Pérégrinations de quatre start-ups orientées e-commerce

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Par · 23/02/2015

Pour préparer ce dossier, nous avons contacté 4 jeunes entrepreneurs qui se sont positionnés sur le terrain de l’e-commerce. A savoir: Christophe Fruytier (Teasio), Georges-Alexandre Hanin (Mobilosoft), Vincent Bultot (NearShop) et Grégory Van Ass (MaPromo.be).

L’objectif était de recueillir leur vision de la situation, des besoins et attentes des commerçants locaux en matière d’e-commerce mais aussi de voir comment leur propre projet avait – ou non – évolué.

Que sont-ils devenus? Leur idée de départ a-t-elle pris forme, a-t-elle été redéfinie suite aux demandes de leur cible ou en fonction de la réaction du marché?

Changements de cap

L’initiative la plus récente est celle de Christophe Fruytier (solution Teasio). Réellement opérationnelle depuis novembre 2014, l’accueil que le marché a réservé jusqu’ici à son initiative l’a conforté dans la conviction que l’idée de base – recourir à la vidéo et au contact direct pour retisser des liens et ajouter de la confiance à l’exercice d’achat en-ligne – était valable et répondait à un besoin. Quelques aménagements à la formule initiale ont toutefois été décidés: amélioration de l’ergonomie, ajout d’appuis mobiles (pour iOS et Android), enregistrement de vidéos pour permettre aux internautes de revisionner, à la demande, les sessions d’information, démos de produits ou conseils d’utilisation.

 

Relire nos articles

Nous vous avions parlé dans Régional-IT de ces divers projets et initiatives.

A lire ou relire donc:

– Teasio: l’e-commerce en dialogue visuel. Lire…

– NearShop: place de marché, avec services de support, pour commerçants de proximité. Les implémentations de la société à Hannut, à Mons et à Malmedy

– Mobilosoft: services de marketing mobile – Le retail, trop passif face au m-commerce? Lire…

– MaPromo.be: promos sur mobiles pour commerces de proximité – MaPromo fait son tour de table (financier). Lire… 

Du côté de Mobilosoft, Georges-Alexandre Hanin cherche encore la formule magique, le modèle économique qui mettra définitivement la start-up sur les rails.

Son idée de départ était de proposer aux détaillants et aux enseignes, petites ou grandes, des services de marketing mobile leur permettant de publier en-ligne leurs informations et promotions locales. Aujourd’hui, la start-up dit vouloir se transformer en “logisticien des données”. Autrement dit: devenir, pour les simples commerçants et mais aussi pur les revendeurs disposant d’un réseau de distribution, un intermédiaire qui prend en charge la publication de leurs données signalétiques et informations (gamme de produits, informations pratiques, promos, événements, niveaux de stocks…) sur un panel le plus diversifié possible de médias et de canaux numériques. Mobilosoft se chargera donc pour eux de l’acheminement, du formatage et de la publication de ces données sur des médias – et relais – aussi diversifiés que Google Plus, Facebook, FourSquare, les annuaires en-ligne tels le 1307…

Ceci n’est pas un long fleuve tranquille…

NearShop, elle aussi, a “pivoté” à plusieurs reprises, réorientant le cap. Dès le départ, l’objectif fut de fournir une plate-forme de type portail (ou place de marché) où les commerçants auraient une présence conjointe et où NearShop leur procureraient des services de gestion- mécanismes de paiement, gestion des commandes, livraison. Dans un premier temps, le scénario visait une mutualisation potentielle à l’échelle nationale.

“J’ai rapidement constaté que les commerçants sont très indépendants”. Un volet “espace privatif” a dès lors été ajouté permettant à chaque commerçant de disposer de son espace, limité à une simple fonction de “vitrine” ou associé à un potentiel d’achat en-ligne.

Le concept dut ensuite être adapté en termes d’envergure géographique: “les associations de commerçants désiraient quelque chose de plus local”. D’où une démarche qui allait se décliner ville par ville.

En 2014, une nouvelle fonction a été ajoutée qui introduit une certaine dose d’automatisme dans les choix de mots-clé utilisés pour le référencement. “C’est une technique que ne maîtrisent pas les commerçants. Des règles ont été introduites pour structurer les mots-clé par catégorie de produit, pour associer automatiquement certains noms d’endroits à des zones géographiques et faciliter ainsi la tâche des commerçants.”

Cette année, le site passera en mode responsive design et un algorithme se chargera de reformater automatiquement les images chargées par les commerçants.

Grégory Van Ass (MaPromo.be), lui, a jeté l’éponge. Par manque d’adoption de la solution et, dès lors, par manque de rentabilité du projet. Côté financier, il n’avait pas réussi non plus à convaincre des investisseurs (des business angels en l’occurrence) d’injecter suffisamment de fonds. “Les contacts noués m’auraient permis de lever 150 ou 200.000 euros mais pas les 700.000 euros qui auraient été nécessaires pour mettre en oeuvre la plate-forme complète que j’envisageais”, explique-t-il. Sans compter que l’écosystème (aides, incubateurs et consorts) prêt à couver et à accompagner ce genre de projets n’était pas aussi développé, voici 3 ans, qu’il ne l’est actuellement, regrette-t-il.

Si la start-up n’a pas réussi à susciter suffisamment d’intérêt auprès des commerçants locaux, c’est aussi peut-être, estime Grégory Van Ass, parce que son idée était trop prématurée, le marché (local) encore peu sensible à ce genre de solution mobile. “Même si le processus de mise en ligne des promos avait été simplifié au maximum, les commerçants qui chargeaient eux-mêmes du contenu étaient rares. Nous devions sans cesse les relancer, ou le faire nous-mêmes. Deux heures de formation par un délégué commercial parlant le langage des commerçants étaient prévues dans notre tarif. Et cette formation était clairement indispensable.” Mais cela n’a de toute évidence pas suffi. “Au vu de leurs réactions, je crois qu’en fait ils n’étaient pas intéressés.” Les associations de commerçants n’ont pas montré davantage d’intérêt.

Autres erreurs qu’il estime avoir commises? Une connaissance insuffisante du monde des commerces de proximité et le fait d’avoir voulu se lancer dans la région liégeoise, alors que des villes plus importantes lui auraient apporté une plus grande densité en termes de commerçants de proximité.