Startups.be: l’asbl est née. Reste à concrétiser l’essai

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Par · 19/03/2013

Après son pré-lancement en 2012 (voir l’article que nous y avions consacré), Startups.be prend petit à petit forme. Son rôle, déjà esquissé en 2012, est défini comme suit: “to help tech entrepreneurs to be successful by providing quality access to service providers, business partners, customers and investors. Through our joint network, we connect startups and technology, create critical mass and international exposure and help develop the entrepreneurial climate.”

L’initiative, qui a la particularité de faire abstraction de toute frontière linguistique belgo-belge, vient en effet de se constituer en asbl, à l’instigation de 12 personnes- entrepreneurs ou personnes actives dans l’accompagnement de start-ups. Certaines ne représentant pas forcément les organisations pour lesquelles elles travaillent. Parmi ce groupe de 12, côté francophone, des noms connus tels qu’Antoine Perdaens (Knowledge Plaza), Damien Hubaux (CETIC), Olivier Verbeke (Idealy, Nest’Up), Alain Heureux (IAB, InSites Consulting), Ramon Suarez (Beta Group), et Sylvie Irzi (Initiative Media).

Trop is te veel

Startups.be- répétons-le, une initiative de dimension nationale- vise à instaurer plus de lisibilité, de cohérence et de coordination dans le petit monde bouillonnant des start-ups, incubateurs, “accélérateurs”, organismes d’aides, initiatives de coaching, boostcamps, etc. etc.

Startups.be se propose d’être un “facilitateur”, la plate-forme via laquelle des activités de support aux jeunes entrepreneurs seront coordonnées et pilotées. L’idée n’est pas de faire double emploi mais au contraire d’orienter plus efficacement les demandes (d’aide, de conseil, d’accompagnement, de support…) vers les bons interlocuteurs.

Voici comment Karen Boers, directrice de Startups.be et ex-responsable marketing à l’IBBT (devenu entre-temps iMinds), présente la chose: “Les activités de l’asbl viseront avant tout à donner une meilleure vision d’ensemble du paysage existant en matière de services d’accompagnement pour start-ups. Et elles sont nombreuses! Mais, au quotidien, les néo-entrepreneurs semblent bien ne plus pouvoir trouver leur chemin dans cette forêt et sont incapables de déterminer à qui s’adresser pour obtenir une réponse à leur situation spécifique.”

Voilà pourquoi Startups.be propose de mettre en oeuvre une plate-forme de “mise en relations” où les néo-entrepreneurs “puissent trouver d’autres entrepreneurs actifs sur la scène des nouvelles technologies, des partenaires ou collaborateurs potentiels, des programmes, organismes et outils de support- “bootcamps”, programmes d’incubation, de coaching…-, ainsi que des instruments de financement et des investisseurs.”

Convaincre de la valeur ajoutée

Bien entendu, l’efficacité de la démarche dépendra dans une large mesure du dynamisme et de l’ouverture avec lesquels les différents acteurs “joueront le jeu”. A cet égard, l’asbl doit encore prendre son bâton de pèlerin et s’en aller convaincre organismes et acteurs en tous genres de se signaler sur la plate-forme et d’annoncer, par ce biais, leurs propres événements et activités.

Il est également question d’organiser des débats, des ateliers, de “coordonner la mise en oeuvre d’activités et programmes communs”.

“Deux à trois fois par an, nous avons l’intention de rassembler la communauté lors d’un événement de matchmaking où les différents acteurs pourront se rencontrer. Nous l’avons déjà fait, pendant notre période de lancement, lors du Tech Startup Day [19 avril 2012]. Ce genre d’événement est l’occasion d’organiser des ateliers pratiques au cours desquels les membres de Startups.be collaborent entre eux afin de partager leurs bonnes pratiques et expériences. Outre les ateliers, l’événement inclut aussi des exposés d’orateurs invités et des séances de pitching.

Tisser des liens et susciter la coopération entre acteurs exigera bien entendu autre chose que l’une ou l’autre rencontre épisodique. “Nous voulons stimuler la concertation entre membres, une réelle collaboration structurelle. Souvent, ils ne sont pas suffisamment au courant de ce que font les autres organismes. Résultat? On loupe l’opportunité de faire certaines choses en commun et, ce faisant, la chance de générer un effet d’échelle.”

La présence conjointe de start-ups belges au récent salon LeWeb de Paris (décembre 2012), invitées en parallèle par l’AWT, l’ABE et iMinds, fut un premier exemple d’exercice de coordination “intelligente”. “Cela paye de faire la démarche en commun, en particulier lorsqu’il s’agit de se présenter sur la scène internationale”, souligne Karen Boers. “La valeur ajoutée de l’exercice a été reconnue par toutes les parties concernées. Il pourra très certainement être répété.”

Le discours s’inscrit ainsi à contre-courant, misant et plaidant pour la recherche d’intérêts communs aux trois Régions. De quoi dépasser “les limites qu’implique une approche régionale” et “combiner les forces des différentes régions.”

La neutralité comme argument

Au-delà de réflexes régionaux, l’un des gros défis que devra relever l’initiative sera de mobiliser les multiples acteurs potentiellement concernés. “Nous voulons rassembler aussi bien les initiatives qui viennent de la base que les organisations publiques et semi-publiques. En tant qu’acteur neutre, l’asbl peut procurer un forum où l’ensemble de l’écosystème pourra se concerter.”

Karen Boers: “L’asbl peut procurer un forum où l’ensemble de l’écosystème pourra se concerter.”

C’est dans cette même optique de neutralité, tient à souligner Karen Boers, que l’asbl sera pilotée par un comité de direction composé d’entrepreneurs, “hommes et femmes de terrain, qui ont fait leurs preuves et qui disposent d’un puissant réseau national et international. Des personnes qui inspirent mais aussi qui puissent ouvrir des portes, faire office de relais vers des sponsors potentiels, des investisseurs et des orateurs internationaux.”

Condition, une fois encore: que la participation soit active et équilibrée.

La sauce doit encore prendre…

Nombre de choses doivent encore être précisées et formalisées: mode de collaboration entre les différentes parties prenantes, périmètre d’action, financement… Ainsi, on peut encore lire cet avertissement sur le site: “We’ll need a couple of months to prepare our fully-operational matchmaking platform and start organizing activities and events in close collaboration with our partners.”

Pour l’heure, une vingtaine de partenaires ont adhéré à l’initiative (voir ci-dessous). Mais, souligne fort à propos Karen Boers, “ce n’est pas encore là un échantillon représentatif. Il s’agit en effet d’un groupe qui s’est formé de manière organique et quasi au hasard des contacts. Il faut bien commencer quelque part! Au cours des prochains mois, j’essaierai d’approcher le plus possible d’organismes. Dans ce registre, les membres du comité de direction joueront un rôle important. Tout comme quiconque est prêt à jouer les ambassadeurs…”.

Côté financement, l’asbl semble vouloir miser sur plusieurs registres: financement de projets (mise en oeuvre de la plate-forme, par exemple), recherche de sponsors, apports “limités” des adhérents, revenus tirés de l’organisation d’événements. La plupart des activités, toutefois, continueront d’être organisées par les organismes existants et ceux qui seraient initiés par Startups.be le seraient “en étroite collaboration avec les membres.”

Par ordre alphabétique:  Agentschap Ondernemen, Agoria, BetaGroup, BizIdee, Brussels Enterprise Agency (ABE), BRYO (Bright Young Enterpreneurs), Business Angels Netwerk Vlaanderen, Co-Learning, IAB, iCubes, iMinds, Innovatiecentrum, Kaai IB, Mobile Vikings, Nascom, Sirris, The Egg, TIE Brussels, WeStartup, Wijs.

Vous l’aurez compris, tous ne sont pas commercialement neutres. Et la représentation francophone laisse encore franchement à désirer.