Nouveau nom (quoique) pour le MIC de Mons et nouveau programme d’actions

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Par · 23/10/2020

A Mons, le MIC (Microsoft Innovation Center), créé voici 11 ans, change quelque peu de cap, en tout cas en termes de “cible” de ses actions. Découvreur et incubateur de start-ups à ses débuts, réorienté vers la transformation numérique des entreprises (essentiellement des PME) dans un deuxième temps, le centre n’abandonne pas sa “cible” PME mais y ajoute ce qu’il considère être un levier d’accélération. A savoir, déployer une série d’actions de formation et de veille active pour les prestataires de services IT qui assistent ces mêmes PME dans leur informatisation ou leur “transformation numérique”.

Parmi les thématiques qui seront privilégiées à destination des prestataires de services: l’identification des besoins réels des PME, l’acquisition de compétences technico-opérationnelles et le marketing (numérique).

Que demande le marché?

Avant d’ajouter ce nouveau pan d’activités, ou en tout cas cette nouvelle cible, à son programme, le MIC de Mons a effectué une évaluation du marché. “La Wallonie, on le sait, demeure en retard en termes de dynamisme économique et de transformation numérique des différents acteurs par rapport aux régions qui l’entourent”, rappelle Xavier Bastin, directeur du MIC.

“Le but du MIC demeure d’avoir un impact sur l’économie locale. Nous nous sommes donc demandés comment être le plus efficace et le plus en phase possible avec les besoins des entreprises, en particulier des PME qui constituent l’essentiel du tissu économique local. Comment, dès lors, favoriser au mieux leur transformation numérique.

Or, ceux qui sont le plus proche des PME pour cette transformation, ce sont les prestataires de services IT et numériques. Nous avons donc sondé 21 entreprises IT afin de voir quels seraient leurs besoins par rapport à leur rôle sur le terrain.”

Résultat? “Le principal besoin est celui des compétences. Le marché est tendu et fortement concurrentiel. Ces sociétés sont en recherche de profils hybrides, alliant connaissances techniques et connaissances du business, du métier, avec l’aptitude de comprendre les processus et besoins de leurs clients, dans un contexte où les implémentations se font toujours plus complexes.

Un autre défi, en termes de compétences pertinentes, est l’évolution constante de l’innovation technologique. Il devient difficile d’identifier et de mettre à jour les éléments de compétences pertinents.”

Au-delà de ces besoins en ressources humaines et compétences, le sondage réalisé par le MIC a permis de dégager trois autres lacunes du côté des prestataires de services IT. Tout d’abord, la capacité à comprendre les raisons pour lesquelles les PME continuent souvent de se montrer réticentes face aux investissements numériques. “Souvent les PME manquent de “maturité numérique”, ne discernant pas la plus-value du numérique pour leurs activités. Il s’agit donc d’aider les prestataires à mieux faire comprendre l’intérêt des solutions qu’ils proposent.”

Ensuite, la faible utilisation que ces prestataires font eux-mêmes des outils de marketing numérique, pour convaincre des intérêts du numérique. Et, enfin, un besoin de plus grande “visibilité” des services qu’ils proposent et projets qu’ils peuvent réaliser pour les PME.

Programme “Empower”

Pour répondre à tous ces besoins du côté des prestataires de services IT, le MIC a imaginé un programme d’action, baptisé “Empower Program”, en quatre axes:

– pour les équipes de direction des prestataires, une aide aux choix de positionnement stratégique, sur base d’identification de thématiques et de besoins porteurs (axe “Empower leader”)

– un axe “Empower Marketing”, pour donner aux prestataires les connaissances et arguments propres à élaborer une politique marketing et à convaincre les PME d’adopter la transformation numérique ; dans ce domaine, l’apprentissage des outils de marketing numérique se focalisera surtout sur des pratiques d’up-selling, “81% des entreprises IT se sentant plus à l’aise dans la vente de solutions supplémentaires à des clients déjà existants, pour viser des projets d’extension de la transformation numérique”

Le futur Experience Center du MIC montois servira d’espace de démonstration technologique, sur base de scénarios métier réalistes.

– un Experience center, co-construit avec Microsoft et Proximus, servira de lieu de démo et de découverte: “les prestataires IT ont besoin de mieux comprendre les solutions potentielles dans le cadre concret des processus et métiers de leurs propres clients. L’Experience Center sera donc un lieu de découverte par l’expérience, avec un ensemble de scénarios de vie des entreprises. Ils pourront y apprendre comment comprendre, transformer, améliorer un processus métier…”, explique Xavier Bastin

– dernier axe du programme Empower du MIC: des actions, encore à définir quant à la forme, visant à “donner davantage de visibilité à nos clients, qu’ils soient prestataires IT ou PME, qui ont déployé des choses intéressantes en matière de transformation numérique”.

Empowerment en 2020 et au-delà

La première phase du programme “MIC Empower” démarre cet automne. Trois sessions d’(in)formation se dérouleront d’ici la fin de l’année:
– 26 novembre: session “Empower Leader”: “quelles priorités en 2021 pour le “modern workplace”?”
– 3 décembre: session “Empower Marketing”: “emmener vos clients [lisez: les PME] dans une transformation numérique”, là encore avec un focus tout particulier sur les nouvelles pratiques de travail
– 10 décembre: visite de l’Experience Center de… Microsoft à Zaventem, le centre de démo de Mons n’étant pas encore aménagé et ne devant en principe l’être qu’au printemps prochain.

Les sociétés correspondant à ce profil de prestataires de services IT (à commencer par ceux qui gravitent dans les sphères Microsoft et Proximus) intéressées à participer à ces premières sessions peuvent s’inscrire jusqu’au 6 novembre (via ce formulaire EventBrite).

En 2021, le MIC devrait en principe organiser trois sessions Empower (axes Leader, marketing, visibilité) par trimestre. “Il s’agira de sessions d’environ deux heures, qui prendront place en seconde moitié d’après-midi, afin de pouvoir attirer un maximum de participants.”

A noter que les activités passées du MIC ne sont pas reléguées aux oubliettes puisque le centre continuera d’organiser des activités visant directement les PME (notamment son Digital Boostcamp) et de mener ou de parrainer des initiatives dans le registre de la réduction de la fracture numérique au travers d’activités telles que le hackathon Hack in the Woods, des Coder Dojo (pour les jeunes) ou une participation à la Code Week.

Ne dites plus Microsoft Innovation Center…

La réorientation du MIC de Mons ne vient pas par hasard. Au-delà de l’évolution du catalogue d’activités, il y a également le fait que Microsoft a modifié sa stratégie en matière d’“innovation centers”.

La société américaine avait, sous le contrôle de son QG de Redmond, créé des dizaines de MIC à travers le monde (dont pas moins de trois en Belgique) selon une stratégie de visibilité et d’actions de proximité, qui étaient notamment destinées à apporter davantage d’eau à son moulin commercial et technologique.

Comment mieux prêcher la bonne parole des outils et solutions Microsoft que d’aider de jeunes entreprises et créateurs et que de leur inséminer la graine Microsoft? Même si la société s’est toujours défendue de faire du sectarisme technologique…

Aujourd’hui, le QG américain ne parraine et ne supporte plus (moyens à l’appui) les MIC locaux qui doivent donc se piloter eux-mêmes et “sont libres de décider de continuer à collaborer ou non avec Microsoft.” Le MIC Bruxelles avait ainsi déjà annoncé sa nouvelle stratégie voici quelques mois. Sans “bouder” Microsoft, dont la filiale belge demeure un partenaire actif, mais en supprimant symboliquement le nom Microsoft dans la signification de son acronyme: MIC Brussels réfère désormais au “My Innovation Center”… “supported by Microsoft” et la Région bruxelloise.

A Mons aussi, le MIC, sans être aucunement lâché par Microsoft (la société rempile en tant que partenaire privilégié, de même d’ailleurs que Proximus), doit davantage déployer une stratégie imaginée et supportée par les acteurs locaux. Et son acronyme – inchangé, comme à Bruxelles – s’épelle désormais Meet / Innovate / Create.

A noter que le MIC de Mons, tout comme son homologue bruxellois, demeure un partenariat public-privé. “Nous n’avons rien changé à la logique”, souligne Xavier Bastin. “La Région wallonne, via le programme Digital Wallonia, nous suit toujours. En effet, notre volonté reste bel et bien d’avoir un impact sur l’économie locale, en aidant les entreprises à se numériser, et d’animer la communauté des développeurs wallons. Le plan d’actions est donc défini pour plusieurs années, avec révision annuelle, comme par le passé.”

Sous quel jour Microsoft Belgique voit-elle l’action du “nouveau” MIC montois? Réponse de son directeur général de Microsoft Belux, Didier Ongena: “La collaboration avec le MIC nous permet de soutenir nos partenaires wallons. A travers l’asbl, nous pouvons créer ensemble un accélérateur pour la croissance et la transformation numérique. Les partenaires peuvent profiter du MIC pour créer de nouvelles compétences et acquérir de nouveaux clients.” Comme quoi les ponts sont loin d’être coupés et la stratégie commerciale toujours bien présente, en coulisses.

L’“Experience Center”, quant à lui, présenté comme devant être un espace de démonstration, verra le jour dans les mois à venir. Et il aura une nette cognation Microsoft – et Proximus.