Phasya: logiciel d’analyse temps réel de la somnolence

Portrait
Par · 11/05/2015

L’équipe du professeur Jacques Verly (département Electricité, Electronique et Informatique de l’Institut Montefiore) a mis au point une solution qui combine dispositif électro-optique et logiciel, faisant pour cela appel à des techniques d’analyse d’images et de paramètres oculaires afin de détecter et de surveiller la somnolence.

Finalité: la sécurité dans une multitude potentielle de domaines: conduite automobile, pilotage de véhicules et engins, chaînes de production industrielle, environnements sensibles…

Ces travaux de recherche ont permis, en décembre dernier, de créer une spin-off, baptisée Phasya, qui sera chargée de commercialiser la solution et d’explorer, à terme, d’autres domaines d’applications que celui de la surveillance de la somnolence.

La différence

Le projet Phasya est l’un de ceux “repérés” et nominés dans le cadre du concours “Innovators under 35”, organisé par le MIT Technology Review. Jérôme Wertz, patron de la société, est l’un des 7 lauréats du volet belge de ce concours. Voir son portrait.

Phasya, avec sa technologie de détection de somnolence, n’est évidemment pas la seule à s’intéresser à ce domaine. Depuis quelques années, les constructeurs automobiles, notamment, développent diverses solutions basées sur l’imagerie… “mais ces solutions doivent être améliorées, notamment par l’utilisation de paramètres physiologiques tels que les mouvements occulaires”, estime Jérôme Wertz. “Peu de solutions vont aussi loin que nous dans la finesse d’analyse de la somnolence. Nous pouvons réellement discerner et quantifier divers niveaux de somnolence, sur une échelle allant de 0 à 10: individu bien éveillé, éveillé, légèrement ou fortement somnolent, en phase d’endormissement… Cela permet d’évaluer le degré de risque d’accident par rapport à la tâche effectuée.”

Un dispositif intégré de surveillance de la somnolence, avec, en coulisses, un logiciel qui pourrait s’adapter à d’autres domaines.

La solution, intégrée, combine dispositif de capture du signal (en l’occurrence des lunettes munies d’une caméra infrarouge captant les images de l’oeil à raison de 120 images/seconde) et logiciels d’analyse. Ces derniers extraient des paramètres significatifs à partir des images de l’oei, les analysent automatiquement et en temps réel afin de déterminer l’état physiologique et cognitif de la personne.

Aucune norme internationale n’existant en matière de mesure objective de la somnolence, un exercice de validation a été effectué sur base des techniques les plus reconnues par la communauté scientifique. Notamment via des tests en simulateur de conduite, des tests de temps de réaction et par analyse des indices de somnolence que révèle un électro-encéphalogramme… “Cela nous a permis de documenter concrètement la validité de notre technologie, notamment pour l’évaluation du risque d’accidents…”

Les recherches, développements et tests ont été faits en partenariat entre divers départements de l’ULg, de l’UMons, du CeCoTePe (Centre de Coopération technique et pédagogique de la Haute Ecole de la Province de Liège) et du CHU de Liège (optique, électronique, ergonomie cognitive, médecine du sommeil…) ainsi qu’avec des experts venus de divers horizons, en ce compris des neurologues ou des psychologues. “De quoi envisager et intégrer tous les éléments et aspects ayant trait à la somnolence et à la sécurité.”

“La société, ainsi que l’université et l’équipe du professeur Jacques Verly, en particulier, continueront de développer la technologie mais elle est désormais suffisamment mûre pour que l’on entame la phase de commercialisation.”

Premiers clients visés? Les centres de recherche, dans les domaines de la médecine (narcolepsie, recherche pharmacologique sur les effets de nouveaux médicaments…) et de la sécurité notamment, mais aussi des clients commerciaux à qui Phasya compte bien vendre son logiciel, pour intégration dans leurs propres solutions. “Notre modèle économique est de proposer une solution complète (lunettes et logiciels) mais il est largement centré sur le logiciel en tant que tel. Celui-ci peut en effet être adapté et intégré à divers dispositifs, tels que des lunettes connectées, du genre Google Glass, des caméras, en ce compris celles qui sont intégrées aux tableaux de bord des voitures, ou d’autres types d’équipements et de devices.”

L’équipe Phasya

Le métier premier de Phasya ne sera donc pas de développer des lunettes connectées ou “augmentées”. “Notre métier consiste à développer du logiciel pour analyser des signaux et des images physiologiques afin de déterminer l’état physiologique d’un individu. En fonction du client et de l’application, nous adapterons le logiciel à leurs spécificités.”

La technologie Phasya ambitionne des débouchés non seulement dans le domaine de la conduite automobile et de la sécurité routière mais aussi, comme on l’a vu plus haut, dans les transports en général et dans l’industrie.

“Nous nous concentrons sur les applications de la détection de somnolence à des fins de sécurité mais l’expertise que nous possédons en matière d’analyse des signaux, d’images et d’interprétation des paramètres, afin de déterminer l’état physique, physiologique et/ou cognitifs d’une personne, nous ouvre d’autres perspectives. Par exemple, dans le domaine de la mesure du stress. Phasya a du potentiel pour développer d’autres applications en collaboration avec les équipes universitaires de recherche…”

Prochaines étapes

“A court terme, notre espoir est de développer le volet commercial, notamment en signant des contrats avec des constructeurs automobiles. Nous sommes aujourd’hui en pleine phase de positionnement de la société, d’apprentissage du marché, et de prospection commerciale. Une augmentation de capital interviendra avant la fin de l’année afin de développer la société.”