Informatique “dans le cloud”: pas mal mais pas parfait

Pratique
Par · 19/08/2013

Si l’on en croit les conclusions d’un sondage effectué des deux côtés de l’Atlantique par la société CA Technologies, le ‘cloud’ séduit un nombre croissant d’entreprises et confirme, pour la plupart, les espoirs qu’elles avaient formulés au départ.

Dans l’ensemble, le cloud semble par ailleurs davantage convaincre les toute grandes entreprises que les sociétés de taille plus modeste [Ndlr: à noter qu’en raison du positionnement du commanditaire de l’étude- à savoir CA Technologies-, le sondage n’a de toute façon été effectué qu’auprès de sociétés réalisant un chiffre d’affaires minimum de 500 millions de dollars].

Sans surprise, il se confirme que les sociétés américaines ont accumulé plus d’expérience que leurs homologues européennes en la matière, dans la mesure où elles se sont lancées dans le cloud un an, voire deux ans, plus tôt que leurs consoeurs de ce côté-ci de l’Atlantique. 55% des sociétés américaines sondées s’y sont lancées depuis trois ans, voire plus, tandis que la proportion de sociétés européennes qui peuvent afficher ce chiffre à leur compteur n’est que de 20%.

Le tableau brossé par l’étude (menée par le cabinet Vanson Bourne en Europe et par Luth Research (aux Etats-Unis) (voir la méthodologie de l’enquête) n’est toutefois pas idyllique. Plus les entreprises utilisent le cloud, plus elles constatent des faiblesses auxquelles des réponses devront être apportées afin de garantir la stabilité, la sécurité et la performance des solutions et infrastructures confiées au cloud.

SaaS and co

Le type de solutions ou de scénario cloud le plus en vogue demeure les solutions SaaS (software as a service).

  • on les retrouve ainsi exploitées par 94% des sociétés américaines interrogées et 68% de leurs consoeurs européennes
  • viennent ensuite l’IaaS (infrastructure as a service): 54% des sociétés européennes; 82% aux Etats-Unis
  • et le PaaS (platform as a service): 59% en Europe, 80% aux USA.

Objectifs prioritaires

Quel que soit le scénario (SaaS, IaaS ou Paas), l’argument majeur pour se tourner vers le cloud reste, en Europe, la recherche d’une réduction des coûts. C’est plus particulièrement flagrant dans le registre IaaS où ce critère arrive largement en tête puisque 65% des sociétés interrogées en font leur priorité. Il est suivi par des considérations de performances IT, d’évolutivité et de résilience (57%). Les pourcentages respectifs sont de 51 et 49% lorsque le cloud est utilisé en mode PaaS et de 50 et 41% dans le registre SaaS.

“Plus les entreprises utilisent le cloud, plus elles y trouvent une réponse à leurs attentes mais, dans le même temps, plus elles pointent la nécessité de disposer de meilleurs outils IT afin de gérer le cloud de manière plus efficace et efficiente.”

Si la réduction de coûts est l’objectif premier des entreprises, l’étude tend à démontrer que la nature des avantages recherchés évolue avec le temps. Après deux ou trois ans d’utilisation de solutions cloud, l’une des motivations souvent citée est la volonté d’“accélérer l’innovation”.

Autre raison invoquée pour justifier le passage au cloud: la quête d’un environnement plus sécurisé (38% des entreprises ayant opté pour des solutions IaaS et PaaS invoquent cette raison, de même que 41% de celles ayant adopté des solutions SaaS). Par “environnement plus sécurisé”, elles entendent en fait une série de paramètres, non seulement des éléments touchant directement à la sécurité des données (règles et contrôle d’accès, gestion d’identité, prévention des vols ou pertes de données…) mais aussi des éléments tels que la mise à niveau des logiciels (en ce compris, l’application de correctifs).

Pour de nombreuses sociétés, le cloud apparaît comme un recours intéressant, en termes de sécurité, dans la mesure où elles n’ont pas forcément elles-mêmes les moyens financiers nécessaires pour acquérir, déployer et gérer des solutions optimales de gestion d’identité, d’authentification… Et ce, même si, pour rappel, l’échantillon de sociétés retenu pour l’enquête concerne exclusivement de grandes à très grandes entreprises.

Confiance… jusqu’à un certain point

D’une manière générale, les sociétés qui ont fait confiance au cloud semblent ne pas le regretter, en la matière. Toutefois, l’enquête révèle une contradiction: la sécurité- ou les risques de sécurité- représentent aussi une raison essentielle qu’évoquent les sociétés… pour ne pas confier une application à un environnement cloud! Cette raison est invoquée par pas moins de 46% des participants à l’enquête!

Les auteurs de l’enquête expliquent cette apparente contradiction par le fait que les entreprises hésitent à confier certaines applications “sensibles” au cloud et/ou n’ont pas encore mis en oeuvre les procédures de validation et de sélection nécessaires pour évaluer le rapport risques/avantages.

Moins de 50% des sociétés interrogées procèdent à une analyse de ce genre. Notamment pour déterminer quelles informations sont trop sensibles ou critiques pour être externalisées ou encore pour évaluer l’efficacité des mesures de protection proposées par le prestataire.

Le type d’applications que les sociétés européennes semblent plus enclines à confier au cloud sont des applications directement destinées à supporter les rapports avec la clientèle (59%) et les applications de back-office (54%).

Leurs homologues américaines, quant à elles, externalisent davantage des solutions d’infrastructure Web (61%), des applications d’aide à la productivité des employés (60%) et des solutions de gestion informatique (60%).

Des deux côtés de l’Atlantique, par contre, les solutions de… sécurité informatique sont plutôt des choses que les entreprises préfèrent encore conserver intra muros.

Mieux que prévu?

Dans l’ensemble, les sociétés qui utilisent le cloud se disent satisfaites de l’expérience, que ce soit en termes de délais de déploiement (même si c’est là un paramètre qui variera forcément selon l’identité du prestataire choisi), de performances IT ou de coûts consentis.

Les grandes sociétés se sont engagées plus tôt dans le cloud et exploitent souvent plusieurs types de solutions, SaaS, PaaS et/ou IaaS.

71% des sociétés qui ont déjà, à leur actif, un minimum de 4 années d’utilisation de solutions IaaS disent avoir obtenu de meilleurs résultats qu’escompté en termes de performances et d’évolutivité (“scalability”) de leur infrastructure IT. Pour les moins aguerries (resp. 3 ans, 2 ans et 1 an d’utilisation), les réponses sont moins optimistes (scores respectifs: 48%, 37%, 22%).

Difficile d’attribuer une valeur précise à ces taux de satisfaction. Le sentiment “mieux que prévu”, indiquent les auteurs de l’étude, peut en effet parfois s’expliquer par le fait que les sociétés avaient formulé, au départ, des espoirs et objectifs prudents, “ne sachant pas exactement à quoi s’attendre ou redoutant la complexité qu’on prêtait au cloud”. Mais les deux bureaux d’analyse n’ont pas étudié cet aspect des choses dans leur étude.

A noter par contre qu’une proportion “non négligeable bien que minoritaire” de participants à cette enquête se disent déçus, dans une certaine mesure, par le cloud. Pour certains, en effet, les solutions SaaS implémentées se sont révélées plus coûteuses que prévu et n’ont pas favorisé la croissance opérationnelle qu’ils escomptaient.

Autre enseignement intéressant de l’enquête: plus une société est habituée à recourir à des ressources cloud, plus elle prend conscience de la nécessité qu’il y a à améliorer sensiblement la gestion et la surveillance de ces ressources et infrastructures. En la matière, les demandes et critiques concernent:

  • la difficulté de changer de prestataire ou d’infrastructure cloud
  • la nécessité de définir et d’appliquer des niveaux de service cohérents non seulement dans le contexte du cloud mais aussi entre structures cloud et environnements intra muros
  • l’insuffisance des outils d’automatisation de processus
  • quelques carences en matière de gestion d’identité
  • des progrès à faire du côté des outils de sauvegarde et de restauration…

Méthodologie

Pour les besoins du sondage, 542 sociétés ont été interrogées des deux côtés de l’Atlantique, dont 340 en Europe.

L’étude s’est focalisée sur des (très) grandes sociétés ayant réalisé, en 2011, un chiffre d’affaires d’au moins 500 millions de dollars. Répartition de l’échantillon:

  • 10 milliards de dollars ou plus: 14%
  • entre 2 milliards et 9,999 milliards: 25%
  • de 1 à 1,999 milliard: 24%
  • moins d’un milliard: 37%

Pays d’implantation des sociétés européennes interrogées:

  • Benelux: 60 sociétés
  • Royaume-Uni: 70
  • France: 70
  • Allemagne: 70
  • Italie: 70.

Fonctions des personnes interrogées:

  • membres de la direction (directeur informatique, responsable technologique…): 33%
  • vice-présidents: 14%
  • cadres supérieurs: 28%
  • cadre de niveau intermédiaire: 24%
  • cadres de premier niveau (superviseurs…): 1%.