MintT: surveillance actimétrique de patients à risque

Portrait
Par · 04/07/2019

MintT, start-up employant actuellement six personnes, avec un pied à Bruxelles (avenue Louise) et un autre à Charleroi (Co.Station), s’est spécialisée dans l’“analyse comportementale et la surveillance médicale des personnes âgées”. Technologie-clé utilisée: l’analyse d’images. Un “héritage” de Synoptics dont on retrouve non seulement les connaissances en captation et analyse d’images 3D dans l’ADN de la jeune pousse mais aussi des noms connus, tel celui d’Eric Krzeslo, directeur de MintT.

La start-up a participé au dernier programme en date de l’accélérateur MedTech de Lifetech.brussels.

Surveillance discrète

La solution ISA (Intelligent Sensing for Ageing) développée par la société repose sur un capteur d’images 3D (ne parlez pas de caméra 3D, insiste Eric Krzeslo, tant ce concept est connoté d’intrusion dans la vie privée). Elle y greffe une capacité d’analyse, implémentée dans une plate-forme centralisée, qui, via algorithme, “interprète” les images pour identifier et signaler en temps réel trois types d’“incidents” ou situations dangereuses touchant des patients ou personnes âgées: chute, sortie de lit “intempestive” et agitation (cette dernière se définissant par du “mouvements présentant un degré d’intensité anormale pendant une certaine période de temps”).

“La solution ISA ne fait pas de diagnostic. La décision sur l’importance d’un incident demeure le fait d’un professionnel des soins”, explique Eric Krzeslo. “Mais le but est d’être une aide au travail des infirmières, de leur fournir des alertes pré-qualifiées, de leur faire gagner du temps.” 

Les algorithmes interprètent les images via analyse des mouvements et par actimétrie (analyse quantifiée de l’activité d’une personne). Les images sont en outre stockées afin de permettre de remonter quelques minutes avant l’incident (une chute par exemple) afin de pouvoir en identifier la cause, les circonstances ou les signes avant-coureurs et de pouvoir ainsi prendre des mesures préventives.

Eric Krzeslo (MintT): “Les services principalement intéressés sont la gériatrie, la revalidation, l’orthopédie et les services de réanimation. Mais la solution ISA peut, d’une manière générale, être un élément intéressant pour l’accréditation qualité des hôpitaux.”

Sur base de l’identification des faits ou comportements atypiques ou inquiétants, une alerte est envoyée au personnel soignant, sur la console de la salle des infirmières ou directement vers un téléphone ou une tablette. Alertée par un signal (vocal et visuel), l’infirmière peut alors cliquer sur une icône qui lui permet d’activer la fonction Vision du capteur et voir en direct la situation. “C’est ce que nous appelons la fonction Levée de doute.” L’infirmière voit, sur sa tablette ou sur l’écran, la situation dans la chambre et peut intervenir en cas de besoin ou, au contraire, retarder son passage en chambre si la personne s’est par exemple relevée, après une chute anodine, ou s’est remise d’elle-même dans le lit qu’elle n’était pas censée quitter.

Pour préserver l’intimité et la vie privée, les images ne sont pas celles auxquelles on s’attend d’une caméra “normale”. 

Ce sont bel et bien des images qui sont captées mais sous une forme qui ne permet pas d’identifier la personne. Ce qui est visualisé par les équipes médicales, c’est une sorte de champ visuel ressemblant plutôt à ce que donne une vision nocturne avec lunettes spéciales. 

Populations à risque

Avec sa solution ISA, MintT vise en priorité une clientèle d’hôpitaux, de maisons de repos et des logements avec services. Dans un stade ultérieur, elle compte aussi viser des déploiements à domicile, notamment dans le cadre d’une hospitalisation à domicile.

Outre la surveillance et la notification “qualifiée” d’incidents, Eric Krzeslo souligne que la solution ISA peut également servir potentiellement pour une surveillance au long cours (salle d’attente par exemple) ou pour assurer le suivi de l’activité diurne ou nocturne d’une personne et de son sommeil.

Un premier contrat a été signé avec le Centre Hospitalier de Wallonie picarde (CHwapi) de Tournai pour équipement des départements gériatrie et revalidation. Saint-Luc à Bouge devrait bientôt déployer le même système dans son aile Gériatrie.