GenePlaza s’allie à Sano Genetics (UK) pour faciliter le prêt de données ADN pour études génétiques

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Par · 26/09/2019

GenePlaza, société qui est l’héritière directe (après pivot) de la spin-off InSilico Genomics de l’ULB/VUB, s’est positionnée sur le terrain de l’analytique génétique, visant plus spécifiquement des usages grand public.

Sa plate-forme se présente comme une galerie d’applis d’analyse en-ligne qui “moulinent” les données de séquençage de l’ADN que les internautes téléchargent afin de faire émerger “divers traits spécifiques influencés par la génétique”. En coulisses, des algorithmes passent les informations ADN (anonymisées et agrégées, desquelles GenePlaza ne retient que les variants significatifs) au crible, en s’appuyant sur des modèles génétiques ayant fait l’objet de recherches et de publications scientifiques.

A sa galerie de “calculateurs génétiques” existants (voir ci-dessous), GenePlaza vient d’ajouter une nouvelle offre de services. Via un accord passé avec la société britannique Sano Genetics, il est désormais possible aux “simples mortels” ayant déjà effectué un séquençage de leur ADN (par des outils grand public tels que 23andMe ou AncestryDNA) et disposant donc des données, de les confier à la plate-forme GenePlaza et d’autoriser des centres de recherche ou des sociétés commerciales à utiliser leurs données dans le cadre d’études génétiques ou génomiques en cours.

Le cas échéant, si l’étude est réalisée par une société commerciale, la personne qui “prête” ses données ADN peut espérer une rémunération – GenePlaza et Sano Genetics prélevant au passage une commission.

Sano Genetics (ex-Heterogeneous), basée à Cambridge, s’est positionnée, elle aussi, sur le terrain de la génétique 2.0, proposant une plate-forme en-ligne visant à “rapprocher les gens de la recherche en médecine personnalisée”. Pour ce faire, elle propose une plate-forme et des outils de séquençage et d’analyse génomiques à une clientèle incluant notamment des centres de recherche (sur son site, la société cite notamment, en guise de références, l’Imperial College de Londres, l’université de Cambridge et celle de Liverpool).

“Elle partage les mêmes valeurs que nous”, explique Alain Coletta, co-fondateur de GenePlaza. “A savoir, un engagement à ne jamais vendre les données ADN des individus qui restent seuls et uniques propriétaires de leurs données et décident donc de l’usage qui en est fait. Mais le but de nos plates-formes respectives est de favoriser la réutilisation de ces données à des fins de recherche et ainsi, de réduire les coûts de cette dernière, via mise à disposition d’un volume plus important de données.

Pour mieux arguer du degré de sécurité et de confidentialité de sa propre plate-forme, Alain Coletta rappelle que les données, à aucun moment, ne sont transférées vers d’autres intervenants. “Ce sont les algorithmes qui viennent aux données, sur nos plates-formes, pour être traités par les calculateurs proposés par GenePlaza.” Certes l’infrastructure de GenePlaza est hébergée dans le cloud – notamment chez Amazon et Google – “mais la disparité volontaire choisie renforce la sécurité. Sans compter que nous avons dûment été audités…”

Gene, dis-moi qui je suis…

La plate-forme GenePlaza propose une série d’applis génétiques, permettant par exemple d’obtenir un score d’appartenance ou de proximité ethnique ou encore une évaluation de prédisposition à certains comportements ou risques de santé: degré d’intelligence, risque de dépression, aptitude pour les maths…

Dernière appli à avoir rejoint sa galerie (elle est en-ligne depuis ce 25 septembre): Same Sexe Attraction, conçue par Joel Lloyd-Bellenson, qui avait été à l’origine de plusieurs start-ups, toutes disparues désormais – DoubleTwist, première société à avoir analysé le génome humain ; DigiScents, auteur d’un gadget se connectant à un ordinateur et géré par lui pour diffuser parfums et odeurs – le digiscent fonctionnait sur base du séquençage des récepteurs olfactifs ; ou encore Upstream Biosciences.

Comme son intitulé l’indique, l’appli Same Sexe Attraction permet d’évaluer le degré d’attirance d’une personne envers le même sexe. Sur base d’une étude génomique de quelque 500.000 personnes, ayant fait l’objet d’une publication dans le magazine Science, en août de cette année…

On y trouve aussi quelques applis analytiques davantage orientées santé telle l’appli Health Traits, qui rassemble une série de calculateurs pour une panoplie d’affections ou pathologies (allergie, asthme, problèmes dentaires ou buccaux…) et dont le but annoncé est d’“aider à mieux comprendre les prédispositions génétiques liées à votre santé”.

Elle se base sur les résultats d’une étude britannique qui a sollicité et analysé les réponses de 500.000 personnes (au Royaume-Uni). Ces personnes ont dû répondre à plusieurs centaines de questions en tous genres. Les réponses ont été croisées avec d’autres données (laboratoire Neale). 

GenePlaza prend soin d’afficher ce message pour chacune des applis mises à disposition sur son portail…

Les scores et évaluations que génèrent les calculateurs ne sont pas pour autant vérité d’airain. “Nous expliquons clairement que les modèles ne permettent pas de générer des indications certaines de prédisposition ou des scores de probabilité. Le score produit n’est valable que dans le cadre d’une étude scientifique précise et en fonction des modèles définis dans ce cadre. Il est toujours possible qu’une étude ultérieure, reposant sur un autre modèle, exploitant d’autres variants ADN donne un tout autre résultat…”

La santé n’a pas la cote

GenePlaza dit à ce jour avoir permis à “quelque 10.000 personnes” d’injecter leurs données ADN dans l’un ou l’autre calculateur hébergé sur sa plate-forme afin d’en tirer une grande variété d’indications (selon la finalité du calculateur). 

Ce chiffre d’utilisateurs peut paraître conséquent mais il ne représente en fait qu’un infime partie de la masse de personnes qui, de par le monde, ont déjà fait testé leur ADN (via des plates-formes “2.0”). En début d’année, elles étaient… 26 millions. “Essentiellement aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni”, précise Alain Coletta. Ce qui explique que la majorité des utilisateurs de la plate-forme GenePlaza, à ce jour, viennent eux aussi d’Amérique du Nord…

Ce sont essentiellement les calculateurs à finalité, disons, plus futile et anodine (aptitude aux maths, degré d’intelligence…) qui sont sollicités. Les “calculateurs” sensés déduire des risques médicaux sont moins utilisés. “Sans doute parce que les gens n’ont pas très envie de découvrir ce genre de chose, sauf peut-être quand ils ont déjà été diagnostiqués”, suppute Alain Coletta.