Opal Solutions: l’IA pour améliorer l’organisation du travail en hôpital

Pratique
Par · 14/04/2021

L’un des projets passés l’année dernière par le programme Tremplin IA wallon est porté conjointement par Opal Solutions et DNAlytics, de concert avec quelques autres partenaires “métier”. Ce métier touche directement le secteur des soins de santé puisque le but est de développer des solutions de planification et de gestion des effectifs hospitaliers (plus particulièrement les effectifs infirmiers), solutions basées sur l’intelligence artificielle afin d’optimiser l’organisation interne et d’inclure un potentiel prédictif.

Prédiction des flux de patients, des besoins en ressources humaines mais aussi en compétences spécifiques de ces effectifs humains.

Pour Opal Solutions, le but est de faire franchir un nouveau palier à ses solutions CareBoard (gestion, sous forme de tableau de bord, des charges de travail des services hospitaliers, des taux d’activités et des paramètres psychométriques de ces activités) et Interneo (gestion centralisée des stages en hôpital).

Dans un premier temps, c’est essentiellement la première – CareBoard – qui est visée par les développements engagés. Un premier module prévisionnel et adaptatif, basé sur l’IA, devrait faire ses débuts commerciaux cet automne, après test et validation au sein des hôpitaux partenaires pendant l’été. Sauf retard provoqué par un nouveau pic sanitaire… Mais, souligne Xavier Rouby, “nous disposons désormais d’une masse de données suffisantes pour déjà procéder à des simulations réalistes basées sur les données du passé”. Au cas où…

Exploiter concrètement les données

Pour ses développements IA, le duo Opal-DNAlytics, aidé de deux chercheurs en santé publique (UCLouvain et ULB) et d’experts métier et IA, pourra injecter dans les mécanismes d’apprentissage et dans les algorithmes les données – dûment anonymisées et agrégées – collectées au cours de ces dernières années par l’implémentation de CareBoard par une petite dizaines d’établissements hospitaliers. Des établissements de différentes tailles – depuis de petites cliniques jusqu’à des CHU.

“Ces données nous procurent une base d’innovation unique”, déclare Xavier Rouby. “Le but est d’exploiter concrètement les données à des fins d’aide à la décision organisationnelle, pour faciliter l’allocation du personnel et mieux faire face à la pénurie de personnel et de compétences qui grève actuellement les hôpitaux.

L’objectif est de pouvoir mieux affecter et réallouer les ressources humaines en temps réel et de manière plus pertinente. Ou encore de permettre au personnel, surchargé, de récupérer du temps précieux”.

L’intérêt particulier de la masse de données déjà collectées, qui fait dire à Xavier Rouby que le projet s’appuie là sur un “réservoir d’innovation incomparable, en ce compris au niveau international”, vient du type de données que collecte et gère la solution CareBoard. A savoir des données factuelles – effectifs, répartition par service, par tranche horaire, taux d’occupation des effectifs, flux de patients, données factuelles sur les entrées et sorties… – mais aussi des données plus “soft” sur le ressenti du personnel infirmier – un “ressenti” que les effectifs infirmiers encodent trois fois par jour au moyen de codes couleurs et de brefs commentaires. 

“Cela traduit l’état réel de la situation, telle que vécue sur le terrain, pour compléter des informations qui manquent souvent et que ne permettent pas d’ajouter des outils ou DPI classiques.” A savoir, par exemple, une surcharge pas forcément attendue, à un moment donné ou dans un service précis, qui peut être due à un ou plusieurs cas plus compliqués que prévu, à un déséquilibre émotionnel des effectifs, à un comportement agité d’un patient… Chose que les statistiques “brutes” ne permettent pas d’appréhender.

Documenter et prédire

Les développements orientés et basés sur l’IA viseront à affiner le potentiel prédictif de l’outil CareBoard. “Notre solution a pour intérêt majeur de faire remonter des infos de terrain et de structurer l’information qui manque dans d’autres logiciels. Le but est d’agréger les chiffres pour en arriver à une prédiction plus cohérente.”

La formulation et la prise en compte de la perception de la situation hospitalière, par les véritables “premières lignes”, est la seule réelle manière, selon Xavier Rouby, de déterminer si, quand et pourquoi un service est débordé. La structuration via l’outil et l’intervention de l’IA permettent d’y apporter la méthodologie scientifique nécessaire, en évitant les biais. “L’optique prise par notre projet est clairement que l’IA est un outil, pas une finalité”.

Projet collectif sur trois ans

Opal Solutions et DNAlytics avaient déjà fait cause commune, voici un an, pour développer et proposer aux hôpitaux une solution de surveillance temps réel des flux de patients Covid.

Parmi les autres partenaires du projet, en plus des chercheurs de l’ULB et de l’UCLouvain déjà mentionnés, le projet compte également le living lab WeLL et le Pôle Mecatech qui, le temps venu, se chargeront de diffuser les résultats du projet auprès des professionnels de soins et des hôpitaux. “Ils pourront démontrer, use case à l’appui, l’intérêt qu’il y a à recourir à l’intelligence artificielle pour travailler sur l’aide à la décision au service de l’organisation du travail au sein des hôpitaux.”

 

Xavier Rouby (Opal Solutions): “Promouvoir un cas réel d’application IA, prouvant que l’Intelligence Artificielle peut avoir un impact concret. Avec une application développée chez nous pour les hôpitaux d’ici, avec leurs pratiques et leurs problématiques spécifiques.”

 

Les premières retombées du projet de développement, on l’a vu, devraient se concrétiser en septembre 2021. Le projet, lui, aura une durée de trois ans, de quoi développer d’autres modules et potentiels et mener à bien divers projets, en collaboration avec des chercheurs universitaires notamment.

“L’intention d’Opal Solutions est de se positionner et de demeurer un leader innovant en matière de mesure d’activités au sein des hôpitaux. D’abord en Belgique mais aussi au niveau international”, déclare Xavier Rouby [le premier marché d’exportation étant la France où une dizaine d’interlocuteurs, tant privés que publics, ont déjà été approchés].