LuxFold dope la simulation 3D de structures protéiniques

Pratique
Par · 14/10/2013

LuxFold, jeune spin-off luxembourgeoise spécialisée en bioinformatique, inaugurait, fin de semaine dernière, ses premiers locaux hébergés au Technoport, incubateur basé à Esch-sur-Alzette.

A sa tête: un duo franco-belge. Le Belge n’étant autre que Christophe Lambert, l’ancien co-initiateur de BioXpr (spin-off de l’UNamur, elle aussi positionnée sur le terrain de la bioinformatique, spécialisée dans des solutions de prédiction de structures de protéines et l’analyse des séquences ADN, rachetée en 2010 par Progenus).

Le Graal génétique

L’expression “Graal” est sans doute surfait mais c’est l’une des expressions qui a été utilisée lors de la présentation de LuxFold qui compte bien commercialiser, demain, diverses applications s’appuyant une une méthode mathématique nouvelle, imaginée par deux chercheurs du LCSB (Luxembourg Centre for Systems Biomedicine), dont LuxFold est une spin-off.

Le “produit”? Une nouvelle approche mathématique qui permet de générer quasi en temps réel une modélisation 3D de la structure de protéines (existantes ou nouvelles), et ce, “avec une grande efficacité et sans devoir recourir aux gigantesques puissances de calcul jusqu’ici nécessaires”.

LuxFold se positionne donc sur le terrain de la bio-informatique et de la biologie informatique (parfois appelée génématique). Objectif: proposer une plate-forme de simulation qui permet de prédire quasi-instantanément les structures 3D des protéines.

Applications potentielles: identification de nouvelles cibles thérapeutiques, création de nouvelles molécules, amélioration de protéines existantes…

Les deux chercheurs du LCSB (le Dr Reinhard Schneider et Paolo Pozzo) disent avoir en fait trouver la clé de la solution dans la phase finale de la constitution de la protéine. Un élément nouveau qui rend superflu le recours à des superordinateurs ou à de gigantesques “fermes” de serveurs pour calculer et simuler. A telle enseigne que la puissance que possède aujourd’hui un simple smartphone pourrait suffire…

La société n’en dira pas plus, pour l’instant, sur la nature de cette nouvelle approche mathématique, voulant avant tout protéger sa propriété intellectuelle.

Christophe Lambert: “Faire l’économie de gigantesques puissances de calcul.”

Le stade auquel se trouve d’ailleurs LuxFold est encore relativement préliminaire. La méthode a été brevetée et est déjà opérationnelle. Mais elle doit encore être validée et, surtout, enrichie afin que la jeune spin-off puisse réellement en faire une solution à valeur ajoutée unique qui la mette à l’abri de la concurrence. Il lui reste en fait environ 16 mois avant que le brevet ne lui procure plus d’exclusivité sur la méthode. “Même si nous gardons un avantage du seul fait que le contenu du brevet ne représente qu’une partie de la méthode”, souligne Christophe Lambert.

Quel business model envisage-t-il pour LuxFiold? “Tout dépendra du degré de différenciation que nous pourrons prouver par rapport à la concurrence. Si nous faisons simplement aussi bien qu’eux, le projet et viable mais ne rapportera pas beaucoup. S’il se confirme que la méthode est bien meilleure, nous pourrons nous adresser aux éditeurs de logiciels dédiés à la modélisation de protéines et leur proposer soit de leur proposer des licences et des modules complémentaires, soit de la location de méthode pour quelques milliers d’euros par utilisateur. Si, par contre, il s’avère que nous avons trouvé le Graal, on peut imaginer que LuxFold commercialise elle-même logiciels et services, imagine de nouvelles cibles thérapeutiques au lieu de les proposer aux acteurs du secteur pharmaceutique en leur laissant la main pour les exploiter.”

Un Belge comme pilote

Si les deux chercheurs du LCSB deviennent des collaborateurs actifs de LuxFold, la spin-off s’appuie, côté gestion, sur un duo franco-belge.

D’une part, Alain Hurlez, directeur général, “bio-entrepreneur”, business angel et actuellement associé au sein de la société anglaise de capital à risques Advent Life Sciences, qui a injecté 650.00 euros de capital de départ dans LuxFold. Il sera un directeur à temps partiel, pour l’instant, partageant sont temps entre Advent et LuxFold (un jour par semaine).

La direction opérationnelle est donc entre les mains de l’autre membre du duo, le Belge Christophe Lambert qui est loin d’être un inconnu chez nous puisqu’il fut l’un des co-fondateurs de BioXpr, rachetée en 2010 par Progenus) et l’un des premiers membres actifs du Pôle de compétitivité BioWin. Après le rachat de BioXpr, il avait rejoint une autre jeune start-up belge, CluePoints, spécialisée dans la détection de fraudes dans les essais cliniques (solution de surveillance statistique). “LuxFold est venu me chercher en raison de mon profil, à la fois de créateur d’entreprise, de directeur de recherche, de spécialiste bioinformatique et de gestionnaire de projets”, explique-t-il.

D’ici un peu plus d’un an, il espère bien pouvoir réactiver ses contacts dans les milieux industriels et pharmaceutiques belges pour trouver clients ou partenaires pour les solutions LuxFold. “mais pour l’heure, il s’agit surtout de valider et de protéger”, estime-t-il.