SiliconHouse: découverte accompagnée de l’écosystème californien

Portrait
Par · 24/10/2013

La Californie – la Silicon Valley en particulier – continue de fasciner et d’attirer, peut-être plus que jamais, les “starters”. Facilité (apparente) d’attirer des investisseurs aux poches pleines, dynamisme endémique, ouverture d’esprit, foisonnement d’idées et de technologies… Mais comment y aller? En débarquant à chaud? En se glissant parmi les participants de l’une ou l’autre “mission” économique ou technologique?

Gare au manque de préparation, au séjour trop bref, au soufflé appétissant que cela suscite souvent et qui retombe trop vite.

Diverses initiatives, dont certaines ont été imaginées de ce côté-ci de l’Atlantique, tentent de mettre un peu de structure dans l’exercice de découverte.

Parmi elles, la SiliconHouse, à la fois lieu de séjour personnalisé et programme d’accueil pour start-ups et entrepreneurs en herbe qui désirent aller s’établir aux Etats-Unis ou simplement tâter le marché, découvrir l’écosystème de la Silicon Valley, et en revenir avec quelques bonnes idées pour continuer, doper, voire faire “pivoter” leur projet.

Port d’attache, “facilités incluses”

Une sorte de séjour d’immersion de quelques semaines, au coeur de la Silicon Valley (Mountain View pour être exact). Avec, à la clé, un programme survitaminé, organisé par les hôtes de la maison, qui permet aux expats provisoires, souvent venus des 4 coins du monde, de rencontrer des personnes pouvant les conseiller dans tous les registres dont ils auront besoin: financement, modèle économique, technologies…

Une fois par semaine, un invité vient traiter d’un sujet spécifique: technologie, gestion financière, aspects légaux d’Internet… Une autre soirée est réservée au réseautage et aux pitchs de projets.

François Dispaux et Paul Stasse, deux jeunes starters belges, en ont fait l’expérience. “C’est un excellent moyen d’avoir accès à l’information afin de trouver les bons contacts dans la Silicon Valley”, déclare François Dispaux. “On y fait vraiment une pleine moisson de conseils: conférences, réunions et rencontres se succèdent tout le temps, jour et soir. Cela m’a permis de comprendre la culture de la Silicon Valley, chose qu’on ne peut accomplir en n’y restant que quelques jours. On se balade de projet en projet, de start-up en start-up. On bénéficie de l’avis de personnes qui sont tout simplement prêtes à aider, à conseiller, qui sont ouvertes et particulièrement franches par rapport à votre projet. Après 10 jours, j’avais compris que mon projet ne se ferait pas. Mais cela m’a permis de lancer une autre idée. [Ndlr: TeamMate, une solution encore à un stade très préliminaire qui vise la gestion de projets et agirait comme une sorte de DropBox: chacun pourrait conserver ses outils de prédilection sans que cela ne grève le travail en commun.]

François Dispaux: “L’intérêt est d’obtenir immédiatement beaucoup de feedback. Lors d’un atelier avec 3 experts de la Silicon Valley, j’ai été challengé sur tous les aspects du projet.”

Les propriétaires de l’endroit- eux-mêmes entrepreneurs- ouvrent, eux aussi, leur carnet d’adresses.

C’est une aide importante pour progresser plus vite. Du vrai concentré. On y accomplit en un mois ce qu’on aurait peut-être pu faire en 6 mois ou plus.”

Repasser plus tard…

Paul Stasse (BloomDesk) avait décidé d’y poser ses bagages quelques semaines afin de vérifier si son intention de développer des activités aux Etats-Unis tenait la route. “En l’espace de 10 jours, j’ai pu rassembler tous les éléments, tant d’un point de vue administratif, opérationnel, business que juridique, pour prendre une décision. Et j’ai finalement décidé de ne pas m’installer aux Etats-Unis. Sans la SiliconHouse, j’aurais perdu beaucoup de temps.

La SiliconHouse, à Mountain View: bed, breakfast, business & brainstorming

Côté projet, le programme m’a réconforté dans la conviction qu’on était dans le bon mais il m’a aussi permis de changer mon optique au sujet du mode de financement. J’avais au départ imaginé attirer du capital-risque américain. En finale, on a compris qu’il valait mieux développer le business en se forgeant d’abord une clientèle et revenir ensuite aux Etats-unis, une fois les revenus financiers assurés. On aurait certes pu attirer des capital-risqueurs américains mais à quelle sauce aurait-on été mangés? Ils auraient exigé 20 ou 30% du capital et l’argent récolté- 500.000 dollars, peut-être un million- nous auraient tout juste permis de tenir le coup un an, de simplement couvrir nos frais. La vie y est très chère. Locations, scolarité des enfants, coûts salariaux des développeurs qui sont le double de ceux qu’on connaît en Belgique… Un an plus tard, tout aurait été à refaire.”

A ses yeux, rester au minimum un mois sur place est nécessaire pour se faire une idée précise, quel que soit le scénario qu’on a en tête: “il faut prendre le temps de rencontrer les bonnes personnes par rapport à son projet. Un séjour d’une semaine, comme le propose par exemple la Web Mission, est trop court. On a juste le temps de nouer de premiers contacts, de vérifier si des idées similaires existent ou non déjà là-bas…”

Sélection préalable

Les places étant forcément limitées (8 à 10 personnes maximum) et la SiliconHouse ne désirant pas accueillir le tout venant, il faut en passer par une petite sélection préalable avant d’être accepté dans le programme. Les candidats sont longuement interrogés par les organisateurs. “Cela leur permet de vérifier si vous êtes réellement motivé et si les personnes qui vous aideront pourront travailler sur quelque chose ayant potentiellement de la valeur”, souligne François Dispaux.

“Ils vous interrogent sur le projet, vos besoins, vos objectifs. Ils vérifient ainsi si vos attentes correspondent à l’esprit du programme”, confirme Paul Stasse. “Cela leur permet aussi d’organiser pour vous, si vous êtes accepté, un programme de rencontres taillé à votre mesure. Lorsque vous débarquez, votre agenda est déjà prêt. Des rendez-vous ont été organisés, une série de conférences et de réunions ciblées sont prévues…”

Autres pieds-à-terre

La BlackBox Mansion

D’autres programmes peu ou prou similaires existent. Tels la BlackBox Mansion. “Mais c’est moins du one-on-one et les gens y sont davantage de passage, n’y restent que quelques jours. Les échanges y sont donc moins productifs”, estime François Dispaux. “On y rencontre en outre surtout des profils jeunes, des personnes qui s’y arrêtent parce que c’est tout compte fait moins cher qu’un hôtel…”

Paul Stasse estime lui aussi que la formule de la BlackBox Mansion est moins efficace: “elle est davantage mainstream et attire sans doute moins de visibilité de la part des venture capitalists.”

Il y a aussi l’initiative Startup Basecamp, lancée par un Belge, mais qui n’offre pas selon lui les mêmes attraits parce que ne mettant pas en oeuvre de véritable programme d’accompagnement. “C’est essentiellement de l’accueil, une maison d’hôte, basée qui plus est à San Francisco, en marge donc du coeur de la Silicon Valley.” Elle s’adresse toutefois à une clientèle de starters qui veulent venir y côtoyer d’autres jeunes porteurs de projets, confrontés aux mêmes problèmes ou espoirs qu’eux-mêmes et avec qui ils peuvent échanger quelques bons plans, le temps de leur passage en Californie.

Quelques liens pour découvrir ces différentes structures d’accueil:

SiliconHouse

BlackBox Mansion

Startup Basecamp