HITT: technologies immersives au service des industries

Pratique
Par · 06/04/2022

Relire la première partie de cet article – avec présentation des objectifs du programme IIS et de l’initiative TrAIL4Wallonia, dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Parmi les 20 dossiers IIS (Initiatives d’Innovation Stratégiques) retenus par la Région wallonne en début d’année (dont la plupart doivent encore peaufiner leur contenu et leurs objectifs), il s’en trouve un dédié plus spécifiquement à l’exploitation de technologies immersives (AR, VR, XR…) et participatives dans divers secteurs d’activités – à commencer par l’industriel.

Nom de baptême de cette “initiative” – ainsi que du consortium qui le porte (voir détails et composition en encadré en fin de texte): HITT, acronyme de Human Interaction and Technology Transfer.

“Le fait que notre dossier ait été accepté dans le cadre de la sélection IIS est le signe que les technologies immersives sont considérées comme importantes par la Wallonie et ont leur place dans le cadre du Plan de Relance”, déclare Mathieu Demaré, coordinateur de l’axe Creative & Digital du plan CATch Turbo (Sambrinvest).

“Le gaming et les technologies Immersives et Interactives figurent dans les priorités stratégiques de l’axe Creative & Digital du plan de relance carolo CaTCh Turbo dont je suis le coordinateur. La complémentarité, en termes d’impact socio-économique, entre le gaming et les technologies qui en sont issues, est vraiment perçu comme ayant un gros potentiel à l’échelle wallonne.”

Le projet HITT relève en effet du DIS (domaine d’innovation stratégique) “Moyens de production agiles et sûrs” sous le label technologies interactives et immersives. Des technologies applicables, en particulier (c’est ainsi que le dossier a été imaginé), dans le domaine de la production et de la maintenance industrielles. Mais aussi, de manière plus large, applicables à la “transformation numérique des entreprises et à la créativité numérique sectorielle”.

C’est en fonction de ce raisonnement que le dossier a été en partie repris comme ingrédient du Plan de relance wallon (2021-2027) qui vise à “proposer une gamme de plus en plus étendue de services numériques afin que les entreprises disposent de moyens simples, efficaces et pérennes […] notamment pour accélérer le traitement des informations et s’adapter à la demande des clients”, et, ainsi, améliorer leur développement économique et leur compétitivité.

L’immersion n’est pas réservée aux seuls secteurs du récréatif…

Objectif premier du projet HITT?Renforcer l’écosystème local d’acteurs compétents voire spécialisés en “expériences immersives et interactives”, “soutenir les axes formation et recherche” dans la perspective de possibles propres FSE et Feder, et accélérer ou favoriser le transfert des technologies concernées (interface homme-machine, réalité virtuelle…) vers les secteurs économiques et industriels correspondant aux domaines d’innovation stratégiques priorisés par la stratégie S3 wallonne.

Les actions que déploiera le consortium HITT viseront deux types de “cibles”. D’une part, les sociétés spécialisées en technologies immersives – prestataires de services et/ou concepteurs de logiciels et de solutions. Avec une préférence déjà exprimée pour que les développements prennent la forme de produits “transposables”, transférables à de multiples entreprises utilisatrices. Mathieu Demaré prend ici l’exemple d’EVS qui, après avoir été un pur développeur de technologies, a évolué vers celui de fournisseurs de produits, trouvant preneurs à la fois en Belgique et à l’étranger. Autre exemple, plus récent: l’évolution vers des développements “réplicables” que commence à mettre en oeuvre la société Dirty Monitor.

D’autre part, la cible des destinataires industriels. Avec, là aussi, une préférence pour un scénario d’activation de compétences: “ces sociétés ne doivent pas opérer simplement en mode achat de services [prestés par les acteurs spécialisés] mais plutôt en mode co-conception de nouvelles solutions. C’est une condition sine qua non pour que ces sociétés utilisatrices puissent elles-mêmes décoller. Il faut faire émerger, chez les industriels, des produits innovants, dont le développement devra évidemment trouver un socle de financement…”

Le consortium HITT

Le consortium HITT se compose du Click et de l’Institut Numediart (UMons), spécialisé notamment dans les technologies immersives, du MiiL (UCLouvain) qui apporte ses compétences en expérience utilisateur, interactions homme-machine et captation de données, de la Rtbf (dans le cadre de son consortium Meshh avec le KIKK notamment – qui devra intervenir pour “activer et structurer offre et demande”), de Digital Station, au titre de ses compétences en “open innovation” et de son rôle de relais entre innovation, start-ups et industriels historiques.

Avec GenieVision, AGC s’est déjà lancé dans l’exploration des technologies “immersives”…

Pour ces derniers, les porteurs du dossier HITT ont mis en avant l’existence dans la région de Charleroi, qui est le point d’ancrage de cette initiative IIS, d’une série d’acteurs aux profils et positionnements complémentaires. Des acteurs de l’“innovation immersive et interactive” tels que le studio Appeal,  Dirty Monitor, Oncomfort, Dreamwall, Magic Loom… Et des industriels qui ont déjà commencé à s’intéresser activement à ces technologies, tels qu’AGC, avec sa solution GenieVision, ou Alstom.
Sans parler d’un socle de formation à l’A6K mais aussi via la filiale belge du canadien K6 Media Group qui proposera un cursus de certification de formateurs en XR (Extended Reality). Une collaboration est en outre en passe de s’instaurer entre cinq Hautes Ecoles wallonnes pour organiser un certificat de développeurs interactifs.
Avec – paramètre obligatoire dans le cadre des dossiers IIS – une volonté de maillage et de structuration d’un écosystème élargi, avec des contacts établis avec les Pôles de compétences, à commencer par Mecatech, avec les centres de recherche agréés, avec Stereopsia, forum international dédié à la XR…
A noter que le consortium se dit ouvert à d’autres adhésions en cours de route, “en veillant toutefois à en conserver la capacité opérationnelle”.