Lancement du “A6K-E6K”: pour combler les besoins ingénieriques et numériques carolo…

Portrait
Par · 01/04/2019

Les nouveaux noms et acronymes poussent dru en ce printemps (Meusinvest et CIDE-Socran à Liège, par exemple, se sont rebaptisés récemment). Nouvelle “marque” qu’il vous faudra mémoriser: A6K – E6K. Du côté de Charleroi… Et oui, il y a un truc mnémotechnique. 6K, c’est 6000, comme le code postal de Charleroi. Quant aux A et E, ils signifient respectivement Advanced et Education.

A6K, c’est le nom d’un futur hub ou site-pivot dédié à l’Advanced Manufacturing (production industrielle de pointe), l’un des quatre axes de renouveau économique de la région identifiés par le plan CATch (Catalysts for Charleroi).

Thomas Dermine (cellule Catch): “Recréer des ponts entre la recherche et les industriels et entre les industriels entre eux.”

E6K, son acolyte et voisin, c’est l’intitulé d’un futur centre de formations orienté compétences numériques.

Tous deux s’installeront dans les bâtiments laissés à l’abandon par le tri postal, à un jet de pierre de la gare de Charleroi-Sud.

Les deux grands plateaux d’une superficie totale de 6.000 m2 (4.000 pour l’A6K, 2.000 pour l’E6K) seront aménagés en espaces de colocation évolutifs, accueillant start-ups, porteurs de projets, acteurs de la formation, équipes venues de centres de recherche, d’entreprises (grands groupes ou PME)…

L’idée est de les faire travailler de concert, à la carte, en fonction des projets de R&D, de prototypage, de co-création et de co-innovation, potentiellement jusqu’à la phase de pré-lancement commercial.

Ballet d’acteurs

Mots-clé de la “philosophie” que veut concrétiser A6K: open innovation, co-localisation de compétences complémentaires, décloisonnement sectoriel.

Le mode de fonctionnement de l’A6K sera malléable, reconfigurable selon les types et finalités de projets et les partenaires impliqués.

Un espace aménageable de 6.000 m2 au centre de Charleroi. L’ancien Tri postal accueillera les centres A6K et E6K. En attendant, l’événement Made Different / Factory of the Future avait décidé d’y organiser sa soirée…

Le but est de permettre à différents acteurs venus de divers horizons (recherche, industrie, formation, accompagnement…) de s’y retrouver et de collaborer “à la demande”.

“L’objectif”, indique Thomas Dermine, responsable de la cellule CATch, “est de (re)créer des ponts entre la recherche et les industriels et entre les industriels entre eux.” Et, ce faisant, de surmonter les obstacles de lenteur et/ou de manque de connaissances qui freinent l’innovation industrielle.

Dans quelle mesure des acteurs tels que Thales Alenia Space et Alstom (pour ne citer que deux des sociétés qui ont déjà marqué leur intérêt pour venir s’implanter et/ou profiter du cadre proposé par l’A6K) pourront-ils coopérer sur un même projet?

“Il est des thématiques et des problématiques technologiques qui concernent différents secteurs et pour lesquelles cela fait donc sens de s’allier”, indique Damien Hubaux, directeur du CETIC. Et, dès lors, de remiser, à ce stade, toute réaction de pré-carré.

Anthony Van Putte (Pôle de compétitivité Mecatech): “L’A6K est un formidable laboratoire d’open innovation qui constitue une belle opportunité pour toutes les entreprises désireuses d’innover en partenariat.”

 

Pour les besoins des projets, les sociétés (grandes ou petites) pourront solliciter des compétences puisées dans l’écosystème: des centres de formation (TechnoCampus, Technofutur TIC) ; des centres de recherche (Cetic, Cenaero, Multitel, Sirris) ; des accélérateurs/incubateurs (WSL ou l’AE.celerator – Advanced Engineering Accelatator, ce dernier étant une initiative commune de Sambrinvest et du fonds Theodorus) ; des prestataires privés de services (I-care, Akka…) ; ou encore des acteurs institutionnels (les pôles de compétitivité par exemple, à commencer par le Pôle Mecatech).

Cerise potentielle sur le gâteau (la décision d’implantation doit encore être confirmée): le futur démonstrateur industriel 4.0 wallon devrait venir s’installer sur le même plateau que l’A6K.

Qui pour gérer le site?

Sambrinvest jouera les “ensembliers”. C’est l’invest en effet qui a signé un bail de quatre ans pour l’utilisation du bâtiment de l’ancien tri postal. Il est aussi en charge de son aménagement en modules entièrement équipés (mobilier et connectivité) et sous-louera les espaces aux différents partenaires qui l’occuperont pour des périodes variables.

Provisoirement, la direction et l’animation de l’A6K seront assumées par Abd-Samad Habbachi, de la cellule CATch. De même, également sur base temporaire, l’animation de l’E6K sera la responsabilité de Thomas Thewissen, lui aussi de la cellule CATch.

WSL / AE.celerator, même combat?

WSL et AE.celerator (Advanced Engineering Accelerator). Tous deux revendiquent un rôle d’“accélérateur de projets dans le domaine des sciences de l’ingénieur”.
WSL, de loin le plus ancien sur le marché, sera l’un des partenaires du futur centre A6K. Selon quelle formule? Selon le principe de sollicitation de compétences à la carte, les sociétés et porteurs de projets qui hanteront l’A6K pourront en appeler aux ressources de WSL selon divers scénarios:
– projets StarTech (pour étudiants ingénieurs)
– perspective d’implantation à l’A6K de start-ups technologiques étrangères, via les liens tissés par WSL avec des partenaires texan et australien, en collaboration avec l’OWIN (open worldwide innovation network) de l’AWEX
accompagnement de projets “en complémentarité avec l’i-Tech lncubator et/ou l’AE.ccelerator”
– interventions dans des projets “en lien avec d’autres partenaires éventuels”.

Edu-Rubik

Tout comme l’A6K, le centre de formation E6K fonctionnera sur base d’une modularité des formations assurées, à la demande ou selon les besoins, en faisant appel aux compétences, ressources et cursus de divers partenaires: Technofutur TIC, Ifapme, BeCode. Avec promesse de jouer la complémentarité par rapport aux acteurs situés à proximité que sont CoStation, le Quai 10 et BeCode.

Champ thématique de l’E6K: les compétences numériques et les talents créatifs. Thomas Dermine rappelait toute l’importance de la formation dans un contexte économique carolo qui est en demande d’étincelles de redémarrage et d’entreprises qui ne trouvent pas les profils dont elles ont besoin.

La proximité de l’espace A6K et des acteurs industriels qui hanteront les lieux devrait logiquement déclencher attentes, pistes de formation et synergies.

Avec l’E6K, Charleroi veut amener les formations au plus près des compétences (à renforcer ou encore à faire naître).

Former, prototyper, innover… Numérique et fabrication de pointe s’interpénétreront au coeur de l’A6K-E6K…

Voilà pourquoi les acteurs de la formation délègueront leurs ressources pédagogiques vers le Tri Postal, en centre-ville, pour “renforcer l’inclusion socio-économique d’un public en recherche de nouvelles opportunités et qui ne pourrait pas se déplacer jusqu’à notre centre de formation de Gosselies”, indique par exemple Yvan Huque, directeur de Technofutur TIC. Sans parler du fait qu’en forçant les différents partenaires à sortir de leur cocon et de se croiser et co-opérer en un seul lieu, les cursus pourraient s’entre-pénétrer et mieux se compléter.

Le centre s’adressera à divers types de profils: depuis des jeunes en décrochage jusqu’aux victimes des séismes industriels subis par la région, sans discernement d’âge ou de pré-qualification.

Objectif que se fixe l’E6K: former plus de 300 apprenants par an aux technologies numériques.

Inauguration en septembre 2019

L’espace de l’ancien tri postal, organisé en quatre niveau, est encore entièrement nu pour l’instant.

Les travaux d’aménagement s’étaleront d’avril à juin. Jusqu’à 32 “modules” pourront être aménagés dans les 4.000 m2 occupés par l’A6K, chaque module pouvant accueillir une équipe de 6 à 8 personnes.

Les premières activités y essuieront les plâtres pendant l’été, avant l’inauguration officielle et le coup d’envoi opérationnel en septembre.

L’espace sera structurée en “boxes” ou modules (plus ou moins permanents), avec aussi des espaces pour coworking, conférences, ateliers, formations à la demande, espaces partagés de relaxation et d’échanges.