Mobilité, redynamisation, citoyenneté… Les villes veulent se “reconnecter”

Pratique
Par · 04/10/2017

Une vingtaine de projets “smart city”, émanant de villes wallonnes, ont été pré-sélectionnés par le groupe de travail Smart Region piloté par l’AdN. Huit d’entre eux ont “pitché” lors de la récente conférence Smart City Wallonia et ont eu l’occasion d’y rencontrer quelques prestataires, pour exposer leurs besoins. Un appel à projets (pour financement) public devrait suivre. L’occasion de nous pencher sur ces idées en attente de validation…

Nous vous les présentons par ordre alphabétique des villes et communes concernées, pour éviter tout favoritisme ou classement subjectif… A noter que les détails complets de ces fiches-projets “Smart Region” sont disponibles sur le site Digital Wallonia.

Charleroi

“Charleroi on the Move”

(projet “pitché” lors de l’événement Smart City Wallonia)

Le constat dressé par la Ville de Charleroi: un centre-ville congestionné par un trafic d’origine essentiellement péri-urbaine, des parkings saturés, une sous-utilisation des transports publics.

Objectif: développer un outil (Web et mobile) favorisant la mobilité multimodale (voiture, transports publics, voies de circulation douce) et fournissant des informations et un outil de calcul d’itinéraire mixte. Les deux start-ups BeMobile et NextMoov, en exploitant leurs propres données (dont une part sont des open data publiques), devraient en principe collaborer pour développer conjointement ce type de solution pour les besoins de la Ville. NRB devrait également apporter sa contribution, sous forme de consultance et d’intégration des données (via la plate-forme Wallonia Big Data).

Le but est donc de combiner en temps réel des données sur la circulation automobile, le géopositionnement et les horaires (réels) des transports publics (TEC et SNCB), les données de compagnies de taxis (en ce compris leur disponibilité géolocalisée), de voitures partagées Cambio, de parkings de délestage, de vélos partagés, etc.

L’appli renseignerait non seulement sur les possibilités de transport, les itinéraires et temps de parcours, mais aussi sur le coût et l’empreinte écologique.

Charleroi ne plancherait pas seule sur ce projet. Une collaboration avec Tournai et Herstal est d’ores et déjà imaginée. Et le service d’infos mobilité ne se cantonnerait pas au seul territoire carolo mais vise à être étendu à l’ensemble du territoire (wallon, dans un premier temps).

“Charl-E-District dans ma poche”

“e-quartier”. Le “e”, en l’occurrence, fait référence à l’efficience énergétique. Objectif: “améliorer significativement la performance énergétique et l’attractivité du centre urbain.”

L’idée est de créer une cartographie, accessible à tous, qui procure une “capacité d’analyse technico-économique et de prédiction dynamique des besoins et apports en énergie à l’échelle des quartiers” et qui autorise “un partage maximal d’informations entre la ville, les promoteurs, les citoyens et les entreprises via une marketplace ouverte.”

La collecte des données combinerait procédures traditionnelles et relevés dynamiques de capteurs IoT.

Fernelmont

Maison-interface pour “activer” le citoyen

La commune de Fernelmont voudrait dynamiser ses relations avec les habitants. L’idée est d’équiper un bâtiment (un ancien presbytère) en outils de communication et d’interaction. Du genre mobilier connecté, maquette et/ou écrans interactifs, via lesquels les personnes de passage pourraient se tenir au courant des dernières infos, données, statistiques, provenant de l’Administration communale ou de l’IWEPS, “mettant en perspective les enjeux de la commune, afin de permettre au citoyen d’y trouver une place active.”

Herstal

Projet Smart Connect & Delivery

(projet “pitché” lors de l’événement Smart City Wallonia)

Il s’agit d’un projet de logistique pour e-commerce qui fait jouer la carte de la mutualisation et inverse le principe habituel de livraisons colis par colis, client par client.

L’idée est de constituer des “paniers de commande collectifs”, regroupant les achats de divers consommateurs. Ces paniers sont alors livrés en bloc à des points de dépôt/retrait qui mutualisent la distribution vers les destinataires finaux. Par exemple, des sites à forte fréquentation tels que les zonings industriels.

Objectif: travailler par bassins et “poches” territoriales à forte densité de flux e-commerce, et “redonner du chiffre d’affaires aux commerces locaux qui ont perdu du trafic face aux grandes surfaces.”

Le projet veut s’appuyer sur des solutions CMS pour commerçants (gestion du catalogue de produits), de paiement centralisé, de gestion logistique (avec des composantes IoT), d’optimisation analytique (analyse des flux, des “comportements”…), mais aussi de gestion de parking dédié.

La Louvière

Comme Mons et Tournai (voir ci-dessous), le problème de mobilité intra-urbaine est à l’origine de plusieurs projets envisagés par la Ville.

Shop & Go

Projet déjà déployé notamment à Mons, ce projet vise le déploiement d’un système de gestion d’emplacements de stationnement “Shop&Go” (gratuité pour une durée prédéterminée). L’administration louviéroise en est quête d’un partenaire pour la collecte et les transferts de données.

Parking dynamique

(projet “pitché” lors de l’événement Smart City Wallonia)

La solution concerne le suivi temps réel de l’utilisation des parkings existants. Fonctions désirées: comptage des places disponibles, affichage aux entrées de la ville et à proximité immédiate des parkings, interface Internet pour planification de trajet, appli pour smartphone.

Source: BeMobile

Autre projet étroitement lié: une cartographie dynamique mobilité/parking, nécessaire pour alimenter la base de données du projet précédent. Plusieurs pistes sont possibles pour la collecte des informations: capteurs en voirie, caméras…

La Louvière semble pencher pour une solution mixte, combinant caméras, capteurs au sol et… caméra embarquée dans une “Scancar”. Pourquoi cette option? “Une caméra de prise de photos couleurs haute qualité permet de reconnaître l’environnement local, le véhicule garé et servir de preuves du constat du véhicule en infraction” [via échanges de données entre la plate-forme informatique embarquée et les bases de données temps réel des horodateurs, du système de paiement (exemple, celui de BeMobile) et du système de gestion des cartes de stationnement (CityParking)].

Trafic perturbé

Que ce soit en raison de chantiers, de manifestations ou de festivités, La Louvière voudrait se doter d’une solution de gestion et de signalement de soucis de mobilité et de parcours d’évitement, avec carte interactive (sur le site Internet de la Ville et sur mobile). L’appli préviendrait les abonnés via SMS et devrait “s’interfacer avec les systèmes de radio-guidage et/ou de GPS.”

CRM, comme dans “citizen relationship management”

La Louvière voudrait mieux décrypter ses relations avec les citoyens afin d’améliorer services et initiatives publiques. Elle cherche dès lors à mettre en oeuvre un système d’analyse d’informations qui prendrait en considération divers paramètres (tranches d’âge, localisation par quartier…).

Dernier projet: équiper bâtiments communaux d’une solution de suivi de la consommation énergétique, pour détection d’anomalies, de sur-consommations et autres gaspillages.

Marche-en-Famenne

Marche-en-Famenne espère pouvoir se lancer dans trois projets:

  • un tableau de bord “Impact événementiel sur le Centre-ville”: lors d’événements (festivals, soirées culturelles, activités commerciales…), constituer (sur base de l’application Joyn) un tableau de bord afin de mesurer et d’analyser l’affluence, le volume d’achats auprès de commerçants du Centre-ville… et de comparer l’impact de l’événement avec les statistiques habituelles d’une semaine ou d’un week-end “normal”. Cet outil ne serait pas uniquement une sorte de compteur 2.0. Le souhait est également d’en faire un outil de stimulation d’interaction avec les chalands et visiteurs: infos croisées commerces-culture-tourisme-loisirs, commandes en-ligne lors de l’événement avec service logistique de mise à disposition de l’achat à l’issue de l’événement…
  • une solution intégrée (disponible via appli et intégrée à l’e-guichet de la Ville) via laquelle aussi bien les responsables communaux, ceux d’associations mais aussi les parents pourraient trouver tous les outils nécessaires à la gestion et au suivi des activités extra-scolaires des enfants scolarisés sur le territoire de la commune: inscriptions, horaires, paiements en-ligne, facturation, fiches santé, suivi de créances… (Projet “pitché” lors de l’événement Smart City Wallonia)
  • et une solution de mobilité orientée vélos électriques, avec une appli informant les usagers sur les itinéraires, les lieux de location et de recharge, les activités liées à la pratique du vélo…

Mons

Participation citoyenne

(projet “pitché” lors de l’événement Smart City Wallonia)

Voici quelques mois, la Ville de Mons déployait une solution de participation citoyenne (basée sur la solution de CitizenLab), permettant au simple citoyen de proposer idées et projets qui seraient analysés par les décideurs de la Ville en vue de les inclure ou non dans leur plan stratégique.

Ce premier projet a recueilli suffisamment d’intérêt auprès de la population pour être considéré comme concluant.

La Ville désire donc en faire une plate-forme permanente qui soit fonctionnellement plus riche: (aide au) classement des meilleures idées ou des besoins et préoccupations les plus récurrents ou aigus, autorégulation “via des processus de vote et de signalement de contenu inapproprié”, gestion intégrée de lieux d’expression plus physiques (ateliers d’idéation, rencontres citoyennes…).

“Le but est notamment de faire émerger les projets les plus désirés ou concrets, de favoriser les échanges et les liens entre citoyens porteurs d’un même projet…”, déclare David Picard, chargé de projets Nouvelles technologies à la Ville de Mons.

La future plate-forme pourrait aussi inclure un volet permettant de financer les projets, par exemple en intégrant un mécanisme de gestion de crowdfunding.

Objectiver les facteurs de succès d’un commerce

L’idée du projet montois “Smart Retail”, assez proche d’un projet porté par Tournai – même si ce dernier est plus axé mobilité (voir plus loin) –, est de collecter et d’exploiter un ensemble de données relatives à la fréquentation des artères commerciales, aux flux de personnes et modes de déplacement dans et autour de ces artères, aux provenances des visiteurs, à la durée des arrêts devant les boutiques, au taux de conversion depuis l’arrivée des chalands dans le quartier jusqu’à la réalisation d’une vente. Informations qui seraient collectées au départ de divers canaux (GSM, wi-fi, capteurs, bases de données existantes…).

Objectif: “dégager des indicateurs et des facteurs comparatifs de réussite d’un commerce ou d’une artère commerciale, afin de permettre à la Ville de mesurer le succès des solutions mises en place et convaincre les candidats commerçants.”

Pas une place pour me garer…

Mons voudrait également plancher sur un projet de “parking malin”. Via la collecte et l’analyse de données, l’objectif est “d’obtenir des indicateurs utiles à la prise de décision en matière de parking et de mobilité, voire même en matière de promotion des commerces et axes commerciaux. Par exemple, déterminer le parcourt-type du chaland et agir proactivement pour créer de nouveaux parkings aux points stratégiques, ou améliorer la signalisation, ou encore mettre l’information à disposition du public afin de pouvoir créer des services supplémentaires.”

Autre volet imaginé pour la solution à développer: une information conviviale pour le citoyen ou chaland: places disponibles, tarifs, problèmes d’accès éventuels pour rejoindre les places libres, signalement de parkings de délestage, infos sur les navettes de bus intra muros

Namur

Gouvernance municipale, en mode ERP

(projet “pitché” lors de l’événement Smart City Wallonia)

Au-delà des projets visant directement les citoyens, la Ville de Namur voudrait s’attaquer à une problématique touchant davantage le “back-office”. “L’Administration fonctionne encore en silos, ce qui provoque des problèmes de communications entre services”, souligne Nicolas Himmer, Smart City Manager de la Ville. “Données et logiciels ne communiquent pas entre eux.

Il serait utile de passer d’une situation où plusieurs systèmes de bases de données coexistent (population, logistique, finances, personnel, cartographie…) vers un système de données optimisant l’efficience. Il faut opérer selon une logique de gestion [pilotée] par l’information et non plus selon une gestion par l’IT.”

Tournai

Un chatbot au service des citoyens

(projet “pitché” lors de l’événement Smart City Wallonia)

Le but recherché est d’“améliorer les relations entre l’administration et les citoyens ou les associations. Le problème actuel est l’existence de plusieurs bases de données de contacts qui ne sont pas synchronisées. Les informations sur les fournisseurs sont dans la base de données de la comptabilité, celles des notaires dans une base Urbanisme, etc. etc.”, explique Sébastien Castiaux, responsable du service informatique de la Ville.

“Il y a des erreurs, des redondances, des lenteurs dans les réponses qu’on peut donner. La Ville a certes mis en ligne un nouveau portail mais le citoyen ne sait pas encore forcément comment procéder pour telle ou telle démarche, par exemple pour une demande d’organisation de manifestation ou de subside. Il est nécessaire de centraliser les points de contact et de mieux connaître le citoyen.”

D’où l’idée de développer un assistant vocal automatisé (chatbot) que chaque citoyen puisse interroger en langage naturel.

Le citoyen, cet inconnu

Dans le même ordre d’idée, Tournai voudrait également lancer un projet de “Citizen Relation Management”. Objectif: permettre à tout employé communal d’avoir une “visibilité complète de le dossier par son interlocuteur lors d’un contact avec la Ville”. Le besoin: un outil de business intelligence “afin de tirer des informations parmi les données recueillies: type de canal de communication utilisé pour quel citoyen, fréquence des interactions….”

Enhanced Mobility & Security

Problèmes de mobilité et sentiments d’insécurité dépeuplent les centres-ville, font fuir les commerçants… Problème généralisé pour bien des municipalités.

Pour tenter de mieux comprendre et combattre ce phénomène, le démonstrateur tournaisien imaginé consisterait en un tableau de bord centralisé, récoltant une multitude de flux de données (images de vidéosurveillance, utilisation des parkings, données sur la circulation en temps réel, sur les achats (par type de commerce, volumes concernés, provenance des acheteurs…).

Ce tableau de bord, combinant des informations et paramètres de transactions commerciales, de mobilité et de sécurité, devrait permettre de prendre des décisions sur “les incitants à mettre en place ainsi que sur l’impact des politiques de mobilité.”

Côté sécurité, Tournai envisage par ailleurs d’’insérer un bouton Alerte dans l’application de fidélité Joyn. Les commerçants pourraient ainsi envoyer des notifications au système de vidéosurveillance “et/ou vers la police locale”. Une intégration similaire, pour le citoyen, est envisagée pour l’appli citoyenne.

Contrôle énergétique des bâtiments publics

Le projet concerne un relevé automatique et une centralisation de certaines valeurs de consommation énergétique en vue “d’obtenir une vue synthétique et rapidement exploitable en vue de fournir des outils de décisions sur les investissements à réaliser mais de sensibiliser les utilisateurs.” Premiers bâtiments visés – les piscines, halls de sports et musées “qui sont les plus énergivores.”