e-commerce: entre progrès et réticences tenaces

Pratique
Par · 22/02/2017

Damien Jacob, consultant spécialisé en e-commerce, a procédé à une réactualisation de son étude du secteur du commerce électronique B2C belge (pas d’analyse des chiffres B2B, par contre, pour cause d’“impossibilité à isoler statistiquement les données B2B” (voir note ci-dessous).

S’appuyant sur les derniers chiffres de la BCE (Banque Carrefour des Entreprises) et du SPF Finances, il annonce le chiffre de 2.588 e-commerçants belges, soit une augmentation de 15% entre décembre 2014 et décembre 2015.

Les chiffres, on le voit, datent “un peu”. Par extrapolation, il estime que, désormais, leur nombre est “probablement proche des 3.000”.

A ces 2.500 “pure players”, il faut encore rajouter les e-boutiques opérant sur le sol belge mais créées par des opérateurs étrangers. Ces e-shops non-belges, enregistrées auprès de la BCE, sont au nombre de 1.038.

Augmentation sensible

Une hausse de 15% du nombre de “pure players” B2C en l’espace d’un an, c’est un rythme de création assez élevé. En l’occurrence, “deux nouvelles entités créées chaque jour (essentiellement des indépendants), pour un arrêt d’activité chaque jour.”

Comment se répartissent ces 368 nouvelles e-shops? On les retrouve (très) majoritairairement en Flandre: 243 (avec la concentration la plus forte en province d’Anvers), contre seulement 89 en Wallonie et 34 à Bruxelles.

Les totaux régionaux affichent des rapports de force similaires: 1.618 e-commerçants flamands, 718 wallons et 258 bruxellois.

“A titre de comparaison, sur base des mêmes critères, 247 pure-players e-commerce BtoC sont situés au Grand-Duché de Luxembourg. Celui-ci accueille donc autant d’activités en ligne qu’en Région Bruxelles-Capitale, territoire pourtant nettement plus peuplé.”

Les Wallons se rattrapent un tantinet si l’on étudie la concentration par arrondissement: Tournai et Huy figurent parmi les arrondissements les mieux achalandés, si on ose dire. En Flandre, le champion est l’arrondissement de Turnhout. Damien Jacob y voit un lien de cause à effet entre le lieu d’établissement (virtuel) et la proximité d’une Haute Ecole dispensant un enseignement orienté e-business.

 

Par contre, le nombre d’arrêts d’activités est quelque peu plus élevé en Wallonie qu’en Flandre – autre statistique peu encourageante. Il y en a déjà moins et elles disparaissent un peu plus que leurs homologues. Ce qui amène Damien Jacob a réitéré un appel qu’il avait déjà lancé l’année dernière: “il semblerait dès lors judicieux que des actions publiques soient entreprises en Wallonie en particulier, d’une part, pour augmenter le nombre de projets et, d’autre part, pour aider les entrepreneurs en e-commerce existants à renforcer leurs activités et à s’étendre.”

La carte des concentrations d’implantations peut être visionnée sur le site de Retis.

Plus d’informations et de décorticage de chiffres (notamment sous l’angle des emplois concernés) via le site de Retis.


A noter aussi que l’analyse ne porte que sur le seul secteur de la vente au détail et exclut les entreprises “click & mortar” (magasins physiques) qui ne vendent que “marginalement” des produits en-ligne. Autre précision apportée par Damien Jacob au sujet de la méthodologie suivie: “ces chiffres ne correspondent pas au nombre d’e-shops belges, qui nettement plus élevé: certains e-commerçants gèrent plusieurs e-shops, certaines boutiques en-ligne ne sont pas déclarées…”  [ Retour au texte ]


La présence avant l’action

261 commerçants wallons et bruxellois ont été interrogés par l’UCM et Inoopa ) propos de “leur perception et leurs attentes concernant la présence sur internet et l’e-commerce.”

Principales conclusions?

Les chiffres de ce sondage rejoignent ceux cités par Damien Jacob: “moins d’un commerçant sur cinq (19,6%) pratique l’e-commerce et, quand c’est le cas, cela représente rarement plus de 10% du chiffre d’affaires.”

Les auteurs de l’enquête se sont intéressés aux raisons qui expliquent ce faible résultat. Raisons les plus invoquées?

– impression que l’aventure sera (trop) coûteuse et (trop) complexe: 65,1% des réponses

– doutes sur l’opportunité de se lancer dans la vente en-ligne: 43,9%

– ignorance sur la manière de se lancer: 24,2%.

Sans aller jusqu’à la vente en-ligne, les commerçants se disent par contre davantage convaincus de la nécessité d’une “présence en-ligne” (qui peut n’être qu’un site vitrine, non transactionnel, ou une page Facebook). En effet, seuls 24,1% disent encore avoir des doutes sur l’utilité d’une telle présence.

Quelques chiffres?

– 64,6% des commerçants disposent d’un site Internet

– 82,8% ont créé au moins une page sur un média social

– 47,9% disent avoir l’intention d’investir dans de la visibilité Web.