propositions et critiques des citoyens de l’entité concernée? Le duo de WilWay imagine une vue publique sur les projets organisée en deux niveaux: consultation libre des informations concernant les projets mais identification nécessaire via l’eID (carte d’identité électronique) pour commenter et participer à des échanges, et ce, afin que chaque commune puisse vérifier que tel commentaire ou proposition émane bien d’une personne habitant sur son territoire.

A usage interne et externe

Si le but est de rendre visible, par le simple citoyen, l’état d’avancement des projets de la commune, département par département, échevin par échevin, les premiers bénéficiaires pourraient être les responsables communaux eux-mêmes. A condition qu’ils y mettent de la rigueur. “WilWay permettra de gérer l’évolution des projets de manière claire. Le portail permettra en effet par exemple de déterminer que tel projet est actuellement en attente d’un subside de la Région et indiquera les démarches à suivre pour débloquer la situation.”

Autre avantage revendiqué par WilWay: l’interface qui “donnera un layout cohérent en termes de présentation de l’état d’avancement de tous les projets.”

Le portail sera structuré de telle sorte que les communes pourront autoriser ou non d’autres communes et les citoyens à voir les infos sur les projets, selon une granularité qu’elles décideront. Avantage potentiel, côté communes: “une entité pourra voir comment une de ses homologues a géré tel type de projet, par exemple la construction d’un centre sportif. Cela lui permettra de s’en inspirer, de suivre les mêmes étapes, sans devoir réinventer la roue.”

Premières communes partenaires

WilWay rentre donc au VentureLab (pour une période d’essai de 3 mois au bout de laquelle le projet sera évalué pour acceptation définitive). Elle compte démarrer sa phase-pilote, sur base de son MVP (première mouture du site-portail), fin novembre ou début décembre.

Trois communes ont été “recrutées” à ce jour pour servir de pilotes: Crisnée, Aywaille et Paliseul. Des contacts ont également été établis avec une dizaine d’autres entités, de différentes tailles. L’espoir est de pouvoir mener la phase-pilote (évaluation des fonctionnalités, mode de fonctionnement, nouveaux services à ajouter…) avec environ 10 communes.

Cette phase-pilote devrait en principe se terminer à la veille des prochaines élections communales (octobre 2018). Il s’agira alors de convaincre des investisseurs et de signer de premiers partenariats. “Nous voulons être opérationnels le plus vite possible, idéalement pour le démarrage des nouvelles mandatures”, indique Aubry d’Inverno.

En parallèle, le duo de fondateurs compte bien entrer en contact avec des éditeurs de solutions pour pouvoirs publics, tels que Civadis ou 3P, afin d’imaginer des manières de connecter et d’intégrer sa future solution avec leurs propres logiciels.