BW 2030: des ambitions en économie numérique, santé et territorialité réinventée pour le Brabant wallon

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Par · 05/05/2022

“BW 2030”. Comme dans Brabant Wallon, objectif 2030. Date symbolique puisque correspondant à l’horizon fixé par l’ONU dans l’optique de ses objectifs de développement durable….

Ce qui se cache derrière cet intitulé-slogan? Une alliance opérationnelle et stratégique entre quatre acteurs-clé de la scène brabançonne . A savoir InBW, l’intercommunale, InvestBW, l’invest provinciale, la province elle-même et l’UCLouvain.

Objectif et enjeu: “déployer des politiques structurantes et novatrices à l’échelle supra-communale, […] renforcer la cohérence entre partenaires du territoire provincial afin de stimuler l’innovation, la création d’emplois, collaborer à long terme, selon une approche structurelle et une vision commune”. Voir en encadré, en fin d’article, quelques-uns des objectifs chiffrés que se donne la Province.

Concrètement, BW 2030 a identifié sept axes d’action et 35 projets issus de la stratégie de spécialisation intelligente esquissée l’année dernière.

Parmi les sept axes d’action: le numérique, les sciences du vivant, l’enjeu des “licornes”, la promotion de la mise en réseaux entre acteurs (économiques, académiques, financiers…), l’aménagement du territoire (mobilité douce, nouveaux modes et lieux de travail…).

 

Tanguy Stuckens (député, président du Collège provincial): “Le Brabant wallon doit demeurer la locomotive économique qu’elle est actuellement. Mais pour cela, on ne peut pas laisser le hasard faire les choses. Le territoire provincial doit se donner les moyens de relever des défis qui changent sans cesse.”

 

Brabant Wallon, “terre de numérique”

En tête de gondole, le numérique. “Le Brabant wallon est déjà une terre de numérique. L’écosystème est déjà là mais la question est de savoir comment permettre à des success stories, telles que Odoo, Aerospacelab, N-Side, Cluepoints, de progresser encore davantage, de se positionner davantage à l’échelle internationale, comment démultiplier les potentiels”, déclarait Thomas Pardoen, conseiller du recteur de l’UCLouvain en matière de relations avec le monde des entreprises. 

Des rangs de ces jeunes pousses numériques notamment (mais c’est potentiellement vrai également dans d’autres thématiques économiques) doivent naître des “licornes” – un autre objectif-fanion de la Province. “Le but est de les faire progresser encore davantage. Pour qu’elles deviennent des sociétés de grande taille, structurantes pour le tissu local.”

La collaboration structurelle et les échanges réguliers (réunions du comité de pilotage tous les 15 jours) entre les quatre partenaires doivent permettre d’abattre les cloisonnements, de trouver plus rapidement des réponses aux besoins (financiers, fonciers, technologiques…) des acteurs locaux. 

Parmi les projets concrets déjà mis en chantier ou envisagés pour “booster” le numérique, les responsables de BW 2030 citent notamment la création de nouveaux parcours de formation, “le gros défi restant le recrutement”, la création d’un “quartier du numérique”, un lieu (encore virtuel) d’échanges entre initiatives et acteurs (privés, académiques…) permettant de “cristalliser” la dynamique de collaboration, jeter des passerelles entre ressources, compétences et besoins (entre start-ups numériques et acteurs industriels tels qu’IBA, par exemple). “L’enjeu est de savoir ce qui se fait dans l’écosystème, de permettre à chacun de se positionner dans la chaîne de valeurs et de savoir comment développer son propre projet.”

Ce “quartier digital” n’est encore, pour l’instant, qu’un cénacle virtuel. A terme, il pourrait prendre racine, dans un espace bien physique, à Louvain-la-Neuve mais rien n’est encore concrétisé.

Ce qui l’est par contre, c’est l’espace “POD” (Place of Digital), futur “lieu-totem” du numérique brabançon. Hébergé chez InvestBW, il s’agit d’une structure ayant forme juridique et moyens financiers d’action (capitaux privés).

Douze sociétés – dont IBA, Telemis, N-Side, TerraNova – en sont les premiers membres, aux côtés de l’université ou de diverses écoles supérieures (dont l’IAD). “Environ 20 autres sociétés devraient les rejoindre d’ici fin 2022”, indique Xavier Bocquet, directeur général d’InvestBW. “Petites et grandes entreprises, équipes de recherche, experts dans divers domaines s’y croisent, se parlent, échangent idées et pratiques…”

Le numérique, on le retrouve aussi dans l’axe Sciences du vivant puisque l’une des ambitions est d’agir sur la triple dimension biotech, medtech et digital en santé. Avec quelques thèmes prioritaires, tels que la silver economy, la médecine 4P (prédictive, préventive, personnalisable et participative), et les “new ways of care”. Avec création d’une nouvelle plate-forme où des acteurs de différents profils pourront venir collaborer. Et avec aussi un axe tests avec les hôpitaux brabançons (Ottignies, Louvrange).

Brabant wallon, “terre de réseaux”… et de “licornes”

Le maillage plus étroit et systématique des acteurs doit viser à amplifier des réseaux et écosystèmes encore trop sporadiques ou informels. L’esprit réseau se retrouve par exemple au sein du POD, du quartier digital, déjà évoqués, ou également en filigrane d’un autre projet collégial qui prendra la forme d’un data center dédié à l’“intelligence provinciale”.

L’activation et la structuration plus cohérente des forces vives, des ressources, des “réseaux” devront notamment viser à faire de la province la “terre de licornes” à laquelle nous faisions allusion ci-dessus.

Pas pour faire éclore un troupeau massif mais, selon une approche plus sélective, pour “booster un nombre limité – une dizaine – de scale-ups présentant un fort potentiel de croissance.” Et en faire des “licornes”.

Comment BW 2030 compte-t-il procéder?

Le Fonds Amerigo, lancé dans la foulée de la crise sanitaire, se définit comme le “fonds wallon d’investissement pour la relance et la solvabilité des entreprises”. Il réunit des investisseurs tant privés que publics – Ethias, AG Insurance, Belfius Insurance, P&V, les Invests wallons, la SOGEPA, la SRIW et la filiale Relaunch for the future de la SFPI).
Réserve constituée: quelque 200 millions d’euros.

Dans l’axe purement financier, l’intention est de continuer à activer le levier InvestBW. “On sait en effet qu’à chacune de nos participations à un tour de tableau correspond une dimension de relais vers des investisseurs privés”, déclare Xavier Bocquet. Cette intervention du privé se fait soit lors du même tour de table ou pour les suivants, dans lesquels participera ou non InvestBW en fonction des moyens demandés. “Outre le privé ou encore la SRIW, c’est aussi le Fonds Amerigo (voir encadré ci-contre) qui peut venir compléter le tour de table par quelques millions supplémentaires.”

Le but est par ailleurs de mettre les scale-ups et futures licornes plus rapidement en contact avec les ressources technologiques dont elles ont besoin. “Dès qu’une nouvelle technologie intéressante apparaît sur le marché, les entrepreneurs doivent pouvoir se les approprier”, poursuit le directeur général de l’invest brabançonne. “Souvent, elles ne savent pas que, dans un rayon proche, il y a d’autres équipes qui travaillent sur ce thème. Elles ne sont pas ailleurs pas toujours conscientes des potentiels académiques qui sont également disponibles à proximité.”

De ce point de vue-là, “nous allons ouvrir davantage les portes de l’UCLouvain pour un accès des entreprises aux plates-formes technologiques et aux expertises uniques que détient l’université”, déclare Thomas Pardoen.

 

Baudouin le Hardÿ de Beaulieu (InBW): “Faire encore que les scale-ups se connaissent mieux entre elles, aient conscience des ressources – académiques et autres. L’enjeu est aussi de les identifier afin de pouvoir anticiper leurs besoins. Et éviter qu’elles quittent le territoire brabançon dans la mesure où elles donnent une dynamique au territoire et en font un pôle d’attraction.”

 

De même, des échanges plus réguliers et dynamiques entre les quatre acteurs-fondateurs doit avoir pour effet de dénicher les terrains dont ces scale-ups ont besoin, rapidement, pour leur croissance. Idem pour les ressources humaines. Mais on touche là à la disponibilité de profils et de compétences.

Dans ce registre, le constat est souvent que la formation ne suit pas. Les échanges réguliers entre partenaires de BW 2030 doivent notamment permettre de “repenser les formations plus vite”. Que ce soit au sein de l’université elle-même, des centres de formations et hautes écoles de la province…

Est-ce là un voeu pieux quand on connaît la lourdeur qu’il y a à réorienter les filières, à créer de nouveaux cours? Thomas Pardoen connaît cette lenteur traditionnelle mais estime que d’autres actions peuvent être engagées plus rapidement: “Nous sommes deux représentants de l’UCLouvain à participer tous les quinze jours aux réunions du comité de pilotage de BW 2030. Nous pouvons dès lors relayer rapidement les besoins ou idées vers les instantes dirigeantes de l’université.

Des moyens d’action rapides sont par exemple les stages, les travaux de fin d’étude, la possibilité pour des CEO de venir faire des présentations dans le cadre des cours. Ou encore la Journée Entreprises qu’organise l’UCLouvain. L’enjeu ce n’est pas uniquement les formations proprement dites, mais aussi le fait de motiver les étudiants…” Des pistes donc déjà connues mais potentiellement améliorables…

La dynamisation de l’offre de formations, en tout cas, devra inclure et favoriser une complémentarité entre tous les acteurs concernés, en ce compris l’IFAPME, le centre de compétences Technobel (qui a ouvert une antenne à Louvain-la-Neuve), les initiatives de type Dojo…

Objectifs chiffrés de l’opération BW 2030

– préservation d’un taux d’emploi de 80% pour la population en âge de travailler
– création de 8.000 entreprises
– création de 22.500 emplois directs, dont 10.000 en biotechnologie et santé
– demeurer la province qui accueille le plus haut taux d’entreprises numériques
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