Quel avenir pour les “Smart Work Centers mini”?

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Par · 13/05/2013

Difficile pour une initiative telle le “smart work center mini” de se couler dans le moule imaginé tant par la SCRL Smart Work Centers que par Mobispot. Du moins, l’appartenance à un réseau doit-elle encore être soupesée et le modèle économique et les conditions de rentabilisation doivent-ils encore être imaginés. Si le concept de “mini” ne doit pas forcément s’inscrire dans le cadre d’un réseau de tiers lieux de travail pour être intéressant pour ceux qui décideraient de l’exploiter, se priver de cette adhésion en retire un des attraits majeurs qui est celui de la liberté d’itinérance des utilisateurs. A savoir: pouvoir “crécher” dans n’importe quel site avec un seul identifiant qui ouvre la session de travail, qui comptabilise les périodes d’utilisation, etc.

Du “light” trop allégé?

Tel qu’imaginé par Alain Leroy, qui a, pour l’occasion, décroché un subside pour développement de projet auprès de la Région wallonne, le concept de “smart work center mini” se présente comme une solution pré-packagée (voir les composants technologiques choisis), aisée à déployer, minimisant la charge de gestion et d’accompagnement.

Et cela passe notamment par une automatisation complète des contrôles d’accès. Tout télétravailleur désirant utiliser les ressources du site s’identifie via un badge et un identifiant, sur un système intégré à la porte. Il n’est dès lors pas nécessaire qu’une personne soit présente sur le site pour l’accueillir, lui expliquer le fonctionnement des systèmes, lui offrir un support technique immédiat, ou régler les petits soucis du quotidien. Tout le support (technique, helpdesk…) est fait à distance, via recours à des prestataires tiers qui peuvent intervenir, le cas échéant. Le but est de réduire autant que faire possible le coût de mise en oeuvre et les tarifs pratiqués.

Mais cette formule “light”, en biffant le côté présence humaine, n’est pas du goût de Mobispot. La société exige en effet des différents centres qui le rejoignent qu’ils assurent un service d’accueil. “Le fait de garantir aux télétravailleurs de pouvoir compter sur l’assistance de personnes, pour les accueillir, renseigner, voire les aider pour l’une ou l’autre chose, nous apparaît comme indispensable. Lorsque le principe du travail dans un lieu tiers sera ancré dans les mœurs, lorsqu’on dénombrera plusieurs milliers d’utilisateurs habitués, nous modifierons peut-être nos critères”, déclare Pierre Vreuls, directeur de Mobispot. “Nous ne sommes pas opposés à l’idée d’accepter, à terme, le principe d’une identification automatique ou d’un badge mais, à l’heure actuelle, c’est courir à l’échec s’il n’y a personne à l’accueil.”

La SCRL Smart Work Centers tient un discours assez similaire: “nous privilégions une présence humaine”, souligne Henri Fischgrund.

Résultat: le site “mini” de Barchon qui ne dispose pas d’une personne à l’accueil ne rejoindra pas le réseau Mobispot. Contrairement au site “mini” du Sart Tilman, qui peut compter sur une réceptionniste (pendant les heures de bureau).

Deuxième cercle

Alain Leroy remettra son rapport avec le descriptif détaillé du “modèle” Smart Work Center mini d’ici la fin de l’année.

Libre à la SCRL et, en seconde ligne, à la Région de promouvoir et d’utiliser ou non ce modèle pour développer cet axe “mini” à côté du principe central de Smart Work Center.

Couvrir le plus possible du territoire, en priorité le long des axes drainant le plus de transhumance quotidienne…

Dans l’immédiat, Jean-Pierre Marcelle, membre du conseil d’administration de la SCRL (en tant que représentant de FuturoCité/ex-EuroGreen IT), estime que la priorité va à l’augmentation de sites importants: “il faut tenir compte de la taille du territoire.

La zone de chalandise des utilisateurs de Smart Work Centers, c’est-à-dire la densité des navetteurs, se situe dans les grands centres. C’est donc en vertu de ces flux qu’il faut penser les sites de Smart Work Centers. Mais dans la perspective d’une animation du territoire, il ne faut pas négliger pour autant les petits centres urbains ou les villes de campagne. Des sites, tels celui de Barchon, dans des zones moins peuplées ont leur sens s’il se trouve suffisamment de candidats à leur utilisation. Toutefois, à l’heure actuelle, la multiplication des smart work centers mini n’est pas le coeur de cible.”

Pas dans le chef et sous l’impulsion de la Région, en tout cas. C’est au privé, selon Jean-Pierre Marcelle, qu’il reviendra- très logiquement d’ailleurs- de rechercher et veiller à la rentabilité de ce modèle. “De valoriser le service, d’imaginer des outils supplémentaires pour drainer vers ces sites la population d’utilisateurs qui en assurera la rentabilité.”

Ce qui ne veut pas dire que la SCRL rejette l’idée. Un développement en parallèle des deux formules pourrait être poursuivie, dans un souci de complémentarité et de satisfaction de besoins qui ne sont pas forcément tous pareils.

Un public-cible encore à convaincre

De son côté, Alain Leroy imagine que le modèle de “smart work center mini” pourrait convaincre de petits sites, désireux d’ajouter ce potentiel de télétravail à leur espace existant. Et cela pourrait potentiellement être le cas non seulement de petits business centers mais aussi de PME, qui désireraient rentabiliser une partie de leur espace utile, ou d’autres sites en quête de nouveau modèle de rentabilité. Voir à cet égard notre article Télétravail cherche modèle rentable.

Alain Leroy: “Les PME doivent encore adapter leur mode de fonctionnement.”

Les PME pourraient par ailleurs être une source de clientèle pour les sites “mini” mais, souligne Alain Leroy, elles ne sont pas encore habituées à travailler de la sorte. Si les indépendants, le personnel des grandes entreprises, se sont déjà adaptés, peu ou prou, à la “virtualisation” du lieu de travail, se contentant de tout lieu disposant d’une connexion Internet, ce n’est pas encore le cas, selon lui, des responsables et collaborateurs de PME. “Elles devront nécessairement adapter leur mode de fonctionnement.”

Terminons en ajoutant, comme nous le soulignions en début d’article, que le modèle économique d’un “smart work center mini” est encore à l’étude. Et à cet égard, les paramètres seront sensiblement différents selon qu’il opère et soit implémenté en mode autonome, sans inclusion dans un réseau, ou qu’il s’inscrive par contre dans le cadre d’une structure. Un réseau amène divers avantages (gestion centralisée des utilisateurs…) mais implique aussi des frais de départ supplémentaires (cotisation d’adhésion, équipement supplémentaire pour l’identification des utilisateurs…).

Alain Leroy estime que les conditions d’adhésion au réseau wallon de Smart Work Centers sont trop lourdes pour un site “mini”: 3.000 euros pour adhérer au réseau, engagement pour 3 ans (même si lui a pu négocier, de manière exceptionnelle un engagement d’un an, reconduisible), plus la location de la plate-forme de gestion (WiMesh).

La SCRL qui pilote ce réseau est évidemment d’un autre avis, arguant que ce coût donne accès aux services de gestion centralisée et que le surcroît de services est de nature à attirer davantage les utilisateurs. “Le coût de franchise peut sembler lourd tant que le nombre d’utilisateurs est limité mais la rentabilité est possible avec à peine quelques dizaines d’utilisateurs.”

Alain Leroy, lui, a fait ses calculs. Pour rentabiliser l’investissement global consenti pour l’édification du site de Barchon (frais de franchise, location de la plate-forme technique gérée par WiMesh, investissements dans le bâtiment, le matériel et l’entretien), “il faudrait une occupation de plus de 11 heures par jour”. En tablant sur un tarif de 3 euros par heure demandé aux utilisateurs.


 

“Framework” mini

L’idée de départ était de recourir à une solution Aastra. Mais cette dernière n’étant pas encore disponible en version hébergée (cloud), Alain Leroy s’est tourné vers… Microsoft et son Lync Online “qui permet à des sociétés différentes [ou dès lors groupes différents d’utilisateurs] d’échanger gratuitement via une même plate-forme”. La solution procure des potentiels de travail collaboratif, de vidéo, de détection de présence ainsi qu’une gestion séparée des comptes utilisateurs.

S’y ajoute une tableau blanc “hybride”, fonctionnant comme tableau blanc classique et comme surface interactive (via marqueurs numériques équipés d’une micro-caméra qui assure un repérage par rapport à la grille de coordonnées intégrées au tableau). Le tableau, intégré à la solution Lync, peut ainsi servir d’écran pour vidéoconférence, de surface de travail collaboratif sur dossiers…

En termes de connectivité Wi-Fi, les deux sites disposent d’un hotspot qui leur est propre. Alain Leroy doit encore évaluer l’intérêt qu’il y aurait à recourir à la solution de hotspot WiMesh [choisie par le réseau wallon de smart work centers] afin de bénéficier, par la même occasion, d’une gestion intégrée des sessions et de la comptabilisation des services prestés.

Côté support, la réceptionniste du site “mini” du Sart-Tilman pourra prendre des appels venant du site de Barchon. De même, des communications (audio ou vidéo) via Lync pourront se faire avec un personnel de support opérant à distance (secrétaire, comptable, support technique…).