Le Plan Digital Wallonia vu par les “DW Champions” (2): où est le DW Hub?

Hors-cadre
Par · 25/09/2018

L’un des projets-phare du Plan Digital Wallonia première mouture était le DW Hub, un mécanisme destiné à rapprocher entreprises et recherche pour instaurer une nouvelle dynamique et pertinence scientifico-économique. Les “aléas” politiques l’ont renvoyé au frigo. Nombreux sont ceux qui insistent sur l’importance de débloquer la situation.

C’est l’un des dossiers “restés en rade” suite au changement de majorité politique en Wallonie. Un dossier qui n’a pas été abandonné en tant que tel mais qui avait déjà connu des débuts difficiles (pour sa mise en oeuvre) et dont il a été décidé de revoir les bases ou l’articulation. Ce dossier? Le DW Hub. Pour rappel, ses objectifs, tels que définis au départ dans le Plan Digital Wallonia, étaient de “potentialiser les ressources de la recherche appliquée et du prototypage dans le domaine du numérique ; favoriser et faciliter les transferts de compétences et les fruits de la recherche académique vers l’industrie, afin de donner au secteur mais aussi à ses acteurs une plus grande masse critique et une plus grande représentativité sur le marché – tant local qu’international.”

Mis en attente et soumis à un “exercice de réflexion”, selon l’AdN, le DW Hub est souhaité par nombre d’observateurs.

Il en fut pas mal question dans les échanges de l’Université d’Eté des DW Champions. Il a d’ailleurs été évoqué par Pierre Rion, président du Conseil wallon du Numérique, dans son exposé de clôture. Il insistait en effet sur le fait que cette structure, copiée ou inspirée de l’exemple flamand de l’IMEC, demeurait “l’un des points forts du plan”.

Semer petit pour récolter gros

La non-concrétisation, à ce jour, de ce “DW Hub” est le principal “espoir déçus” que pointe par exemple Bruno Schröder, Technology Officer de Microsoft Belux. “Cette proposition de soutien à la recherche était et est toujours indispensable.

Je pense que le DW Hub n’était probablement pas assez radical, ou disruptif, pour fédérer l’énergie et les volontés nécessaires à le mettre en œuvre.”

Mais il identifie un clair espoir de voir les choses évoluer: “Je propose depuis deux ans de créer un INRIA wallon et de financer au moins 50 doctorats sur une seule question technologique précise qui nous permettrait de prendre place à la table mondiale sur ce problème.

J’ai trouvé très intéressant que Sébastien Jodogne (WSL, Osimis) propose de créer un IMEC wallon, ce qui finalement revient au même, et de financer 50 doctorats. Pierre Rion a également repris l’idée de financer 50 doctorats en Intelligence Artificielle lors de son résumé de clôture.

Nous avons là deux technologues, l’un du monde commercial, l’autre du monde du logiciel mutualisé, et un entrepreneur technologique qui arrivent tous à la même conclusion, bien que partant de points de départ très différents. Serait-ce un signe que nous avons raison?”

Pour concrétiser l’idée, il attend des responsables régionaux “une action focalisée, incarnée par des mesures concrètes de mise en œuvre et un financement adéquat.

Bruno Schröder (Microsoft Belux): “Je veux espérer que la suggestion d’un IMEC ou d’un INRIA wallon et des 50 doctorats soit suffisamment disruptive pour que tous croient à son impact et la rendent réelle.

Un doctorat coûte à peu près 50.000 euros par an. 50 doctorats demandent donc 10 millions d’euros. Si l’on ajoute 25% de support, le tout réparti sur cinq ans pour tenir compte de la période de lancement, cela veut dire un financement public ciblé de deux millions d’euros par an pour prendre une place technologique, certes limitée et focalisée mais, comme l’IMEC la démontré, il est possible de devenir un acteur mondial avec un point de départ limité.”

La traversée du désert que subit actuellement le projet DW Hub inspire une autre réflexion à Pierre Collin, directeur du cluster TWIST (secteur des médias – au sens large): “Depuis la disparition du Digital Wallonia Hub [Ndlr: dans le cadre duquel les clusters Infopole et Twist devaient jouer un rôle de mobilisation et d’activation], aucune action d’envergure n’a été lancée au profit des entreprises du numérique et par le numérique. La Wallonie s’était dotée d’une nouvelle façon de travailler en implémentant une approche bottom up (aujourd’hui suivie également par la Commission européenne) dans l’implémentation de ses outils de redéploiement économique mais semble aujourd’hui retomber dans une approche top down, qui m’apparaît moins pertinente.”