Le MIC Brussels modifie sa démarche

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Par · 13/04/2018

Finis les Boostcamps, les programmes d’accélération de quatre mois organisés jusqu’ici par le MIC Brussels?

Le MIC a en tout cas décidé de modifier sa démarche d’assistance à maturation de projets et start-ups et de la baser en partie sur des recettes mises en oeuvre à Liège, du côté de LeanSquare, à l’instigation de Ben Piquard, ancien directeur… du MIC de Mons.

La méthode qui sera désormais appliquée se structurera en trois phases:

  • un premier trajet d’apprentissage via un MOOC (massive open online course), formation en-ligne ouvert à tous
  • une participation à une séance de pitch (un rien survitaminée) connue sous l’intitulé de One Hour Challenge (des “OHC” qui avaient déjà essaimé en dehors des murs de la Cité ardente puisqu’ils se tenaient déjà en alternance à Liège et à Bruxelles; ils ont, par ailleurs, fait une incursion en Brabant wallon via l’“accélérateur” public de start-ups numériques Digital BW)
  • enfin, troisième étape, pour “les meilleurs projets ayant pitché au One Hour Challenge” (pas plus de huit projets), une invitation à participer à une “semaine intensive de coaching” (individuel ou collectif)
  • cerise sur le gâteau (on en revient à l’une des caractéristiques de l’ancienne “méthode”): une finale avec pitch pour les huit participants.

Pourquoi avoir modifié la formule? Les raisons invoquées par Cécile Jabaudon, directrice opérationnelle du MIC Brussels, sont variées: “accompagner davantage de projets [Ndlr: going broader rather than deeper, diraient les Anglo-Saxons), aider à la fois les débutants et les projets plus matures, permettre aux projets de progresser à leur rythme.”

Nous l’avons interrogée sur les raisons et la (nouvelle) méthode…

Régional-IT: pourquoi avoir modifié la formule et abandonné le principe de programme de moyenne durée?

Cécile Jabaudon (MIC Brussels): Les projets que le MIC Brussels accueille dans le cadre du Boostcamp sont au stade de démarrage. Après douze éditions du Boostcamp, nous avons pu constater, d’une part, que les degrés de maturité des projets sont toujours différents, même dans le créneau “early-stage”, et, d’autre part, que certains porteurs de projets n’avaient pas nécessairement le temps de consacrer environ un jour par semaine durant quatre mois.

Je pense notamment ici à des entrepreneurs qui développeraient leur start-up en parallèle d’un emploi principal. Il leur est plus aisé de se libérer pour une semaine intensive d’accompagnement que pour une vingtaine de sessions sur quatre mois.

Cécile Jabaudon (MIC Brussels): “Il leur est plus aisé de se libérer pour une semaine intensive d’accompagnement que pour une vingtaine de sessions sur quatre mois.”

Il nous a semblé important de pouvoir proposer aux entrepreneurs un programme qui leur permette d’aller à leur rythme et qui se décompose en trois étapes: un MOOC interactif (fondamentaux de l’entrepreneuriat), le One Hour Challenge en partenariat avec LeanSquare (une heure de présentation et discussion avec l’entrepreneur), et la semaine intensive du Boostcamp à laquelle huit projets sont conviés.

Pour ce qui est des inscriptions au OHC, des changements sont-ils intervenus dans la pré-sélection des projets (types de projets pouvant postuler), dans la manière dont les séances de pitch se déroulent?

LeanSquare et le MIC Brussels sont désormais partenaires pour organiser, à Bruxelles, ces entrevues d’une heure où la start-up présente son projet et échange avec des experts. Un représentant de LeanSquare ainsi que du MIC Brussels participent à ces OHC qui se tiennent dans les bureaux du MIC. L’accent est ici mis sur les projets avec une composante IT.

Pour s’inscrire au OHC, les start-ups devront démontrer qu’elles maîtrisent les bases de l’entrepreneuriat, qu’elles auront acquises par elles-mêmes ou via le MOOC. Le formulaire d’inscription de base du OHC permet d’avoir une bonne vision de cette connaissance.

Les projets non digitaux – qui restent marginaux — ne sont pas pour autant écartés du OHC mais seront pris en charge par d’autres biais par LeanSquare.

La deuxième phase de votre nouvelle méthode retient huit projets, à savoir “les meilleurs projets ayant pitché au One Hour Challenge”. Selon quels critères ? Qui décidera ?

Bien qu’un échange naturel s’effectue avec l’expert de LeanSquare lors du OHC, c’est le MIC Brussels qui décide quels projets il souhaite inviter à la semaine intensive à la suite du OHC.

Après une heure d’échange avec les porteurs de projets, il est plus aisé de définir le potentiel de celui-ci — potentiel en termes de marché, d’équipe, de développement et d’accompagnement.

La semaine intensive demandera un engagement important du porteur de projet pour qu’il puisse en retirer le maximum de bénéfices. Elle combinera sessions individuelles et sessions de groupe qui permettront à la start-up de confronter son projet auprès d’experts et d’acquérir des connaissances nouvelles. La start-up sera challengée et poussée dans ses retranchements pour poursuivre son parcours entrepreneurial avec des acquis essentiels et une vision qui lui permettra de démarcher ses premiers investisseurs.

Le MIC Brussels se limite-t-il à des projets implantés dans la région bruxelloise, dans la mesure où LeanSquare et DigitalBW sont aussi des partenaires des OHC ?

Issu d’un partenariat public-privé, le MIC Brussels a pour objectif de développer le secteur IT en Région de Bruxelles-Capitale. La priorité des projets accompagnés dans cette nouvelle formule du Boostcamp est ainsi donnée aux porteurs de projets bruxellois ou aux start-ups qui entendent s’implanter en Région bruxelloise.

Pourquoi réduire l’accompagnement à une semaine “intensive” ?

Il est important de ne pas limiter l’accompagnement proposé à la semaine intensive. Les éditions précédentes du Boostcamp comptaient une vingtaine de sessions étalées sur quatre mois environ. Ici, le nouveau programme proposé doit être vu comme la combinaison des trois étapes : MOOC/OHC/semaine intensive.

Le MOOC comprend 17 vidéos (environ cinq heures de cours au total) et requiert de la start-up qu’elle remplisse, au fur et à mesure des vidéos, un dossier qui peut être qualifié de premier dossier investisseur.

Ce MOOC prépare au OHC. Le OHC est pour sa part le tremplin pour la semaine intensive. Lors d’un OHC, il peut tout à fait être recommandé à la start-up de retravailler certains points du MOOC pour revenir pitcher au OHC.

Vu les deux premières étapes, il nous a semblé intéressant de concentrer un accompagnement sur une semaine pour permettre à la start-up de confronter son projet auprès de tiers, ce qui permet d’aller plus rapidement en profondeur. Cela permet à l’entrepreneur d’être confronté à ses forces et faiblesses et d’ajuster sa vision des choses sans attendre.

En quoi consiste cette semaine “intensive” ?

Cette semaine combinera des sessions individuelles et des sessions de groupe avec deux coaches qui seront là durant toute la semaine et qui aborderont différentes thématiques telles que le business model de manière avancée et la façon de le faire passer au niveau supérieur, le financement et le business model financier, la traction client, comment répéter le modèle opérationnel et le pitch.

Du travail supplémentaire sera requis à la maison. Chaque jour, un intervenant externe viendra parler de son domaine d’expertise. Quatre sessions sont prévues à ce titre: A/B testing [Ndlr: technique de marketing consistant à tester diverses variantes d’une fonctionnalité, d’une page Web, d’un sondage client…], développement IT et dialogue avec le développeur, plan financier, et story telling.

Une journée sera consacrée à la rencontre d’experts selon un format de rencontres de 8 fois 40 minutes chacune. Un pitch public clôturera le programme le 30 mai.