Les acteurs B2B, les moins bien “chaussés” de l’e-commerce

Hors-cadre
Par · 11/01/2016

L’analyse nous vient d’un observateur international, en l’occurrence Sana Commerce, partenaire SAP et Microsoft pour des solutions e-commerce sur les marché de la distribution et de l’industrie manufacturière: “plus de la moitié des grossistes et des sociétés industrielles belges ne vendent pas leurs produits en-ligne”.

Le “Sana B2B e-Commerce Monitor 2015”, une étude internationale menée auprès de quelque 520 décideurs e-commerce, se concentre sur le degré de pénétration du commerce électronique entre acteurs professionnels (B2B). Elle en conclut que les acteurs belges encourent un certain retard sur leurs homologues étrangers. Toutefois, le tableau est loin d’être totalement noir: en termes de pénétration de l’e-commerce auprès d’acteurs B2B, notre pays se classe en effet 5ème dans l’étude internationale (7 pays concernés: Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Autriche et Etats-Unis).

Taux de pénétration en Belgique: 46%.

Etats-Unis: 64%

Pays-Bas: 52%

Royaume-Uni: 50%

Allemagne: 47%.

L’industrie à la traîne

Les pourcentages varient évidemment d’un secteur à l’autre, ceux de la mode et de la fabrication de pièces détachées sont les mieux lotis, à cet égard.

C’est le secteur industriel qui ouvre le moins ses portes à l’e-commerce – un constat valable dans tous les pays: d’une manière générale, 85% des fabricants industriels ne vendent pas en-ligne.

Les plus réfractaires sont les industriels opérant dans les secteurs de l’automobile et de la construction.

Les chiffres pourraient toutefois progresser d’ici 2018, si l’on en croit les déclarations des responsables interrogés dans le cadre de l’étude: 25% des acteurs B2B non encore convertis à l’e-commerce envisagent des investissements cette année et un peu plus de 40% disent vouloir développer un site transactionnel à partir de 2017. Si on réduit la perspective aux trois pays du Benelux, le pourcentage d’acteurs désireux de se lancer d’ici 2018 est de 50%.

Tous pays confondus (les 7 concernés par l’étude de Sana), 15% des décideurs interrogées déclarent toutefois tout de go ne jamais vouloir se mettre à l’e-commerce.

Toujours tous pays confondus, les principaux freins au développement d’une stratégie e-commerce évoqués sont, par ordre d’importance: les difficultés d’intégration avec les systèmes ERP et la sécurité informatique. Suivent la (non-)disponibilité d’informations temps réel pour le processus de commande et la nécessité de personnaliser ce processus.

L’ordre dans lequel ces raisons sont citées est quelque peu différent pour les sondés belges: la sécurité arrive en première position, suivie à la nécessité de procéder à une adaptation pour un métier ou des activités jugées spécifiques, et, en troisième position, l’intégration avec le système ERP.

Une conviction, souvent erronée, que les clients ne sont pas demandeurs.

Les freins sont aussi, pour partie, une question de – fausse – perception, notamment cette “impression”, voire conviction, qu’ont de nombreuses entreprises (39% des réponses parmi les réfractaires de l’enquête Sana) que l’e-commerce n’est pas adapté ou pertinent pour leur type d’activités. Une réaction déjà souvent relevée (c’est par exemple une constante des études réalisées chez nous par l’ADN, ex-AWT) (v. note bas de page). Mais ce que l’étude Sana révèle en la matière, c’est que cette réaction (ou cette excuse) n’est pas propre, loin de là aux acteurs plus modestes (PME). Ce qui, bien entendu, n’est pas une consolation…

Les hésitations que marquent les acteurs industriels belges face au déploiement d’une solution e-commerce (éventuellement en remplacement d’une solution antérieure) sont également motivées par des raisons davantage liées aux compétences ou processus internes. Interrogés par exemple sur les défis d’implémentation, les participants à l’enquête ont pointé en priorité la nécessité peu réjouissante de devoir réorganiser leur équipe commerciale. Deuxième raison invoquée: la crainte de rebuter… les clients qui devraient se familiariser avec un nouveau mode d’interaction. Troisième raison: la difficulté que représenterait l’engagement d’un spécialiste e-commerce.

(1) Relire deux articles traitant de ce déficit de pénétration e-commerce chez nous:– e-commerce: les chiffres ne pardonnent pas – Baromètre AWT 2014 – e-commerce: des entreprises wallonnes trop frileuses