Kiwert: projet de studio de gaming, porté par un ado accepté au VentureLab

Portrait
Par · 30/09/2016

Alors qu’il n’avait encore que 16 ans, Romain Hault, élève en secondaire à Jupille (il entre dans sa dernière année), a décidé de poser sa candidature au VentureLab. Démarche couronnée de succès…

Cet accélérateur a été spécialement imaginé et aménagé par HEC Liège comme une couveuse pour des projets portés par les étudiants-entrepreneurs des provinces de Liège et Luxembourg. Conçu et réservé en principe aux étudiants du supérieur, il peut faire des exceptions en termes d’âge des “recrues” lorsque celles-ci témoignent d’une volonté et de qualités prometteuses qui devraient leur permettre de réussir dans l’entrepreneuriat. Et ceux qui ont accepté la candidature de Romain Hault, y compris le coach qui lui a été attribué, confirment qu’il a des prédispositions prometteuses. Sophie Joris, directrice du VentureLab, parle de “réelles compétences entrepreneuriales”. Son coach, Olivier de Wasseige, voit en lui “un battant, avec un sens des affaires et une ambition exceptionnelle qui pourront faire la différence”. Avis qu’il développe plus en détails ci-dessous.

D’autres éléments ont permis à Romain Hault de voir sa candidature retenue. Notamment son environnement familial. En l’occurrence, des parents eux-mêmes entrepreneurs. Son père, par exemple, est le directeur de la société Level IT (Angleur), et l’initiateur du projet “La Bourse aux dons”, une solution en-ligne qui permet de gérer les dons de produits alimentaires invendus, en direct entre opérateurs du secteur (grandes surfaces, fournisseurs, producteurs, agriculteurs…) et les organisations d’aide alimentaire bénéficiaires.

Ses deux parents l’ont encouragé dans sa démarche. Mieux, ce sont eux qui lui ont soufflé l’idée. Et qui, tout au long de son “accélération”, pourront l’entourer et le conseiller, complétant le travail de coaching et d’accompagnement fourni par le VentureLab.

Le projet

L’envie d’entreprendre était latente, chez Romain Hault, depuis quelque temps déjà. “J’avais déjà développé un jeu pour smartphone. Je voulais aller plus loin mais ne savais pas vraiment comment m’y prendre”, explique-t-il.

Il voulait entreprendre mais sans pour autant lâcher ses études (il hésite encore entre des études commerciales ou d’ingénieur), donner une autre dimension à sa passion.

Romain Hault: “Les jeux éphémères pour smartphone peuvent être rentables parce que le joueur en fait une grosse consommation. Tout dépend de la promo. En développer un par mois est aussi porteur que dans développer un gros sur 3 ans.”

La société qu’il avait déjà esquissée dans sa tête et qu’il veut concrétiser au sein du VentureLab a pour nom Kiwert Game Studio. Positionnement: le développement, l’édition et la publication de “jeux addictifs pour tablette ou smartphone, destinés à un public jeune et connecté.” La production pourrait se faire à un rythme élevé, de l’ordre d’un jeu par mois. Un rythme qu’il estime pouvoir assumer tout en poursuivant ses études. “Mon premier jeu, j’ai mis 7 mois à le développer parce que je n’y connaissais rien. Aujourd’hui, 10 ou 20 jours me suffisent. L’avantage, c’est que Kiwert ne sera jamais à court d’idées puisqu’éditant aussi celles des autres.”

Kiwert aura en effet trois finalités: éditer, publier et promouvoir ses propres jeux, faire de même avec ceux de développeurs qui cherchent un éditeur et enfin, sur base de simples idées de personnes n’ayant pas les compétences de développement ou le matériel nécessaires. Kiwert leur proposera un contrat, développera le jeu et en fera la promotion.

Dans un premier temps, Kiwert se focalisera sur les petits jeux addictifs éphémères qui tombent rapidement dans l’oubli “parce que les gens s’en lassent vite”. A terme, l’intention est d’y ajouter des jeux 3D, plus costauds et pérennes, qui pourront se jouer sur diverses plates-formes.

Les jeux que développe pour l’instant l’adolescent et ceux qu’il entrevoit pour Kiwert seront gratuits. Les options, elles (balles, accessoires, outils…) seront payants. Et il prévoit en outre de monétiser l’addiction des joueurs par la publicité mais à doses digestibles, pour éviter la surdose et l’effet dissuasif. Sans doute de l’ordre d’une pub affichée toutes les 5 parties…

Les prémices

Son tout premier jeu pour smartphone – Saw (le joueur doit éviter les déplacements d’une scie à l’écran), Romain Hault l’a conçu à 15 ans. Résultat: 18.000 chargements en deux semaines. Il en est aujourd’hui à la version 2 et prépare le lancement d’UpSideDown, autre jeu d’adresse avec balles bondissantes.

Des développeurs et amateurs de jeux vidéo et autres jeux pour smartphones ou réseaux sociaux, il en existe beaucoup. Qu’est-ce qui différencie réellement Romain Hault? Quelles qualités et capacités a-t-il démontrées pour obtenir son ticket VentureLab?

Voici ce qu’en dit son coach, Olivier de Wasseige, patron de Defimedia et administrateur-délégué du fonds privé d’investissement Internet Attitude.

L’avis du coach

Régional-IT: Pourquoi avoir accepté de devenir son coach ?

Olivier de Wassieige: Pour plusieurs raisons. D’abord parce que Romain a une forte personnalité et une envie évidente d’entreprendre. Ensuite parce qu’il a des capacités techniques incroyables. Et enfin pour le challenge de coacher un jeune de 17 ans, encore étudiant en 5ième Humanité à l’époque !

Romain Hault? “Un excellent profil et un super projet.” Dixit son coach au VentureLab.

Comment expliquez-vous qu’il ait été accepté, si jeune, au sein du VentureLab ? En quoi était-il “mûr” pour ce genre d’environnement et d’accompagnement ? 

La mission du VentureLab est d’accompagner des personnes et non des projets. Les étudiants et jeunes diplômés sont acceptés en fonction de leur profil entrepreneurial ou de la capacité qu’ils auront à devenir entrepreneur. L’âge n’est donc pas un critère fondamental. Cette “gniac” d’entreprendre passe avant la qualité du projet. Il nous est arrivé d’accepter des jeunes parce qu’on croyait en eux, en leur personnalité, alors qu’on était sûr que leur projet était bancal, le but étant alors de les faire réfléchir et pivoter vers un autre idée. Dans le cas de Romain, on a les deux: un excellent profil et un super projet.

Quelles sont ses qualités qui vous font croire dans ses chances ?

Au-delà de son esprit entrepreneurial, sa principale qualité est sa compétence technique: c’est impressionnant de voir la vitesse à laquelle il programme, sa maîtrise des outils, etc. Il a aussi un côté marketing intéressant, et il a bien compris les enjeux commerciaux ainsi que le défi que cela représente de créer une communauté de joueurs fans de ses jeux. Il est aussi optimiste, ce qui est parfois un défaut quand on monte un business plan et un plan financier, mais globalement, il vaut mieux être optimiste que pessimiste. J’ai toujours dit qu’il fallait être optimiste pour devenir entrepreneur. Sinon, chaque accroc devient une catastrophe…

Quelle différence (en termes de compétences, de background, de potentiel à concrétiser une volonté d’entrepreneuriat) y a-t-il entre un jeune encore au secondaire et un étudiant universitaire/Haute Ecole?

Forcément, on n’a pas en rhéto le même background et la même formation à la création d’entreprise que quelques années plus tard. Mais ce constat est aussi vrai pour certains étudiants de 1ère ou 2ème bac. Mais comme je l’ai déjà dit, le plus important, c’est le profil, parfois le contexte familial (ici pour Romain, un environnement de parents entrepreneurs, ça aide évidemment !).

Là où Romain n’a pas encore suffisamment de notions, c’est sur les parties gestion d’entreprise, finances et comptabilité, mais il est bien entouré par sa famille et justement par la structure du VentureLab.

Olivier de Wasseige: “Si un jeune a décidé de créer son entreprise, le mieux est que l’accompagnement démarre le plus vite possible.”

Est-ce une bonne chose, selon vous, d’intégrer si jeune ce genre de structure? Quelles sont les “qualités” requises pour être sélectionné et, surtout, avoir quelque chance d’en tirer réellement profit?

Si un jeune a décidé de créer son entreprise, alors le mieux est que l’accompagnement démarre le plus vite possible. Romain a pris sa décision d’entreprendre après avoir développé son premier jeu à 16 ans. Ses deux premiers jeux sont en ligne et sont des succès. Pourquoi attendre ? Il serait de toute façon passé à l’acte sans nous.

Je fais le parallèle avec les mini-entreprises en rhéto : certains étudiants, après celles-ci, sont admis au VentureLab pour un accompagnement complet. Le rôle du VentureLab est double: accompagner vers le passage à l’acte entrepreneurial et former le jeune pour qu’il s’autonomise dans son nouveau rôle d’entrepreneur. Une fois cette décision d’entreprendre actée, notre mission consiste donc à les soutenir, les accompagner, les former, leur ouvrir nos réseaux, développer leur esprit critique. Et c’est plus facile quand on a en face de soi quelqu’un qui, comme Romain, écoute, a envie d’apprendre, et apprend vite !

La jeunesse de Romain est de fait une exception, par rapport au critère Universités ou Hautes Ecoles. Mais le VentureLab a déjà accueilli un autre très jeune entrepreneur (Romain Mathieu) qui, pendant son Bac, avait créé sa société, laquelle se développe bien !  [  Retour au texte  ]