Devoteam Management Consulting: savoir capter l’innovation venue d’ailleurs

Portrait
Par · 14/12/2017

C’est à la faveur d’une reprise d’activités, celles de BeNovate, que le groupe Devoteam vient d’inaugurer une entité Management Consulting sur le marché belgo-luxembourgeois, placée sous la responsabilité de Patrick Crasson, jusqu’ici associé-gérant de BeNovate.

La nouvelle division se concentrera sur des conseils en management dans le cadre de projets de transformation opérationnelle (métier et IT) de grandes entreprises. La mission donnée à Patrick Crasson est de faire grandir rapidement ces activités et de quadrupler pratiquement les effectifs (l’équipe, venue de BeNovate, devrait grimper à 40 ou 50 unités d’ici 4 ans).

Inoculer la transformation

Le positionnement, l’offre de services et la démarche opérationnelle de Devoteam Management Consulting s’inspireront largement des activités de BeNovate mais en en élargissant quelque peu le spectre. Relire l’un des articles que nous lui avions consacrés.

L’un des chevaux de bataille de BeNovate était l’“extrapreneurship” c’est-à-dire la recherche de sources d’innovation et de projets novateurs en dehors de l’entreprise et leur “inoculation” plus ou moins intime et de longue durée.

Patrick Crasson (Devoteam Management Consulting): “Assister les entreprises dans leur transformation et la quête d’innovation et accélérer ce processus en misant sur une inclusion dans des écosystèmes externes.”

La société intervenait pour conseiller ses clients (de grandes entreprises ou des acteurs publics, généralement) et les aider à identifier un partenaire extérieur (exemple typique: une start-up), détenteur de compétences et de capacités d’innovation ciblée dont ils ont besoin, mais qui leur font défaut en interne, pour doper leur potentiel d’innovation ou de repositionnement stratégique.

Cette démarche se retrouve aujourd’hui parmi les axes que développera Devoteam Management Consulting.

“Les entreprises ont grandement besoin de repartir à la conquête du marché, de leurs clients, après les différents cycles de restructuration et de rationalisation auxquels elles ont procédé”, déclare en substance Patrick Crasson. Mais elles sont confrontées, plus encore que par le passé (même récent), à un manque de ressources en interne qui leur permettrait de se réinventer et de se transformer. Plusieurs cycles de restructuration ont laissé des traces, une certaine dynamique a été perdue dans l’opération, sans compter que les cycles d’innovation se sont encore accélérés: “fini le temps où une société pouvait compter sur un cycle de croissance de 7 ou 10 ans pendant lequel installer un processus d’innovation de un à trois ans. Aujourd’hui, il y a à peine place pour un cycle d’innovation par cycle économique. Il faut donc s’organiser autrement en interne. Plus que jamais, l’apport doit venir de l’extérieur.”

Tout comme BeNovate, l’une des activités de conseils de Devoteam Management Consulting consistera dès lors à accompagner ses clients dans l’identification de partenaire(s) “afin de mettre ensemble sur pied un programme d’innovation et de tester l’impact que cela aura sur les processus, les clients et la position sur le marché.”

Assistance à la transformation

Les interventions que proposera Devoteam Management Consulting toucheront, selon les besoins, à la transformation (en ce compris en termes de management et de culture d’entreprise), à l’identification des ressources devant être mobilisées et de l’impact d’une “transformation” (projet de numérisation du métier, par exemple) sur les processus, le fonctionnement, la relation clientèle, le positionnement concurrentiel. “Nous aiderons aussi les clients à se familiariser avec des démarches d’“innopreneuriat” en collaboration avec des start-ups par exemple, à apprendre à s’adapter en permanence aux nouveaux enjeux et à piloter leur évolution en fonction de KPI qui auront été préalablement définis.”

Ce dernier élément est considéré comme essentiel, voir vital, pour tout projet de transformation. La définition de ces facteurs-clé de succès et des paramètres de vérification qui doivent leur être associés est un exercice difficile, qui devra être effectué de manière spécifique pour chaque client, voire pour chaque division. “Il y a là toute une nouvelle équation à définir pour l’entreprise et qui doit être alimentée en permanence. Pour bien définir cette équation, il est souvent préférable de définir au départ des projets de faible dimension, dans des domaines bien circonscrits. Cela permet de définir correctement la nouvelle équation de mesures de KPI, de la rendre compréhensible, admissible par tous, avec des objectifs réalistes autorisant une réelle motivation.”

Quatre thèmes prioritaires

De manière plus concrète, Devoteam Management Consulting déploiera ses activités selon quatre axes et instruments thématiques:

  • l’organisation de la transformation IT et du métier IT de l’entreprise cliente: “la pression du business étant toujours très intense, il s’agit de reconstruire le département IT et de rendre ses interventions plus performantes, plus prédictibles, plus industrialisées”
  • la transformation du “métier” de l’entreprise cliente via une bonne dose de numérisation et d’innovation
  • l’accompagnement à la “customer centricity”: “à force de s’être concentrées et refermées sur leur propre optimisation, les entreprises ont souvent sacrifié la qualité de leur interaction avec leur clientèle. Elles doivent s’ouvrir à nouveau vers le monde extérieur. Aujourd’hui, ce problème devient très visible en raison de la multiplication des canaux de contact avec le client. Nombre de sociétés perdent de plus en plus de clients mais n’en tirent pas les leçons et s’en tiennent à de vieux processus qui ne sont plus adaptés”
  • la transformation par les données. En la matière, Patrick Crasson ne préconise pas une approche purement big data, estimant même qu’elle est loin d’être toujours recommandable. “Le discours du big data est surtout celui que tiennent les vendeurs de big disks. Collecter le plus de données est une démarche onéreuse et aboutit à une situation où l’on cherche une aiguille dans une botte de foin. La première chose à faire est plutôt de se demander si on dispose des bonnes données, comment les interpréter et comment piloter l’entreprise grâce à elles. Ce n’est qu’après qu’on peut leur appliquer des outils…”

La “griffe” Devoteam

Des sociétés de consultance opérant sous l’étendard de la transformation, on en rencontre à la pelle. De toutes tailles. Comment Devoteam Management Consulting compte-t-elle se distinguer du lot?

Il y a tout d’abord cette spécificité héritée de BeNovate dont il a déjà été question: le maillage que l’équipe va pouvoir opérer entre grandes entreprises et “écosystèmes” externes. Lisez: essentiellement des start-ups innovantes et leurs technologies, modèles et/ou solutions “disruptives”.

Patrick Crasson et ses anciens collègues de BeNovate apportent dans la corbeille de mariage un répertoire précieux. Les idées et solutions de ces “écosystèmes extérieurs” pourront venir injecter un vent nouveau dans les démarches commerciales, les modes de relation et d’interaction avec la clientèle, la manière d’exploiter les ressources du cloud computing… “Souvent, on démarrera sur un projet spécifique, au sein d’un département avant de déployer dans un cadre plus holistique. Le test de transformation se fera selon une durée déterminée, avec ou sans adjonction d’un acteur ou écosystème externe.”

Patrick Crasson: “La digitalisation est, par définition, quelque chose de transversal tant elle touche à tous les aspects d’une entreprise et à tous ses points de contact avec la clientèle. La première chose à faire est dès lors de décloisonner l’approche.”

Entreprise et partenaire potentiel externe seront “mariés” suite à une sélection du genre “elite dating”, notamment afin de “tester qu’il existe réellement une opportunité sur le marché. Nous accompagnerons le client tout au long de cette expérience, afin par exemple d’éviter que la start-up ne soit détruite dans l’aventure. Le plan de transformation sera étudié afin de déterminer le modèle idéal de collaboration.”

Une première période d’observation de l’“union” sera menée pendant 6 à 9 mois, “histoire de vérifier l’opportunité sur le marché et la faisabilité de la transformation. En cas de bilan positif, on passera à la véritable étape de transformation, selon les différentes dimensions thématiques: transformation du management, transposition du plan stratégique en actions, pilotage de la progression par KPI…”

Autres arguments que Devoteam Management Consulting présente comme différenciateurs par rapport à ses concurrents: une équipe faite de “principals” et une mentalité de start-up.

Pour le premier point, l’équipe de départ mais aussi les futures recrues ont et devront avoir des antécédents professionnels solides: “une large expérience du terrain en matière de conseils, souvent des personnes ayant elles-mêmes dirigé des départements ou des sociétés, et qui disposent de connaissances sectorielles”, souligne Patrick Crasson. “Pas question de venir avec des juniors qui se formeront sur le dos du client.”

Pour ce qui est de l’esprit start-up, le patron de la nouvelle division de Devoteam ose cette appellation en raison d’une structure de fonctionnement qu’il veut garder légère, en puisant à la demande dans les ressources du groupe, “sans structure fixe pléthorique, ce qui nous permettra de proposer des tarifs compétitifs”.

Dernier élément différenciateur: “le coefficient émotionnel que devra démontrer chaque membre de l’équipe. J’y tiens tout particulièrement et j’y serai attentif jusqu’à la toute dernière recrue. En effet, de 50 à 70% des échecs de projet de transformation s’expliquent par un déficit en termes de gestion humaine.”