Pastel: plate-forme d’(entr-)aide aux études, “par et pour” les étudiants

Pratique
Par · 22/10/2021

Depuis quelque temps, un nouveau site, aux petit airs de LMS (learning management system) mais à l’usage spécifique des étudiants (plutôt que des professeurs et enseignants), a fait son apparition chez nous.

Son nom: Pastel. Son objectif: “faire office de plate-forme d’entraide pour les étudiant(e)s, où ils peuvent venir déposer et partager synthèses et notes de cours, ou encore des questions-type d’examen”, déclare l’un des initiateurs, Mallaury Gérard, étudiant en technologies de l’information à Namur à l’époque où le projet a été lancé (début 2019). “Chaque utilisateur est invité à déposer des ressources dans les cours qu’il maîtrise et peut profiter des ressources partagées dans les cours qu’il ne maîtrise pas”.

Cible de Pastel: les étudiant(e)s du supérieur (hautes écoles et universités). Jusqu’ici, pour échanger des notes ou synthèses de cours, c’était un peu le système D, explique Mallaury Gérard: chargement dans un espace partage (Google, Microsoft, Apple…), voir recours à des groupes sur Facebook… “Pendant mes études, j’ai voulu imaginer une solution qui permette de centraliser toutes les ressources et offrir des fonctionnalités spécifiques, comme par exemple un quiz, de la gamification…”. 

L’une des clés de l’“utilisabilité” est évidemment une bonne structuration de la plate-forme et des contenues qui soient pertinents. L’un des préalables est en effet de savoir quoi partager, entre qui, à propos de cours qui correspondent aux notes et synthèses, voire conseils, que les étudiants voudraient mettre à disposition. 

Pastel opère donc par collecte des intitulés de cours auprès des établissements qui désirent jouer le jeu. Des dossiers spécifiques sont ainsi constitués, dans lesquels les étudiants peuvent venir verser des ressources.

Ces dossiers seront utiles pour les étudiants d’une même section mais le seront aussi potentiellement par-delà les sections, certains professeurs donnant la même matière dans plusieurs d’entre elles, voire dans différents établissements – “le principe de co-diplomation en est l’un des facteurs”, souligne Mallaury Gérard.

Des fonctionnalités spécifiques

Pastel procure quelques fonctionnalités spécifiquement pensées pour les étudiants. Pour garantir un degré de qualité aux contenus partagés, un système de commentaires a été instauré.

D’une part, les étudiants peuvent “récompenser” ceux et celles qui ont mis des documents à disposition (voir plus loin).

D’autre part, et la chose est importante, les professeurs peuvent également commenter ce que les étudiants des sections où ils donnent cours proposent. Pour l’heure, le “commentaire” du professeur est encore du genre minimaliste: un simple pouce levé ou baissé selon qu’il juge la synthèse correcte, pertinente – ou non.

Pour l’instant, la plate-forme est utilisée par des étudiants de l’UNamur, d’Henallux et de l’ULB.
Les contenus les plus partagés jusqu’ici: les notes de cours (à hauteur d’environ 60% des mises en commun et échanges). Les synthèses, elles, dépassent les 30%.
Nombre d’utilisateurs: la plate-forme répertorie quelque 6.000 inscrits. “Le pic d’utilisation se situe, assez logiquement, en périodes d’examens. On dénombre alors jusqu’à plus de 1.000 ou 1.500 utilisateurs par jour. Pendant le reste de l’année, le chiffre est de l’ordre de 500 utilisateurs uniques par jour.”
A fin septembre, environ 3.000 documents avaient été partagés, avec une forte augmentation à partir de la deuxième année d’existence de Pastel.
Sections très friandes des contenus? Notamment les fac de médecine ou de droit.

L’ULB a toutefois demandé à l’équipe de Pastel de concevoir des fonctionnalités plus poussées, qui autoriseraient un professeur à bloquer carrément, voire supprimer, un document non pertinent. Notons ici que la propre “pertinence” du professeur est vérifiée en amont, via son identifiant personnel… Histoire de vérifier son appartenance à un ou plusieurs établissements et/ou sections.

Puisqu’on en est à parler authentification d’identité, le principe, côté étudiants, est d’exiger l’existence d’une adresse mail octroyée par son université ou sa haute école. Lors de son inscription à la plate-forme, un courriel de vérification prouvera (dans une certaine mesure) son affiliation à tel ou tel établissement…

A partir de là, souligne Mallaury Gérard, un étudiant a accès à tous les contenus (cours, sections…): “C’est utile pour ceux et celles qui voudraient se réorienter”. Mais accès ne veut pas dire droits automatiques. La notion d’appartenance à une section spécifique (à choisir obligatoirement lors de son inscription à la plate-forme) intervient pour la granularité des droits.

Un étudiant d’une section X, voulant accéder à des notes ou synthèses de cours d’une autre section, pourra certes les consulter mais ne pourra pas les commenter ou voter pour émettre son avis sur leur qualité. Et ne pourra évidemment pas publier des contenus non pertinents pour cette section.

Le système de vote est important pour une autre option qu’offre la plate-forme Pastel: “si plusieurs étudiants jugent et confirment que le contenu d’une synthèse d’une année antérieure est toujours pertinente, ce contenu pourra être transféré vers le dossier de l’année en cours”.

De petits stimuli pour partager plus

Pastel a une autre caractéristique: ses initiateurs (l’équipe se compose actuellement de quatre personnes) ont imaginé un mécanisme de “renforcement positif” pour encourager les étudiant(e)s à participer activement au partage de notes et synthèses de cours. “Les étudiants gagnent des points – à chaque partage, quand ils reçoivent un « like », etc.
Les points leur permettent de débloquer des récompenses, principalement dématérialisées (avatars, badges, thèmes pour la plateforme, etc.).  Ponctuellement, nous avons aussi des partenaires, de quoi gagner des récompenses “physiques” (guidos, bons cadeau, etc.).

Pour le renforcement positif, nous avons un système de remerciements automatisés. Quand un étudiant estime avoir été aidé par une ressource partagée, il clique sur un bouton et l’auteur est automatiquement notifié qu’il a aidé x étudiants à réussir leur examen.
Ce système encourage énormément les étudiants et installe une meilleure ambiance dans les groupes.”

Futures fonctionnalités

Outre les nouvelles possibilités demandées par l’ULB, d’autres développements et évolutions sont prévus. Pour l’heure, par exemple, les contenus partagés prennent nécessairement la forme de textes ou de PDF. Des discussions sont toutefois en cours avec une start-up afin d’explorer la piste audio – histoire d’autoriser la publication et le partage de documents directement utilisables par les malvoyants.

 

Mallaury Gérard: “De nouvelles fonctionnalités s’ajouteront progressivement… en fonction non seulement des demandes des étudiants ou d’écoles mais aussi selon les moyens financiers disponibles. Notre modèle économique est celui du participatif. Nous sommes exclusivement financés via des dons. Le statut juridique de Pastel sera d’ailleurs celui d’asbl.” [actuellement en cours de constitution]

 

Autre fonctionnalité qui devrait faire son apparition à l’avenir: un quiz, qui permettrait de créer des QCM, des tests fictifs pour que les étudiants puissent tester leur niveau de connaissances et “s’entrainer” pour un examen.

Un système de travail collaboratif sur des notes ou synthèses de cours est par ailleurs en cours de développement. Le but est ici de permettre à plusieurs utilisateurs de préparer ensemble ce genre de document, avec harmonisation finale avant publication.

Quid d’une extension à d’autres publics?

Pour l’instant, la plate-forme est exclusivement destinée aux étudiant(e)s du supérieur. Pas encore d’intention d’étendre l’initiative aux étudiants du secondaire: “Actuellement, notre ambition est avant tout d’étendre l’utilisation de la plate-forme à l’ensemble des universités et des hautes écoles. Le secondaire implique un degré de complexité supplémentaire dans la mesure notamment où les programmes [entre établissements] ne sont pas similaires et qu’il n’existe pas une manière universelle d’identifier les cours, leurs contenus, et, dès lors, la pertinence des documents partagés.”