Fernelmont: le maillage de la collectivité passe par les open data

Pratique
Par · 03/03/2021

La commune de Fernelmont fut l’une des deux plus petites entités à participer au programme de formation (et de sensibilisation) à l’open data “Ouvrir ma Ville” organisé par FuturoCité, voici quelques mois. Et encore s’était-elle fait représenter, par manque de temps et de disponibilités en interne, par Jean-Pierre Trésegnie du GAL Meuse@Campagnes.

La commune n’en a pas moins largement apprécié l’exercice ainsi que les informations qu’elle a ainsi pu faire remonter vers elle et diffuser en interne. Elle a par ailleurs profité de l’exercice pratique final de ce programme, qui prenait la forme d’un hackathon, pour mettre le pied (ou en tout cas quelques orteils) à l’étrier.

“(R)accrocher les jeunes”

“Il n’y a qu’environ trois ou quatre ans que le commune déploie une réelle politique jeunesse à destination des ados. Pas mal de choses étaient faites jusque là pour les moins de 12 ans mais, passé cet âge, on perdait plutôt le contact”, explique Marie Dieudonné, responsable du service Communication et dDéveloppement Vie locale (dont dépend le service Jeunesse de la commune).

Ces dernières années, une série, plutôt diversifiée, d’activités ont été organisées pour ce “groupe-cible” des 12-18 voire des 12-25 ans: Journée Job étudiant, stages-ateliers de street art ou de graffiti, de création de jeux vidéo ou de courts métrages, formation théorique au permis de conduire…

“En dépit de cela, nous nous sommes rendu compte que ce groupe d’âge était difficile à toucher. Ils sont certes sur les réseaux sociaux mais pas forcément ceux qu’utilise la commune…” De plus en plus TikTok ou Snapchat, d’un côté ; Facebook ou encore Instagram, de l’autre. 

Pas moyen non plus de les “accrocher”, de les rencontrer, de les fidéliser ou de communiquer avec eux via des structures (physiques) – du genre école secondaire, maison des jeunes ou AMO (service d’aide en milieu ouvert) – “inexistantes sur notre territoire”.

La commune cherchait donc un moyen de renouer le fil, d’autant plus que la volonté de mieux communiquer et d’entretenir un dialogue avec ce groupe d’âge figure dans son Plan Stratégique Transversal (PST). Dans le courant 2020, l’une des pistes potentielles prit la forme d’une exploration du potentiel des open data dont dispose toute administration communale – sans forcément s’en servir, voire même sans être consciente de leur existence et de leur utilité. “Dans le cadre de notre PST, on retrouve d’ailleurs aussi la volonté de développer davantage les open data ainsi que la participation citoyenne”, souligne Marie Dieudonné.

D’où l’intérêt manifesté pour le programme Ouvrir ma Ville de FuturoCité…

“Une découverte”

Jusque là, indique Marie Dieudonné, la commune de Fernelmont ne s’était pas réellement plongée dans la découverte de ce que les open data pourraient lui permettre de faire: “On en parlait, on se renseignait sur l’un ou l’autre outil mais cela restait encore très vague”, explique-t-elle. “Participer au programme Ouvrir ma Ville et au hackathon nous a donc permis de mettre le pied à l’étrier, de découvrir ce en quoi les données peuvent nous servir, quels jeux de données seraient utiles…

 

Marie Dieudonné (commune de Fernelmont): “Notre but est d’en parler à tous les agents communaux et de les conscientiser à la plus-value que représente une plate-forme open data.”

 

Jusque là, nous n’avions encore rien partagé du côté du service Jeunesse. Une réflexion est certes en cours, dans d’autres services, mais elle a davantage trait à des données cartographiques, notamment pour la gestion de l’urbanisme ou des cimetières…”

Pour les besoins du hackathon Hack your City, cinq jeux de données ont été mis à disposition de l’équipe de développeurs. 

Le “pied à l’étrier” semble avoir été couronné de succès puisque la décision a d’ores et déjà été prise d’augmenter le nombre de jeux de données à “ouvrir”: liste des associations locales et clubs sportifs, aires de jeux et de sports, boîtes à livres, événements récurrents, jobs d’étudiants, bâtiments communaux, crèches et écoles… Viendront également s’y ajouter les listes horeca, de lieux d’hébergement, des fermes et châteaux…

Prochaine étape par ailleurs: porter la bonne parole en interne. “Notre but est d’en parler à tous les agents communaux et de les conscientiser à la plus-value que représente une plate-forme open data.”

Fernel Move

Dans le cadre du hackathon, l’idée d’une appli, baptisée Fernel Move et destinée aux 14-25 ans, s’est faite jour. Le but: leur donner accès, sur smartphone ou tablette, à des informations qui les intéressent directement. Pour mieux baliser le contenu, en amont du hackathon, un sondage a été effectué auprès de jeunes de la commune. “Nous avons ainsi pu récolter des pistes auxquelles nous n’avions pas forcément pensé.”

Parmi les petites idées soufflées par les jeunes: l’ouverture d’un lieu – bien physique – où les jeunes puissent se rencontrer et apprendre à se connaître ou aussi, en termes de contenu pour l’appli elle-même, un levier d’interaction dynamique prenant la forme de petits quiz. “Les points engrangés pourraient par exemple être échangés par les jeunes contre des bons d’achat ou des places pour tel ou tel événement ou activité…”

L’idée a été reprise dans le prototype d’appli et a en outre été étendue afin de proposer également une fonction engageant encore davantage à la participation puisque les jeunes sont appelés à voter à propos d’activités qui leur sont proposées ou qu’ils aimeraient voir se développer.

Par ailleurs, l’équipe de développement propose que les statistiques (sur les votes, les consultations d’infos et les recherches d’infos) soient une source d’informations pour la commune. Selon la curiosité ou les demandes exprimées, les responsables communaux auraient en effet ainsi une meilleure perception des sujets sur lesquels agir. “Il serait par exemple possible de collecter des données personnelles – du genre âge ou centres d’intérêts -, permettant à la commune de s’en servir pour organiser des événements répondant réellement à la demande”, expliquait l’un des membres de l’équipe de développement lors du hackathon. Moyennant respect de la vie privée, bien évidemment…

A noter que pour le “lieu de rencontre” auquel aspirent les jeunes Fernelmontois, une réponse est en train de prendre forme. La commune a en effet bénéficié récemment d’un subside régional pour la transformation du presbytère qui officiera bientôt comme “maison numérique”. On y trouvera différents équipements tels que des bornes interactives, des écrans didactiques, des casques de réalité virtuelle…

L’appli verra le jour

La commune doit encore reprendre contact avec l’équipe qui a conçu le prototype de l’appli Fernel Move lors du hackathon mais le message a d’ores et déjà été passé: la commune a bel et bien l’intention de voir ce projet aboutir.

A suivre dans un prochain article: les résultats et enseignements que d’autres participants au programme “Ouvrir ma Ville” ont retirés. A savoir, les intercommunales Igretec et Idea.