BiomMap: open data et crowdsourcing au service de la biodiversité

Pratique
Par · 14/06/2019

Voilà bien un projet qui correspond à un intérêt croissant – et salutaire – pour l’environnement et la biodiversité! Procurer au citoyen lambda mais aussi à quelques acteurs de première ligne (notamment les agriculteurs) un outil qui leur permette de contribuer à documenter et promouvoir la protection et la reconstitution de la biodiversité locale.

Pour ce faire, l’équipe du GAL [Groupe d’Action Locale] Meuse@Campagnes a imaginé un projet qui fait intervenir jeux de données publiques (open data), plate-forme de participation citoyenne et harmonisation et visualisation de données.

Baptisé BiomMap, le projet a retenu l’attention du jury de l’appel à projets “Territoire intelligent” de la Région wallonne. Commune concernée: Wasseiges.

Objectif: développer et déployer une solution, disponible à la fois sous forme de site Internet et d’appli mobile, qui permette de collationner, visualiser et gérer un ensemble pertinent et cohérent d’informations territoriales et locales concernant la biodiversité.

Les objectifs du projet

Tels que formulés dans le dossier déposé à la Région, le projet BiomMap vise à:
“- favoriser une politique et des actions plus efficaces en matière de protection et de restauration de la biodiversité
– identifier et quantifier le maillage écologique existant
– identifier, encourager et développer de nouvelles zones propices à l’installation de ce maillage (terrains communaux, territoires privés, jardins de particuliers…)
– favoriser la production participative citoyenne de données qualitatives sur les biotopes (haies, arbres, îlots, plantations, etc.)
– permettre aux citoyens de visualiser le potentiel de biodiversité de sa parcelle ou de sa commune
– recevoir des conseils sur sa parcelle
– signaler les lieux publics à entretenir au niveau de la biodiversité (terrains SNCB, Ravel…).”

A terme, le degré de précision et d’information de la plate-forme pourra aller jusqu’au niveau de chaque parcelle ou lopin de terre – privé, public, communal, provincial… La solution BiomMap devra ainsi permettre à chacun de connaître non seulement la situation mais aussi de déterminer les moyens d’amélioration.

Un instrument de structuration communale

Et l’appel du pied ne concerne pas uniquement le citoyen à son niveau individuel. De manière plus large et plus “impactante”, l’outil BiomMap est aussi destiné aux communes. “Il servira d’outil de mesure leur permettant de savoir où elles en sont en matière de biodiversité, en sachant que l’espace utile pour un maillage minimal de biodiversité équivaut à 5% de la superficie d’une entité, seuil minimal à partir duquel une biodiversité digne de ce nom est assurée”, indique Jean-Pierre Trésegnie, responsable du volet Citoyenneté numérique au sein du GAL Meuse@Campagnes.

“Aux termes des obligations du PST (Plan Stratégique Transversal), les communes doivent s’engager en matière de biodiversité locale et fournir des indicateurs pour apporter la preuve des progrès réalisés. Malheureusement, elles ne disposent actuellement d’aucun indicateur pouvant servir de référence ou de point de départ…” BiomMap pourrait leur permettre de combler cette lacune.

Données encore parcellaires

“De nombreuses données existent déjà”, souligne Jean-Pierre Trésegnie. C’est d’ailleurs grâce à elles que le GAL a pu monter son dossier. Mais elles sont encore parcellaires, dispersées, non harmonisées et souvent exprimées sous des formes que seuls des experts peuvent comprendre et exploiter.

Données topographiques via relevés Lidar. L’influence du relief sur l’aménagement du territoire. Source : SPW.

Exemples de ces données: les données de cartographie, les relevés topographiques (en ce compris ceux de type Lidar), les données spatiales (altitudes au sol, au sommet des végétations, des bâtiments, reliefs, type de sol, type d’affectation…), données agro-environnementales, informations cadastrales… Les données spatiales ont par exemple été collationnées par la DAFoR (Direction de l’Aménagement foncier rural) de la DGO3 – Agriculture, Ressources naturelles et Environnement.

“La première étape [en partie déjà effectuée] consistera à recenser l’existant et de centraliser et croiser les données. Ensuite, il s’agira de contacter et de mobiliser les partenaires de terrain – notamment les agriculteurs – afin de sélectionner les éléments pertinents et représentatifs” et de compléter ainsi la base de données. Avec nécessaire anonymisation.

Quant aux citoyens, avant même de devenir “alimentateurs en données”, ils entreront en piste pour donner, eux aussi, leur avis sur les éléments d’information à prendre en compte et, surtout, sur l’ergonomie et les conditions d’utilisation réelle de l’outil final.

Le fait est aussi que les données devront être “retravaillées” – nettoyées, standardisées, harmonisées… Le but en effet est que chacun, sans connaissance spécifique préalable, puisse utiliser la plate-forme et l’alimenter, pour compléter et enrichir la base de données. “La DAFoR possède l’expertise et la maîtrise nécessaires pour traiter les données dans l’état actuel des choses. Mais il y aura un gros travail à fournir pour rendre les données et l’outil accessibles par le citoyen lambda”, reconnaît Jean-Pierre Trésegnie.

Le travail d’adaptation et de développement devra être effectué par le ou les partenaires technologiques encore à désigner (à la faveur de l’appel d’offre qui sera lancé dans un délai maximal de quatre mois).

Le projet BiomMap repose pour une bonne part sur le principe du crowdsourcing, le terme “crowd”, en l’occurrence, faisant référence à la fois aux citoyens lambda et aux agriculteurs et chasseurs, “acteurs locaux essentiels de la biodiversité, certains étant d’ores et déjà engagés dans des mesures concrètes – plantations, création de bandes enherbées…”.

 

A terme, l’espoir est que la solution BiomMap serve également de source de conseils pour les citoyens et acteurs de terrain. Par exemple, pour donner des indications sur ce qu’il est préférable de planter, la manière d’entretenir au mieux une parcelle… Elle servira également de canal via lequel opérer des signalements, par exemple sur des lieux publics – terrains SNCB, RAVeL… – à entretenir.

L’outil devrait également inclure des fonctionnalités permettant au citoyen de valoriser la biomasse dont il est propriétaire. Par exemple en proposant à la vente des déchets de taille à des commerçants ou exploitants de produits de chaufferie au bois.