Mons-Borinage-Centre: un projet de déchets connectés

Pratique
Par · 18/05/2017

A court ou moyen terme, 24 communes de la région de Mons-Borinage-Centre devraient voir se déployer un projet de gestion plus efficace des bulles à verre installées, sur leur territoire, par l’intercommunale de gestion environnementale Hygea.

Un budget Feder a en effet permis de financer le développement d’une solution de gestion des collectes, basée sur le principe de l’Internet des Objets.

Le premier objectif imaginé par Hygea était d’“obtenir une meilleure “visibilité” sur le taux de remplissage des bulles à verre et d’optimiser ainsi les opérations de collecte, explique Benjamin Algrain, chef du département Développement d’IT-Optics, société qui a été chargée de développer la solution de collecte, de récupération et d’analyse des données.

Cette optimisation pourrait se traduire par une flexibilisation des tournées de collecte, la diminution des déplacements inutiles, une gestion plus efficace de chaque bulle…

Sur base du suivi constant du taux de remplissage (voir plus bas pour plus de détails sur la méthode choisie), l’application planifiera les agendas et trajets de collecte des camions ramasseurs.

Mais l’utilité de la solution ne s’arrêtera pas là. Certains scénarios sont encore à l’étude et devront être validés et entérinés par Hygea – notamment sur base des résultats que donnera la phase de test-pilote qui démarre en ce mois de mai. L’une des utilisations sera une gestion plus active du parc de bulles à verre (environ 1.200 au total). Selon les besoins, les bulles pourront par exemple être déplacées vers de nouveaux sites. Le fait qu’elles soient désormais géolocalisées permettra de connaître leur emplacement, de planifier les opérations de nettoyage…

Une gestion plus efficace

La solution générera aussi systématiquement des notifications chaque fois qu’une collecte a été opérée sur une bulle (le capteur détectant l’opération).

IT-Optics et Hygea envisagent également d’apposer un code QR sur les bulles afin de permettre aux citoyens de signaler, via scanning, un problème, une incivilité ou la nécessité de procéder à un nettoyage du site. “La solution pourrait ainsi être détournée en appli citoyenne. Mais cette idée de QR code doit encore être adoptée par Hygea.”

A terme, l’intercommunale pourrait étendre la solution à la gestion des conteneurs, une extension qui doit toutefois encore être évaluée et validée. Le volet purement technologique (type de capteurs) devra pour ce faire être adapté. Cela permettrait en tout cas d’assurer leur traçage (géoloc dans les parcs à conteneur, déplacements pour vidage ou pour installation sur un autre site, chez un particulier…).

Le scénario envisagé est d’équiper à la fois les conteneurs et les camions de balises. Les camions pourraient ainsi détecter automatiquement les conteneurs situés dans un certain rayon d’action et tenir tout aussi automatiquement à jour le suivi des opérations de collecte.

Solution standard mais adaptée

Le premier élément de la solution imaginée pour les bulles à verre consiste dans des capteurs à ultra-sons qui sont intégrés dans les bulles à verre. Il s’agit d’un dispositif du même type que celui que l’on retrouve par exemple dans les solutions de traçabilité logistique (norme GSA) et dans les pare-chocs des voitures mais que des travaux de R&D menés par Multitel ont permis de calibrer en vue de l’usage spécifique qui en sera fait dans le cadre de ce projet.

Le transfert de données empruntera un réseau LoRA déployé par Proximus.

IT-Optics, pour sa part, a été chargée de mettre au point la solution de collecte, de récupération et d’analyse des données. “L’application existait déjà mais elle était destinée à un usage spécifiquement logistique. Elle devait donc être adaptée aux spécificités du nouveau contexte. A savoir, le taux de remplissage des bulles et la génération d’une feuille de route pour la planification des trajets des camions collecteurs.”

Démarré voici 18 mois, le projet est actuellement en phase-pilote. Jusqu’ici, seules deux bulles à verre avaient été équipées de capteurs. 40 nouvelles bulles serviront pendant quelques mois pour la véritable période de tests. Avant une généralisation à l’ensemble du parc (il compte actuellement quelque 1.200 bulles réparties sur 400 sites).

Source: TéléMB

L’extension du test à 40 bulles permettra de collecter davantage de données, d’affiner les scénarios et de mieux dégager des conclusions.

Pour les besoins de la phase de développement, l’envoi des données, au départ des deux premières bulles, se faisait toutes les minutes. Pour la phase de test élargie à 40 bulles, le rythme ne sera plus qu’un seul envoi toutes les heures. Lors de la phase de déploiement général, la fréquence sera sans doute de 3 fois par jour.

Une dimension “prédictive” devrait également venir s’ajouter à terme. Compte tenu de l’historique (taux et rythme quotidien de remplissage), la feuille de route générée devra pouvoir tenir compte de risques qu’une bulle arrive à son taux optimal de remplissage en cours de week-end, par exemple. Histoire de planifier une collecte un vendredi plutôt que le lundi suivant.

Mais, pour cela, il faudra disposer d’un stock de données (rythme de remplissage, habitudes des citoyens, données démographiques et contextuelles…) sur lequel appliquer des processus analytiques. Or, jusqu’à présent, ce référentiel de données est encore quasi inexistant. “Le calcul des tonnages amenés au centre de traitement est encore effectué de manière visuelle par les ouvriers et les chiffres consignés ne sont pas toujours le reflet de la réalité”, indique Benjamin Algrain. D’autre part, aucun contrôle effectif n’est réalisé sur les enlèvements et collectes des bulles à verre. “Si l’on divise les tonnages déclarés par le nombre de bulles, on constate d’emblée qu’il y a des discordances…” Raison supplémentaire pour objectiver la situation réelle!

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Quatre partenaires

Hygea: commanditaire de la solution

Multitel: R&D et adaptation des capteurs

IT-Optics: développement de la solution de collecte et transfert des données.

Proximus: réseau LoRA