Numeri’zik: les ambiances “muzak” font place à la médiadiffusion dynamique

Portrait
Par · 20/12/2012

La jeune société tournaisienne Numeri’zik déploie, depuis cet automne, un “réseau audiovisuel diffuseur de publicité locale pour les commerçants et indépendants”. Le tout sur base d’une technologie maison de programmation de radios Web. Voir, à cet égard, le portrait que nous consacrions au projet dès juin 2012.

De la radio Web au marketing multisensoriel

Depuis l’été 2011, Guillaume Tilleul, informaticien passionné de musique et de radio, planche sur un projet de radio d’entreprises Web qui lui vaut d’ailleurs de décrocher un Prix B2B à l’un des Boostcamps organisés par Microsoft.

Très tôt toutefois, les contraintes du terrain (longueur des cycles de décision, “évangélisation” encore à faire du côté des PME…) le poussent à réorienter son business plan et la teneur-même de son projet. Ce sera là l’un des objectifs de son passage par le programme DIV Dragon (co-piloté, à l’époque, par le MIC et Eurogreen IT et désormais mis sur une voie de garage).

S’il n’a pas abandonné son idée de départ et compte s’y atteler à nouveau à terme, il semble aujourd’hui avoir mis le doigt sur un filon porteur qui lui permet de démarrer réellement ses activités.

Le nouveau “modèle”? La mise en oeuvre d’un réseau de diffusion audiovisuel, basé sur le Web, destiné aux commerçants et enseignes qui désirent doper leur profil de proximité. Numeri’zik leur fournit une solution intégrée (matériel, logiciels, périphériques), la programmation, les services d’administration et une offre réellement multimédia. Ou, plus exactement, multi-contenu.

Alors que l’idée de départ se limitait à la programmation et à la diffusion de contenus audio (radio), Guillaume Tilleul vise aujourd’hui beaucoup plus large et positionne Numeri’zik comme un “créateur de marketing sensoriel”. Les sens impliqués: l’oreille (programmes radio), la vue (capsules vidéo, affichages de messages visuels…) et le nez (à des fins de marketing olfactif).

La solution NBox d’origine (voir les détails en encadré) a, pour ce faire, été sensiblement adaptée.

Outre les éléments de diffusion de contenus audio et vidéo, ce matériel dédié intègre désormais un système de contrôle de diffusion de parfum (pour associer les produits proposés en magasin à un parfum sensé influencer ou séduire l’acheteur). La “box” est par ailleurs couplée à une cellule photo-électrique qui autorise le comptage des clients franchissant le périmètre du magasin ou de l’espace (galerie commerciale, par exemple). “Le logiciel de comptage, développé par Numeri’zik, a une double finalité”, souligne Guillaume Tilleul. “Il permet par exemple à un commerçant de déterminer quel pourcentage de chalands se transforment en acheteurs. Il peut ainsi adapter au besoin les messages diffusés ou ses campagnes de marketing olfactif afin d’améliorer les ventes. De notre côté, les statistiques générées nous permettent de savoir quel public a été atteint par les messages publicitaires diffusés par les annonceurs via le réseau.”

Serveurs-orchestre

La solution installée sur le site du client est alimentée par les serveurs de Numeri’zik. La société prépare et planifie en effet l’ensemble des programmes et les télécharge quotidiennement vers les NBox. Ces dernières disposent donc de la programmation du jour (musique, messages promotionnels, météo, infos locales…) et peuvent opérer même en cas de rupture de connexion Internet. “Le principe de mise à jour quotidienne permet de rafraîchir les programmations mais est surtout économe en bande passante. Les chargements de programme s’effectuent dans des tranches horaires où le client n’a pas besoin de sa bande passante pour d’autres tâches”, souligne Guillaume Tilleul.

Les programmes musicaux sont concoctés par Numeri’zik, le client pouvant choisir les flux audio qui correspondent à ses goûts et/ou à ceux de sa clientèle. Moyennant un surcoût, il peut même demander à Numeri’zik de lui créer des flux audio personnalisés, qui le différencieront de la programmation générique à laquelle ont droit tous les clients.

Côté “vidéo”, le principe est le même: le client peut confier un contenu à Numeri’zik qui l’insérera dans la programmation audiovisuelle ou demander à la société de lui créer du contenu. Ce contenu peut prendre la forme de spots vidéo, de présentations Powerpoint… qui lui serviront de matériel promotionnel qu’il fera ainsi diffuser dans ses propres enseignes ou auprès des commerçants voisins de son choix.

Le service (programmation et diffusion) est assuré par Numeri’zik via un abonnement (qui couvre la création des contenus) et l’achat de “slots” publicitaires. Une agence immobilière tournaisienne a ainsi décidé de diffuser un écran publicitaire pendant 15 jours dans divers magasins de proximité, en mettant quotidiennement à jour le contenu des biens proposés. Autre exemple: un commerçant diffuse sa publicité pendant plusieurs jours dans des boutiques se situant à proximité, en opérant par tournante. Des professionnels indépendants peuvent aussi programmer un message publicitaire qui fera leur promotion dans les commerces de la région. Le complexe cinématographique Imagix de Tournai diffuse ses propres annonces et publicités via un film. Le centre commercial de Froyennes diffuse des bandes sonores dans l’espace parking attenant au centre. Deux magasins de puériculture ont commandé une programmation réservée aux enfants de 2 à 6 ans.

La proximité dans tous ses états

“Notre facteur de succès est la vitesse de déploiement de notre réseau”, déclare Guillaume Tilleul. Autrement dit, si Tournai est sa zone de départ, l’extension à d’autres villes et régions est clairement un objectif à court terme. Un commercial démarche déjà les villes de Mons, La Louvière et Charleroi. Autre étape: Louvain-la-Neuve.

Guillaume Tilleul: “Notre facteur de succès est la vitesse de déploiement de notre réseau”.

Les autres villes francophones suivront, sans doute confiées à des revendeurs. “Dans la mesure où notre modèle repose sur le concept de proximité et de publicité locale, il nous faut en effet pouvoir compter sur des personnes qui connaissent bien chaque ville et peuvent y placer les produits.” La société déclare d’ores et déjà vouloir viser le marché néerlandophone, si possible dès la fin du premier semestre 2013.

Numeri’zik a par ailleurs déjà fait une incursion en France, à Lyon et à Brest. Outre-Quiévrain, la voie de pénétration sera celle de distributeurs, opérant en mode franchise. Il devrait ainsi y avoir un distributeur par département.

Les petits commerçants et espaces commerciaux locaux ne sont pas les seuls à vouloir faire jouer la fibre “proximité”. L’une des prochaines cibles de Numeri’zik sera les grandes enseignes et chaînes de distribution, du genre Carrefour ou Intermarché. Certes, ces magasins ont souvent déjà déployé des animations audio ou d’autres solutions d’autopromotion mais Guillaume Tilleul se dit convaincu que son offre intégrée lui donne un atout nouveau. D’autant plus, selon lui, que ces grands groupes recherchent désormais à retrouver de la proximité avec leurs clientèles locales. Loin des messages génériques “one-type-fits-all”.

Par ailleurs, Guillaume Tilleul n’a pas relégué aux oubliettes son projet de radios Web pour (petites) entreprises. Même si le travail de conviction des cibles est un chemin plus long que prévu au départ.

Premier tour de table

Après plus d’un an de travail sur le projet, la société Numeri’zik a vu le jour en mai 2012. Elle a été fondée en duo par Guillaume Tilleul qui portait jusque là seul le projet et Frédéric Geurts, qui fut son coach pendant le programme DIV Dragon (il venait de l’équipe d’Idealy).

Pour ses premiers pas, la société a levé, ces derniers mois, des fonds auprès de WapInvest et de Novallia (50.000 euros chacun) et a bénéficié, hors quelques investissements privés, d’un crédit d’investissement et d’un prêt leasing Belfius. Au total, les 240.000 euros réunis ont été mis à profit pour effectuer deux premiers recrutements: un directeur commercial et un directeur de production, ce dernier se chargeant des installations techniques et de leur suivi. L’équipe est encore complétée par 4 indépendants chargés des installations physiques et de la création des contenus audio-vidéo. Quelques profils marketing supplémentaires (en APE) devraient venir s’y ajouter, au premier semestre 2013, afin de démarcher les commerçants, notamment dans le Hainaut et le Brabant wallon.

Numeri’zik projette de procéder à un nouveau tour de table en 2013 afin de financer l’extension de ses activités à d’autres régions. Tant en Belgique qu’à l’étranger.


Solution intégrée de gestion de stream audio/vidéo

La solution développée par Numeri’zik s’appuie essentiellement sur sa NBox, un matériel dédié, qui pilote toutes les fonctionnalités de gestion de streaming audio/vidéo, et sur le logiciel de programmation de flux audiovisuels RobotStream, qui permet d’animer une radio Internet en orchestrant la diffusion des flux audio, vidéo, des publicités, etc.

Outre un ordinateur connecté aux serveurs Numeri’zik par Internet et installé chez le client, la solution NBox inclut des haut-parleurs, un écran vidéo (14 ou 21”), une cellule photo-électrique permettant d’analyser le flux de clientèle.

Les serveurs de Numeri’zik sont le réel coeur du réseau. Ce sont eux qui stockent et gèrent les installations de chaque point de vente et se chargent de mettre à jour, charger et resynchroniser les contenus.

A noter encore que Numeri’zik a passé un accord avec la Sabam qui lui permet d’agir en son nom pour la collecte des droits d’auteur. Leur coût est dès lors intégré aux tarifs proposés aux clients (commerces, indépendants, professions libérales, secteur horaca), ce qui leur évite de devoir se préoccuper de cet aspect, légalo-administratif, des choses.