OpenSides, chantre du libre, entre à la Ville d’Anvers

Portrait
Par · 21/11/2016

Créée en 2001, OpenSides s’est donnée comme mission et raison d’être de promouvoir le logiciel libre comme solution à part entière pour l’informatique d’entreprise, avec une implication dans le “communautaire”.

Dès le départ, les services d’OpenSides s’articulent autour d’un outil de déploiement automatisé de systèmes Linux, serveurs et cluster. En 2004, la société devient le fournisseur en logiciel libre du CIRB (Centre Informatique de la Région de Bruxelles-Capitale).

“Nous avons opéré 3 ans comme sous-traitant chez eux”, se rappelle Benoît Mortier, directeur de la société. “On a également assuré les migrations de différents cabinets bruxellois et puis, très vite aussi, on a exporté en France. On est entré dans les Centres de recherche, en premier lieu dans la cellule R&D d’EDF. En fait, notre clientèle est très variée. Cela va d’un centre tel que, en Wallonie, le COF (centre d’orientation et de formation), jusqu’à l’Institut des Langues Orientales à Paris, en passant par Saluk, le leader mondial wallon des boules de billard.”

FusionDirectory 100% libre

Dès 2007, OpenSides ajoute au déploiement des systèmes l’implémentation des annuaires LDAP. En 2013, elle devient éditeur du logiciel FusionDirectory.

Benoît Mortier: “FusionDirectory est né de l’arrêt du projet GOsa (Gonicus system administrator), un outil d’administration sous GPL écrit en PHP et conçu pour administrer les comptes et les systèmes (utilisateurs, groupes, listes de distribution de mail, applications, téléphones, fax) dans un arbre LDAP.

La communauté des utilisateurs de GOsa voulait faire évoluer le produit mais son éditeur allemand, Gonicus, s’y refusait. Du coup, tout le monde a basculé vers une nouvelle solution.

FusionDirectory a été “forké” par la communauté dans l’idée d’avoir une chaîne complète: inventaire, provisioning, affectation de la machine et déploiement du système. C’est un projet 100% libre, sans version payante pour les professionnels. Il fait l’objet de ce que j’appelle un très bon marketing du libre: un site Web, une forte documentation, un canal IRC très fréquenté (25 personnes en permanence en moyenne) et près de 200 utilisateurs enregistrés dans la forge.”

Le 14 novembre dernier, OpenSides a annoncé la sortie de la version 1.0.17 de FusionDirectory avec une amélioration importante du nombre de requêtes LDAP, qui est divisé par 15.

“Cela rend son interface plus attractive pour tous les utilisateurs, mais plus particulièrement pour ceux qui ont de grands annuaires à gérer. L’autre fonctionnalité majeure est la réécriture du plug-in DHCP qui offre plus de souplesse et de flexibilité.”

10.000 postes à la Ville d’Anvers 

Aujourd’hui, le portefeuille d’OpenSides comprend deux solutions complémentaires: FusionDirectory et OpenLDAP.

Benoît Mortier (OpenSides): “Le slogan à la base de la création d’OpenSides? Reprendre le contrôle de son informatique.”

Benoît Mortier: “On fait l’un, ou l’autre, ou les deux. On peut assurer le déploiement, gérer les infrastructures au quotidien et assurer la formation.”

Il y a un peu moins de deux ans, OpenSides a mis à jour toute l’infrastructure du parti Ecolo, quelque 200 postes. Basée entièrement sur du libre, l’infrastructure est gérée de A à Z par FusionDirectory: le DHCP, le DNS, le déploiement des postes, l’accès aux serveurs et le partage des ressources.

“Nous pouvons également gérer des parcs Windows en connexion avec des serveurs Linux.

C’est ainsi que nous travaillons pour l’instant au déploiement d’une dizaine de milliers de postes chez Digipolis.be, le guichet unique des services informatiques de la Ville d’Anvers. Il s’agit de remplacer la solution propriétaire en place – Altiris – par le logiciel libre Opsi.

Ce choix s’est opéré dans un contexte à la fois d’un regain d’utilisation de logiciels libres et d’économies budgétaires. Dans les projets que nous menons, le critère économique revient souvent. Si c’est bien mené, le libre permet effectivement de faire basculer tout ce qui est budget licence en implémentation, support et formation. Cela a dès lors pour effet de rendre les sociétés moins dépendantes.”

Esprit communautaire 

Pour conduire ces évolutions, OpenSides fait appel à un développeur plein temps, un administrateur système, un contrôle qualité, ainsi qu’une série de contributeurs-clients-amis. “On ne veut pas grandir pour grandir. Notre métier est de faire du service et on n’engage que lorsque cela est nécessaire.

Benoît Mortier: “Nous soutenons financièrement des associations telles qu’Abelli qui font la promotion du libre et défendent les libertés numériques.”

A côté de nos activités commerciales, nous restons attachés à l’esprit du libre et à la dimension communautaire. C’est nous qui avons initié les Jeudis du Libre à Bruxelles. Nous participons aux rencontres mondiales des logiciels libres et nous soutenons financièrement des associations telles qu’Abelli qui font la promotion du libre et défendent les libertés numériques.”

Un projet référence

En septembre dernier, OpenSides a remporté l’Award Market 2016 de l’association française ow2 pour un projet de gestion d’applications “grande échelle et multi-sites” réalisé pour le compte de  Huma-Num (1) et pour lequel la société a déployé sa solution FusionDirectory.

Le but du projet était de permettre aux chercheurs et aux scientifiques d’avoir accès, de là où ils se trouvent, à une plate-forme numérique de ressources leur permettant, à haute échelle, d’extraire, de calculer et d’annoter une grande variété et nature de données: sérielles, textuelles, multimédia, audio/vidéo, 3D ou cartographiques.

“Il fallait à Huma-Num un logiciel permettant à la fois de centraliser tout ce qui est accès à l’infrastructure Huma-Num tout en en déléguant le contrôle de l’accès et la gestion des ressources aux centres locaux, en leur assurant ainsi une nécessaire autonomie et souplesse de fonctionnement”, explique Benoît Mortier.

“C’est un projet d’envergure qu’on a mené à bien avec FusionDirectory, d’où le prix décerné par l’association française ObjectWeb2 [Ndlr: association dédiée au développement de middleware (intergiciels) libres de qualité industrielle]. Cette récompense nous crédibilise sur un marché français où nous réalisons 60% de notre chiffre d’affaires. C’est aussi une reconnaissance par nos pairs.”


(1) Huma-Num est ce qu’on appelle en France une TGIR, une “très grande infrastructure de recherche”.

Huma-Num, de manière spécifique, est une TGIR dédiée aux “Humanités Numériques”, portée par le CNRS, l’Université d’Aix-Marseille et le Campus Condorcet. Mission: “faciliter le tournant numérique de la recherche en sciences humaines et sociales.”

A ce titre, elle met une infrastructure ICT mutualisée haute performance à la disposition des centres et des équipes de recherche en sciences humaines et sociales, avec, à la clef, des services de stockage, de traitement, de documentation, de diffusion et de conservation longue durée des données, plus spécifiquement celles concernant la recherche en sciences humaines et sociales.