Le RWDM déploiera la reconnaissance faciale pour les accès au stade

Pratique
Par · 20/06/2018

Hasard du calendrier? En fait pas tout-à-fait (voir ici). Alors que l’on parle beaucoup, ces jours-ci, d’hooligans et de contrôle de débordements violents dans les stades, le RWDM vient d’annoncer que l’accès au stade sera désormais en partie géré et sécurisé par l’entremise d’une solution de reconnaissance faciale. En tout cas pour les supporters abonnés du club.

Le projet de contrôle d’accès a été implémenté par Zetes qui, pour la circonstance, a eu recours à une infrastructure serveur et au logiciel de reconnaissance faciale WV-ASF950 de Panasonic (pour rappel, le groupe japonais a racheté la société bruxelloise voici un an et demi).

Désormais, quiconque prendra un abonnement au RWDM en passant par la procédure de prise d’abonnement en-ligne (une solution Zetes FasTrace) se fera tirer le portrait. Ou, plus exactement, soumettra une photo (prise par sa webcam, puisée dans son compte Facebook, ou simplement scannée) qui sera répertoriée dans la base de données gérée par le club.

Sur base de cette photo de faciès, les caméras installées aux entrées (deux caméras spécifiques) et le logiciel de Panasonic pourront comparer les images à la photo fournie mais aussi à toutes les autres qui sont stockées en base de données et octroyer ou non l’accès.

Le but du club est double: renforcer la sécurité tout en préservant des procédures de vérification rapides. Zetes/Panasonic se porte en outre garant de l’efficacité de l’identification faciale. “Le logiciel sur lequel repose la solution”, déclare Alain Wirtz, CEO de Zetes, “a obtenu les meilleurs scores au IJB-A Face Identification Challenge du NIST [National Institute of Standards and Technology] en recherche 1:N. Cela signifie que nous nous appuyons sur des algorithmes très poussés permettant des taux de reconnaissance extrêmement élevés, y compris lorsque les conditions lumineuses sont mauvaises ou que le visage est partiellement occulté.”

La solution de contrôle d’accès sera activée dès la reprise du championnat.

Les principes de la solution

Pour identifier une personne se présentant devant la caméra, à l’entrée du stade, le système compare donc les paramètres de son visage avec la photo fournie lors de la prise d’abonnement mais aussi avec toutes celles qu’il possède déjà éventuellement de cette personne. Depuis le mois de mars 2018, en effet, les caméras ont capté les images de tous les supporters assistant à des matchs du RWDM à domicile. “Plus il y a de photos dans la base de données, plus le système peut apprendre à reconnaître rapidement et efficacement un visage, dans toutes les positions”, souligne Jean-Marie Marinus, responsable de la division Zetes Fastrace.

On l’a vu plus haut, le système se base sur la photo fournie par le supporter. Comment s’assurer, puisque l’abonnement est pris en-ligne, que l’identité de la personne correspond bel et bien à la photo qui est envoyée? Un processus de validation s’effectue évidemment en coulisse. Et l’identité est confirmée par une carte d’abonné que fournit le club. Une carte qui comporte un code QR reprenant ses identifiants personnels. Dans un premier temps, un scan de cette carte sera encore effectué à l’entrée et l’accès sera autorisé après vérification dans le système central, ce dernier envoyant un message, via WiFi, aux personnes positionnées aux accès et chargées de les actionner.

A terme (octobre ou novembre), les portiques s’ouvriront automatiquement sur la seule base de la reconnaissance faciale.

Efficacité de la reconnaissance

Pour qu’une personne soit correctement identifiée, la première condition est que la photo qu’elle procure lors de sa prise d’abonnement soit de bonne qualité. Sinon toute identification ultérieure restera difficile. – même si, au fil du temps, le système affinera son efficacité en s’appuyant sur les meilleures photos qu’il a en stock (principe de l’apprentissage automatique).

La zone du visage sur laquelle le système se concentre pour l’identification est essentiellement située entre les deux yeux et le dessus de la bouche. Un grimage intense ou un masque de bonne taille compliquera donc la tâche du système mais ne le rendra pas inopérant. Par contre, “si la personne garde ostensiblement la tête baissée, la reconnaissance ne se fera pas… et le portique ne s’ouvrira pas.”  

Performances du système

Les caméras captent 8 images par seconde. De quoi prendre de multiples clichés d’une même personne – et ne pas la contraindre à se mettre au garde-à-vous devant la caméra. Le but est de l’identifier rapidement en comparant utilement son visage avec la photo de référence dans la base de données.

Au stade du RWDM, les caméras sont placées en hauteur (à 6 mètres!). Le système Panasonic annonce une distance maximale pour identification de 30 mètres (selon le type de téléobjectif dont est pourvu la caméra).

Outre la fréquence des prises de clichés, le système optimise l’efficacité de la reconnaissance faciale en se focalisant exclusivement sur les visages. “Le logiciel ne capte que les visages, sans tenter d’analyser tout ce qui se trouve dans le champ de vision. Cela permet de minimiser la bande passante et les capacités nécessaires et accélère le processus.”

Stockage des données et vie privée

Au rythme de huit clichés par seconde, à multiplier par le nombre de fois qu’un même supporter se présente au stade, le nombre de photos d’une même personne stockées dans la base de données peut rapidement se chiffrer en dizaines ou centaines. On l’a vu, cela “aide le système à perfectionner son self-learning.” Soit! Mais qu’en est-il du côté légal de la chose? Pendant combien de temps le club peut-il garder les images?

Plusieurs réponses à cette question.

Tout d’abord, GDPR (nouveau réglement européen sur la protection des données personnelles) oblige, une personne a toujours la possibilité de refuser que ses données personnelles – et sa photo rentre évidemment dans cette catégorie – soient collectées, traitées et conservées. Dès lors… “un supporter peut refuser de fournir sa photo lorsqu’il prend un abonnement”. Sauf que… dans ce cas, il n’aura pas droit à un abonnement. C’est l’option prise par le club, suivi en ce sens, selon un raisonnement “sécurité d’abord”, par les autorités communales.

S’il fournit sa photo et se retrouve donc “fiché” dans la base de données, combien de temps les images le concernant sont-elles conservées? “Zetes intervient pour la gestion des abonnements mais aussi pour le système de paiement. Nous devons donc conserver les données pendant deux ans.

Pour ce qui est des photos, lors de chaque renouvellement d’abonnement, nous écrasons la sauvegarde précédente [de l’année antérieure] en ne conservant que les meilleures photos.” Lisez: les plus nettes, les plus précises, davantage exploitables par le système. Le système conserve donc un “stock” de photos mais relativement limité dans le temps.

Qui a accès aux données?

La base de données d’images réside uniquement sur un serveur conservé dans l’enceinte du stade. “Et il n’est pas connecté à Internet”, tient à préciser Jean-Marie Marinus. Les seules personnes à pouvoir l’utiliser sont attachées au club. Pas d’accès, du moins pas encore dans l’état actuel des choses, pour la police: “ce sont les stewards du club qui font le nécessaire. La police n’est là qu’en support le cas échéant.”

Un premier pas en attendant des services supplémentaires

Zetes voit déjà plus loin que le seul contrôle d’accès. “Le fait pour le club de disposer d’identifiants visuels des abonnés lui permettra de leur proposer éventuellement de nouveaux services. Comme par exemple des paiements automatiques au bar.

On envisage aussi d’équiper certains collaborateurs de smartphones grâce auxquels ils pourraient venir en aide aux supporters, par exemple en cas de malaise. A condition que la personne ait communiqué certaines données du genre sujet à épilepsie ou souffrant de diabète, la reconnaissance faciale permettrait de lui procurer de l’aide plus vite et plus efficacement, en donnant les informations adéquates à la Croix-Rouge ou au service médical.”

D’autres applications sont également envisageables – et on en revient par exemple à des finalités de sécurité et de repérage d’hooligan. “Chaque stade dispose de sa liste de hooligans. Le fait de pouvoir balayer les radins à l’aide de caméras et d’appliquer la reconnaissance faciale permettrait d’identifier des personnes blacklistées. A terme, si une base de données centrale, multi-clubs, était constituée, cela permettrait d’identifier tout hooligan, qu’il soit ou non associé au club hôte…”

Uniquement pour les abonnés… jusqu’ici 

Le fait d’avoir son portrait stocké dans la base de données à fins d’identification lors de l’accès au stade est réservé aux seuls abonnés du RWDM. A commencer par ceux et celles qui prennent ou renouvellent leur abonnement via le système en-ligne déployé et géré par Zetes.

Ceux qui prennent un abonnement en se rendant au stade doivent le faire sur un terminal mis à leur disposition, pour suivre le même processus.

Un club-pilote

Le RWDM est le premier club pour lequel Zetes déploie ce genre de solution. Et l’initiative vient en fait de la société – et non du club. Même si ce dernier, évidemment, s’est montré intéressé et a sauté sur l’occasion.

“Nous entretenons une relation commerciale depuis quelque temps déjà avec le club”, souligne-t-on chez Zetes. “Nous gérons leur système d’abonnement depuis trois ans. A l’occasion de la montée du club en division [Ndlr: le club accède à la D1 Amateurs], nous leur avons proposé de tester et de déployer une solution d’automatisation du système de gestion des abonnements qui optimise à la fois les besoins en personnel, renforce la sécurité et ouvre des perspectives de services supplémentaires futurs.”

Le hasard [Coupe du Monde et folie foot] n’a donc rien à faire dans l’histoire… [ Retour au texte ]