Trois “Co-Entrepreneurs Weekends” à l’automne

Hors-cadre
Par · 16/07/2013

En 2012, après deux éditions à Bruxelles, les Startup Weekends avaient fait une première incursion en Wallonie. A Mons, d’abord. A Liège, ensuite. L’un des partenaires de ces deux événements avait été l’ASE (Agence de Stimulation Economique).

Bien que le bilan de l’expérience (en termes de participants et de nombre de projets présentés) ait été jugé positif, certains aspects sont toutefois apparus comme lacunaires, voire inadaptés à la scène locale. L’ASE a donc décidé de se désolidariser des Startup Weekends dans leur formule américaine (Institut Kaufmann) et d’initier une version remaniée, baptisée CoEntrrepreneur Weekend.
Explication.

Les points positifs

Aux yeux de Vincent Bovy, directeur général de l’ASE, les deux Startup Weekends n’ont en rien été des déceptions, compte tenu du nombre de participants (77 à Mons, 104 à Liège), du nombre de projets “pitchés” (respectivement 34 et 36) et des équipes qui se sont formées l’espace d’un Weekend (21 en tout).

Parmi ces projets, certains ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu, menant au lancement de start-ups (telles que BetterStreet) ou d’initiatives encore en cours de montage. Certains des participants ont poursuivi leur effort en participant à un Boostcamp du MIC ou à Nest’Up. D’autres ont été gagnés par le virus de l’entrepreneuriat et réfléchissent à l’un ou l’autre projet.

Les “peut mieux faire”

Côté moins positif du bilan tiré des Startup Weekends, il y a cette double impression que le modèle est trop rigide, “très construit… à l’américaine”, et que les événements ne s’inscrivent pas suffisamment dans un esprit de formalisation des étincelles qui peuvent y naître.

Côté “modèle rigide”, les Startup Weekends doivent en effet suivre les règles édictées par la Fondation Kauffmann. Licence oblige. Un peu comme les règles qui balisent les séries de téléréalité et jeux-concours en tous genres qui sont exportés vers d’autres pays. L’accord de licence concerne essentiellement l’axe et le scénario communications, pour lesquels l’ASE estime que ce fut, somme toute, cher payé pour les efforts produits (l’organisation et la mobilisation ont été à charge des partenaires locaux) et les résultats engrangés.

“La formule impose certaines contraintes. Nous voulions avoir davantage les mains libres”, explique Vincent Bovy. Notamment “pour mieux sélectionner les projets.” Mais aussi – et de manière plus fondamentale – pour éviter que chaque Weekend ne soit qu’un “one-shot”, non suivi d’effets. “Il ne s’agit pas de faire un feu d’artifice. Il faut s’inscrire dans la continuité. A l’issue du Weekend, on reste un peu sur sa faim. Il s’agit de réfléchir aux orientations et perspectives futures à donner aux projets participants. Il ne faut pas les laisser au milieu du gué.”

CoWe d’innovation

D’où l’idée de se baser sur certains éléments des Startup Weekends mais en modifiant la recette.

Voici donc venir les “CoEntrepreneurs Weekend”.

Ce qui est maintenu? Le “format” d’un week-end (54 heures), l’idée de travailler en équipe, un encadrement par des coachs (mais avec davantage d’ateliers sans doute que lors des Startup Weekends).

Les différences?

Une volonté de structurer davantage ce genre d’événement, d’agir dans un réel esprit de promotion de l’entrepreneuriat et de la création d’entreprise, d’inscrire les Weekends dans une perspective à plus long terme des projets, de mieux sélectionner les projets et idées. Pour reprendre les termes de Ben Piquard, patron du MIC (qui sera l’un des partenaires): “il s’agit de construire une boîte à outils, avec un certain nombre de délivrables.”

“La sélection [des projets] est un aspect important”, souligne pour sa part Vincent Bovy. “Non pas pour être plus strict, en soi, mais dans une perspective de création.” Notamment pour justifier davantage l’encadrement mis en oeuvre. “Il faut viser des projets les plus mûrs possibles.” L’accompagnement doit donc être plus concret, pragmatique et efficace. Tant pendant le week-end qu’au-delà.

Là où les projets proposés aux Startup Weekends sont souvent du brut de décoffrage, avec des idées parfois à peine ébauchées ou réfléchies, les CoEntrepreneurs Weekends veulent éviter que “l’emphase se porte trop sur les projets les plus “populaires”, au détriment de critères de fond. Il ne s’agit pas de supprimer l’aspect fun et populaire de ce type d’événement mais c’est insuffisant… Comment en effet une idée brute pourrait-elle déboucher sur du concret après 54 heures? Comment pourrait-elle susciter un travail pointu, efficace, en équipe?”

Outre leur caractère innovant (mais pas nécessairement high-tech), les projets proposés devront “démontrer un potentiel de création d’activité.”

Le parcours d’un CoEntrepreneur Weekend, étalé sur trois jours: en bleu foncé, la soirée du vendredi; en bleu clair, le programme du samedi; en orange, les points forts du dimanche.

“Le but des CoWe”, explique pour sa part Ben Piquard, “est de rassembler les acteurs de l’entreprenariat dans chaque ville et d’offrir aux candidats entrepreneurs un parcours pratique d’un week-end afin qu’ils puissent développer concrètement leur idée de projet.

Il s’agit donc également d’une introduction mais plus concrète (chaque participant développe son projet, dans un esprit collaboratif, non-compétitif, formule des délivrables pratiques durant le week-end, bénéfice de la participation d’orateurs inspirants…). Les CoWe sont ouverts à tous les types de projets et pas exclusivement IT, même si l’IT peut accélérer des business non-IT.”

Les deux formules, somme toute, sont relativement proches l’une de l’autre. N’y a-t-il pas là risque de redondance, de confusion, de “brouillage de cartes”? “Même si l’on peut penser que les Startup Weekends et les CoWe se concurrencent, nous faisons le pari d’une vraie complémentarité”, déclare Ben Piquard. “Les Startup Weekends, que j’ai toujours défendus, sont par nature plus geek et plus axés sur la compétition, les CoWe, eux, sont ouverts à tous et mettent l’accent sur de vrais déliverables, permettent de se poser les bonnes questions lorsque l’on a un projet à démarrer…”

L’ASE, en tout cas, insiste sur le fait que le Weekend doit être le début d’un processus. “Si les projets sont mûrs, il faut pouvoir en assurer le suivi, une fois le Weekend terminé, les faire bénéficier d’outils tels que les bourses d’innovation ou de préactivité, mieux les faire accompagner par les partenaires locaux en création, animation et accompagnement économique…” Les porteurs de projets doivent en repartir avec des outils, méthodes, conseils, idées, listes de contacts…

Et ce, dans “tous les bassins d’activités” de la Région. Afin de générer un goût d’entreprendre plus massif en région wallonne (dixit Ben Piquard).

Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes via le site de l’initiative.

L’agenda

Dans un premier temps, trois Co-Entrepreneurs Weekends se dérouleront en Wallonie:

– à Mons d’abord, du 4 au 6 octobre

– à Louvain-la-Neuve ensuite, du 22 au 24 novembre

– à Liège enfin, du 6 au 8 décembre.

Si l’expérience est jugée positive, elle pourrait être essaimée en d’autres points de la Wallonie (Namur et Charleroi sont déjà citées) mais sans qu’il y ait pour autant une volonté de multiplier les points de chute pour le simple plaisir. “Nous modéliserons l’initiative afin d’en faire quelque chose de transversal. On avancera en fonction des partenariats avec les acteurs locaux.”

Les partenaires des “CoWe”

L’ASE, en sa qualité d’animateur économique, est donc à la barre et compte bien impliquer étroitement, et de manière pragmatique, les différents relais régionaux que sont les CEEI, les Intercommunales de développement économique, les Chambres de commerce, l’UCM…

C’est ainsi que le premier CoEntrepreneurs Weekend (Mons) s’appuiera, outre l’ASE et le MIC, sur l’action de la Maison du Design, de la Maison de l’Entreprise, de Progress, de Co.nnexion (en gros, d’ailleurs, les mêmes acteurs que ceux qui s’étaient manifesté lors du Startup Weekend 2012).

A Louvain-la-Neuve, on retrouvera sans doute le CEEI. Quant à Liège, HEC, le CIDE-Socran et 1.2.3.Go se sont déjà déclarés partants.