Enchant-IT: une maquette vaut mieux qu’un long discours

Pratique
Par · 18/05/2017

En 2016, à quelques semaines de distance, un Startup Weekend, organisé à Liège, et un hackathon (le Citizens of Wallonia, à Mons) avaient pris pour thème les “smart cities”. Les deux événements avaient accueilli quelques participants communs. Parmi eux, une équipe, formée de collaborateurs de CrossNode, start-up orientée solutions Internet des Objets et communications M2M/H2M (machine à machine & homme-machine) et de CGeos (Creative Geosensing), société spécialisée dans la surveillance des structures du génie civil.

Leur idée? Rendre un peu plus concret, aux yeux des premiers concernés (les autorités communales mais aussi les simples citoyens), ce concept de “ville intelligente”.

Et leur idée était hyper-simple, simple comme chou. Reste à déterminer si elle sera efficace et fera naître une étincelle. Il s’agit en tout cas, tout bêtement, d’une maquette — une vraie, pas quelque chose de virtuel ou de simulé — de dimensions encore modestes (1,6 mètre sur 0,80, à l’époque de sa conception, sur laquelle une ville miniature est figurée et sur laquelle sont placés divers types de capteurs qui génèrent réellement des données et interagissent avec les acteurs de cette petite simulation. La maquette s’accompagne d’une application mobile qui recueille et “expose” toutes les données collectées.

Nom de baptême: EnchantIT. Pour “réenchanter” l’espace de vie, urbain ou plus champêtre.

“CrossNode avait déjà développé une application logicielle et des micro-services. Mais nous voulions les démontrer physiquement.” D’où l’idée de maquette. “Le but est d’interconnecter les capteurs, sur la maquette, afin de prouver qu’il est possible de créer des interactions et des liens entre les citoyens et la ville – ou la commune”, déclare Anis Haboubi, co-fondateur et directeur de CrossNode.

Culture, mobilité, agri-ville…

Lors du Startup Weekend de Liège, l’équipe y a par exemple intégré:

  • une balise radio sur une statue miniature d’un certain “Smart Georges” (Georges Simenon, en l’occurrence) ; cela permet à la statue, via liaison avec une appli, de se faire conteur d’histoires, de raconter, aux touristes ou simples passants, la vie de l’écrivain à Liège, avec déclamation de certains passages de ses livres ; l’auditeur peut varier le type de contenus qu’il découvre
  • des capteurs, enchâssés dans le revêtement routier ou dans des espaces de parking intérieur, permettent de détecter des places libres, qui seront annoncées comme telle sur des panneaux d’affichage installés dans des endroits-clé. “A chacune de leurs extrémités, les rues sont dotées de panneaux intelligents qui indiquent en temps réel si cela vaut la peine de les emprunter pour chercher une place où se garer. L’optimisation et le gain de temps des conducteurs passent aussi par une application sur smartphone qui indique les rues disposant d’emplacements libres”
  • des capteurs dans un… poulailler qui relaient des informations vers une application pour signaler des pontes d’oeufs. “Prémisse du concept de ferme connectée dans un milieu urbain, au service de la communauté des citoyens. Etat de santé des poules, condition environnementale dans le bâtiment, nombre d’œufs disponibles… que l’application permet d’ailleurs de réserver”
  • et… des cadenas numériques, placés sur le “pont enchanté” (qui donne son nom à la maquette). “Ce pont dispose de sa propre identité numérique autour de laquelle est fédérée une communauté de “passeurs” qui interagissent de diverses manières, les plus intuitives et pédagogiques possibles. L’interaction la plus parlante est le cadenas numérique [Ndlr: version virtuelle de ces “cadenas de l’amour” qui s’affichent sur le Pont des Arts à Paris, au Ponte Vecchio de Venise ou encore sur le Pont Hohenzollern de Cologne]. Grâce à ces nouveaux cadenas numériques, les amoureux peuvent laisser une trace de leur passage sans aucune altération de l’ouvrage d’art.”

L’imagination au pouvoir…

CrossNode compte prendre cette maquette sous le bras, en faire une plate-forme qui regroupe un large éventail de services que peut proposer une municipalité, et tenter ainsi de sensibiliser villes et communes aux potentiels de l’Internet des Objets.

Au fil du temps, la maquette devrait s’enrichir d’autres types de capteurs afin de mieux refléter les possibilités: des capteurs de température et de CO2 ; de petits capteurs qui commandent l’allumage de luminaires au passage d’un piéton ou d’une voiture ; des capteurs intégrés aux poubelles municipales, qui peuvent ainsi alerter les services concernés lorsqu’elles sont pleines (voir notre article sur le projet de ce type qui est en train de voir le jour dans le Hainaut)