Un an de Plan Numérique. Petit état des lieux

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Par · 20/01/2017

Un peu plus d’un an après le lancement officiel du Plan du Numérique, le gouvernement vient de recevoir un premier bilan tiré par les différents acteurs, avec une note de performance rédigée par le Conseil du Numérique. La majorité des mesures préconisées ont été lancées mais sont encore loin de la vitesse de croisière. Certaines actions quittent tout juste la rampe de lancement.

Quel premier bilan en tirer? Quelles sont les grandes lignes à retenir?

Petit passage en revue des troupes.

A lire par ailleurs les grandes lignes du rapport remis, sur l’évolution de ce Plan, par le Conseil du Numérique.

W.IN.G

Ce fonds d’investissement public fut le premier à sortir des starting blocks. Nous avons déjà eu l’occasion d’en parler, notamment lors de l’octroi de fonds, en prêt ou en capital, aux start-ups retenues.

A ce jour, 254 start-ups ont déposé un dossier. Le comité d’investissement en a accepté 42, pour un montant total de 4,5 millions.

L’ensemble de ces fonds n’ont pas encore été versés, certains dossiers impliquant un montage financier où doivent intervenir des investisseurs privés.

23 dossiers sont par contre finalisés et financés – à hauteur de 2,28 millions d’euros.

Digital Wallonia Hub

Mise sur les rails récente (fin décembre) pour le Digital Wallonia Hub (DW Hub, pour faire plus court), un mécanisme de collaboration entreprises-recherche visant à “soutenir la recherche dans le secteur de l’économie numérique et à servir de propulseur pour une meilleure croissance internationale d’entreprises prometteuses” – qu’on les appelle “pépites” ou “championnes numériques”…

Cette structure, dont le comité de pilotage est placé sous la direction de Jean Martin (Sapristic, ex-BSB et président d’Agoria Wallonie), bénéficiera d’un budget annuel de 20 millions d’euros.

Chaque année, 8 sociétés devraient faire l’objet d’une aide (en ce compris financière) et d’un accompagnement spécifique. Avec sollicitation des acteurs de la recherche pour contribuer à leur essor et accélération.

Deux sociétés ont d’ores et déjà été choisies en 2016 (injection de 7,95 millions), à savoir OncoDNA et Lasea.

Sept autres dossiers sont actuellement à l’étude.

Nous reviendrons à court terme, plus en détails, sur les objectifs et le fonctionnement de ce Digital Wallonia Hub.

Aide à l’internationalisation

Le DW Hub sera l’un des instruments de l’aide à l’internationalisation des start-ups, scale-ups et autres sociétés à profil numérique.

Des budgets ont également été dégagés du côté de l’Awex afin que les attachés commerciaux, dans quelques endroits numérico-stratégiques de la planète, puissent mieux aider les jeunes entrepreneurs à explorer les potentiels de ces marchés – que ce soit en termes de clientèle potentiels ou de partenariats commerciaux ou technologiques.

Deux premiers hot spots ont été désignés: San Francisco, en raison de l’effet aimant de la Silicon Valley, et Barcelone, haut lieu du numérique mobile en raison du riche écosystème qui s’y est implanté dans la foulée du phénomène Mobile World Congress. Sept ou huit autres destinations-clé pourraient être choisies à terme…

Que pourront faire ces attachés commerciaux? Ils devront assister et faciliter les démarches des start-ups que ce soit par le biais de missions, de visites ciblées, de mise en relation… L’éventail d’actions et d’activités potentielles est en cours d’élaboration.

Les attachés commerciaux ont été ou seront formés plus spécifiquement aux enjeux des acteurs du numérique et ce, avec l’aide des clusters Infopole et TWIST.

Accompagnement de start-ups

L’“accélérateur” NestUp fut une première expérience, un “prototype” de ce qu’il est possible de faire pour accompagner les premiers pas, souvent encore hésitants et devant être réorientés, des jeunes pousses.

La structure qui l’avait initiée (Fostering Ideas) s’est muée en Creative Wallonia Engine (CWE), devenu filiale de l’AEI. Ce CWE est confirmé comme “laboratoire” et “diffuseur de bonnes pratiques”.

L’action sur le terrain passera par une collaboration structurée entre accélérateurs, invests et CEI (centres d’entreprise et d’innovation) afin de favoriser une action plus pragmatique. Après LeanSquare (initialement du côté de Liège), d’autres acteurs préparent leur entrée en action – par exemple Digital Attraxion, dans le Hainaut.

Un “accélérateur” est prévu par province: Brabant wallon, Namur, Hainaut, Liège, Luxembourg.

En principe, des programmes d’accélération devraient se dérouler début 2017 dans chaque zone, à raison de 10 projets accompagnés par “écosystème”.

Cet essaimage à travers le territoire avait déjà été initié via des “NestUp” délocalisés. En plus du “nid” basé à Mont-Saint-Guibert, des éditions se sont déroulées à Liège, Namur, Charleroi.

Le mouvement devra s’intensifier et se systématiser.

Avec comme nouveauté – histoire de donner un cachet homogène -, une nouvelle appellation: Startup Wallonia.

En plus de ces programmes d’accélération initiés et financés par le public (par l’entremise des invests et de Creative Wallonia Engine), des accélérateurs privés pourront eux aussi recevoir un coup de pouce de la Région, au travers de chèques coaching.

Equipement du territoire

Si gouvernement et opérateurs mobiles se sont – enfin – mis d’accord sur l’abrogation de la Taxe Pylônes et le lancement d’un programme d’investissement devant permettre de mieux couvrir le territoire wallon en connexions (très) haut débit, le dossier doit en quelque sorte repartir d’une page blanche.

Les opérateurs se sont engagés à investir (“60 millions en plus de ce qu’ils mobilisaient déjà”). Reste à baliser le où, le quand et le comment.

De nombreuses inconnues subsistent par ailleurs: sur le maillage du territoire, sur le choix de technologies complémentaires – “il faudra être inventif”, entend-on souvent dans la bouche des responsables publics, sur les zones prioritaires, sur les modèles économiques, sur la place qu’y joueront les start-ups locales, avec l’aide ou non du public (on pense par exemple au rôle que pourrait jouer Tessares)…

En parallèle, la Région devra faire avancer d’autres chantiers:

  • le CoDT (code du développement territorial)
  • l’affectation de moyens à la Sofico (son plan d’investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros pour les prochaines années est actuellement à l’étude au niveau du gouvernement)
  • l’équipement des Zones d’Activités Economiques
  • les “démonstrateurs” smart city (organisés par thèmes: efficience énergique, mobilité, gestion urbaine…)
  • le cadre réglementaire, qui dépend largement du fédéral (conditions d’octroi de licences aux opérateurs, contraintes européennes en matière d’investissement, cadastre fibre optique…), avec lequel des contacts et négociations se poursuivent.

Industrie 4.0

Une campagne de sensibilisation démarre début février et s’étalera sur deux ou trois ans. A la manoeuvre: l’AdN et Agoria mais les fédérations sectorielles.

Dans le catalogue d’actions et de ressources mises en oeuvre: un outil de diagnostic de maturité “4.0’, des séances de coaching par des spécialistes mis à disposition par les fédérations professionnelles, des aides financières (en ce compris pour la conception de prototypes) et la formation de consortiums entre grandes entreprises, PME et centres de recherche.

Nouveau rôle pour les clusters Infopole et TWIST

Ces deux clusters sont appelés à fusionner dans les mois à venir. Notamment pour des raisons de confluence de certains des thèmes qu’ils couvrent et de “clarification” du paysage.

Leur champ d’action sera par ailleurs étendu. Ils seront, comme on l’a vu plus haut, des sources de conseils et de veille pour les attachés commerciaux de l’Awex. Ils auront aussi pour tâche de détecter des projets et “pépites” numériques au sein des Pôles de Compétitivité qui pourraient être sélectionnés pour un programme d’aide à la croissance par le DW Hub.

La “vitrine” Wallonie

La sensibilisation au numérique et la promotion des compétences et acteurs passent aussi par leur mise en valeur au travers d’un événement tel que le KIKK Festival qui, l’année dernière, a attiré quelque 12.000 visiteurs, dont la majorité venus de l’étranger (environ 40 pays représentés).

Ce Festival devient donc un outil de visibilité stratégique pour séduire l’international et l’attirer chez nous.

Il est par ailleurs invité à rayonner davantage sur tout le territoire wallon. Ancré jusqu’ici à Namur, il devra déployer des activités diverses sur l’ensemble du territoire wallon, à destination tant du grand public que des professionnels.

A noter que dans son rapport (voir notre autre article), le Conseil du Numérique souhaite qu’il élargisse son profil, très orienté médias et créativité artistique, pour toucher à d’autres domaines bousculés par le numérique: fabrication 3D, simulation…