Interfaces applicatives: une ouverture à géométrie variable

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Par · 27/11/2013

L’une des pistes suivies par nombre de sociétés et start-ups est de s’appuyer sur les API d’autres acteurs qui, idéalement, constituent des valeurs sûres et des locomotives industrielles.

C’est le cas, par exemple, de TweetWall Pro qui s’appuie sur les API de Twitter pour développer et faire évoluer sa propre solution d’écran interactif animant soirées et événements.

Au fil du temps, la jeune société a dû s’adapter aux réorientations stratégiques décidées par Twitter. “Dès le départ – et c’est à saluer – les API de Twitter ont été très complètes, très bien documentées et ont permis à de multiples applications de voir le jour”, souligne Pascal Alberty, co-fondateur de TweetWall Pro. “C’est l’importance de la communauté des développeurs qui a permis à Twitter de devenir ce qu’il est actuellement.”

Pascal Albert (TweetWall Pro): “Il ne faut jamais perdre de vue que tout fournisseur peut changer ses règles ou bloquer l’accès à ses API pour des raisons qui lui sont propres.”

Mais la mise à disposition d’API est aussi une arme à double tranchant, tant pour les développeurs que pour la société qui propose ses API. “Il y a, d’une part, cette philosophie d’ouverture et, de l’autre, la nécessité pour la société de garder la maîtrise afin de protéger ses propres intérêts, sa rentabilité ou encore, comme dans le cas de Twitter, sa future entrée en Bourse. Résultat: la société peut modifier à tout moment ses pratiques.” Elle mettra ainsi potentiellement en péril la viabilité voire même le modèle business des développeurs qui se sont appuyés sur ses API.

Pascal Alberty cite deux exemples vécus.

Sa propre société a dû changer d’API en cours de route: “Nous avons d’abord utilisé l’API search. Twitter ayant décidé de modifier le nombre de flux pouvant être captés ainsi que leur fréquence, nous avons recourir dû ensuite à l’API streaming.” Et procéder à de nombreux redéveloppements et adaptations afin de pouvoir exploiter utilement cette API streaming.

Autre exemple: le lancement récent, toujours par Twitter, de la fonction de curation Custom Timelines. Une fonction utile pour les “gazouilleurs” de tous poils (ou plumes) puisqu’elle permet de rassembler très aisément des tweets thématiques pertinents pour chacun. “Mais, ce faisant, Twitter vient par exemple se positionner en concurrent de Storify, du moins dans sa composante Twitter [Ndlr: Storify a été lancée par le Belge Xavier Damman qu’il a d’ailleurs revendue récemment à Livefyre]. Qui dit que Twitter, demain, ne modifiera pas à nouveau les règles, interdisant par exemple à Storify d’agréger autre chose que des tweets?”

Conclusion? “Il faut faire très attention aux règles d’utilisation et aux contraintes imposées pour l’exploitation des API. Il ne faut jamais perdre de vue que tout fournisseur peut changer ses règles ou bloquer l’accès à ses API pour des raisons qui lui sont propres. Ou modifier les conditions financières. Ou encore arrêter carrément le service sous forme d’API. Ou faire faillite… Il faut donc se couvrir contre les risques, se diversifier, prévoir un budget, au cas où les API deviennent payantes…”