Emixis: intégrer la géoloc’ mobile dans la chaîne métier

Portrait
Par · 09/08/2013

Début 2013, deux sociétés bruxelloises actives sur le marché de la gestion d’actifs et de personnes décidaient d’unir leurs forces en fusionnant.

D’un côté, Mobile Token, société créée en 2001, se positionne sur le terrain de la géolocalisation et des applications mobiles pour gestion d’effectifs et de flottes (workforce & fleet management). Notamment pour des applications du genre planification de tournées, enregistrement des temps de travail de collaborateurs mobiles… Sa clientèle se situe notamment dans les secteurs de la construction, des services techniques, du field marketing et du merchandising.

De l’autre, BF Engineering/Datatrak, spécialisée essentiellement dans la gestion de flottes de véhicules (sécurisation, surveillance, traçage). Parmi sa clientèle typique: des sociétés de transport (en ce compris du transport de fonds), des forces de police, des communes…

“Nous avons développé des boîtiers ayant notamment des finalités de géolocalisation, d’anti-vol. Souvent pour des besoins très spécifiques”, explique Didier Gelin, ex-BF Engineering, désormais co-CEO d’Emixis. “Les balises, fonctionnant en autonome sur batterie, signalent tout mouvement d’un véhicule. Nous les couplons au besoin à des capteurs de température [pour signaler par exemple une ouverture de porte et un risque potentiel pour la chaîne de froid]. Pour les communes, nous avons par exemple développé des solutions spécifiques pour les opérations de salage ou d’entretien des plaques d’égout. Dans le premier cas, un boîtier de géolocalisation est combiné à un capteur placé sur le distributeur de sel.” Pour servir d’outil de gestion des opérations et preuve de passage du camion de salage. “Dans le second cas, il s’agit d’une application de geofencing [Ndlr: contraction de geolocation et referencing], avec identification géoréférencée des zones autour des plaques sur Google Maps et capteur installé sur la lance de nettoyage.”

Miser sur le spécifique…

La société fusionnée devrait continuer à miser sur des solutions et développements spécifiques pour se différencier et assurer sa pérennité.

La différenciation s’exprimera non seulement en termes de fonctions “métier” mais aussi pour des fonctions plus “horizontales”, convenant à de multiples profils de clientèle. Exemple cité: le mariage entre une solution de fleet management avec un applicatif mobile permettant de compléter les rapports générés à la suite de tournées commerciales ou ceux documentant l’évolution d’un chantier. “On peut imaginer, par exemple, des rapports différenciés destinés aux secrétariats sociaux.”

… et la complémentarité

Présentes sur des marchés assez semblables et complémentaires (peu de recouvrement concurrentiel), les deux sociétés ont décidé d’unir leur sort afin de renforcer leur réseau et modèle commercial, de s’ouvrir de

Source: Wikimedia

nouveaux marchés et de miser sur une solution intégrée, mêlant gestion mobile de personnes, de parcs de véhicules et d’actifs (matériels divers, containers…) et intégration avec des solutions (applicatifs métier et/ou back-office) venues d’autres acteurs. Côté environnements mobiles, les solutions sont compatibles Android, iOS et Blackberry.

Outre l’extension du portefeuille de solutions, qui leur laisse espérer une meilleure présence en clientèle, la particularité majeure d’Emixis est d’être une société intégrée: depuis la conception de solutions (matérielles et logicielles) jusqu’à leur commercialisation en passant par la production et l’assemblage des systèmes.

“Nos concurrents utilisent généralement du matériel produit par d’autres sociétés, parfois lointaines”… et produisant en grandes séries. “Cela ne leur donne pas la maîtrise sur les caractéristiques des boîtiers”, insiste Didier Gelin. Emixis, elle, produit ses propres boîtiers, en Belgique. L’atelier d’Haren (au nord de Bruxelles) assemble des systèmes spécifiques de géolocalisation et de suivi: balises GPS, capteurs, mais aussi, à partir de septembre, tags RFID…

Autre caractéristique de l’offre Emixis: un modèle “software as a service”, avec tarification des solutions à l’usage.

OBD ou GSM?

Les solutions de géolocalisation Emixis reposent sur deux types de matériel: des boîtiers spécifiques (OBD) et des GSM ou smartphones. Pour rappel, les boîtiers de type OBD (on-board diagnostics) sont des boîtiers indépendants qui se connectent au port OBD du véhicule pour récupérer l’information collectée à partir d’une série d’instruments et d’équipements (compte-tours, jauge de consommation…).

Le catalogue Emixis inclut ces deux scénarios et continuera à le faire, dans la mesure où ils répondent à des besoins différents. “Si le but est d’effectuer le suivi de véhicule, l’analyse de problèmes ou d’incidents, dans des secteurs tels la construction ou la logistique, on se situe plutôt dans un scénario de contrôle où un boîtier spécifique a tout son sens”, déclare Lionel Anciaux, fondateur de Mobile Token et aujourd’hui co-CEO d’Emixis. “Si l’on veut être en mesure d’identifier l’intervenant le plus proche du besoin, dans un scénario de service technique, le GSM peut convenir. C’est souvent l’un ou l’autre. Nous avons l’avantage de proposer les deux types d’équipements et de solutions et de pouvoir dès lors couvrir tous les besoins. Cela nous permet aussi d’adopter un discours plus neutre, plus objectif, vis-à-vis du client là où d’autres essaieront sans doute d’imposer à tout prix telle ou telle solution.”

Deux marques

Pour l’instant, les deux marques SecurySat (BF Engineering) et aidoo mobile (Mobile Token) continuent de subsister sur le marché. Question d’image, essentiellement. Par contre, en coulisses, les produits sont appelés à se rapprocher. Première étape: l’évolution technologique de la plate-forme de fleet management, dont le volet front office sera redéveloppé pour s’appuyer sur les web services conçus par Mobile Token. Début 2014, il ne devrait plus y avoir qu’un seul front office.

La société poursuivra ensuite par la fusion des modèles de données afin de pouvoir proposer des solutions réellement harmonisées.

Davantage d’indirect

La fusion des deux sociétés va influencer quelque peu le modèle commercial, l’objectif étant de mettre, demain, davantage l’accent sur les ventes indirectes, en ce compris sur le marché belge. “Au niveau local, nous voulons développer les partenariats afin de commercialiser nos applis”, indique Lionel Anciaux. Ces partenaires seront notamment des éditeurs de logiciels ERP et CRM en quête de fonctionnalités complémentaires.

Lionel Anciaux (Emixis): autoriser les partenaires à insérer nos outils dans leurs propres solutions

Le démarchage commercial se fera en commun. Exemple avec Sage. L’équipe d’Emixis “détecte les besoins en clientèle et passe la main aux revendeurs Sage qui pourront proposer notre solution, en complément par exemple d’une gestion de planning. Le processus d’intégration sera effectif dans les deux sens de telle sorte à garantir la cohérence et l’exhaustivité des données (historique client, gestion des alertes et notifications, automatisation de la facturation, intégration de bons d’intervention dans les rapports de prestations de services…)”

L’intégration avec les solutions tierces s’effectuera par le biais de connecteurs standard. Un interfacage de la solution de workforce management Aidoo Mobile a par exemple été réalisé avec divers logiciels d’ERP tels SAP, Microsoft Dynamics (Navision) ou Sage. Le partage de données s’effectue via des Web services, des processus d’importation/exportation ou de la synchronisation SQL.Du côté de la solution de géolocalisation SecurySat (portefeuille PF Engineering), l’intégration passe également via des Web Services.

“Côté revendeurs [VAR]”, ajoute Lionel Anciaux, “notre souhait est de les autoriser à concevoir leurs propres solutions, en leur procurant les API (Web services) nécessaires.”

Si l’indirect sera donc favorisé, essentiellement à l’international mais aussi sur le marché local, “tous les clients belges qui sont actuellement desservis en direct le resteront”, souligne Lionel Anciaux. “L’intention n’est pas de transférer des clients vers nos partenaires.”

A l’heure actuelle, les marchés à l’exportation couverts par Emixis (héritage des deux sociétés fusionnées) sont la Suisse, l’Allemagne mais aussi l’Afrique. BF Engineering, en effet, y a décroché des contrats (notamment en sécurisation de flottes de véhicules) dans des pays tels la Côte d’Ivoire, l’Ouganda… Prochain marché visé: la France.

Eco-conduite

BF Engineering a développé (mais pas encore commercialisé) une solution d’éco-conduite qui permettra d’informer en temps réel le conducteur (ainsi que son employeur) sur des comportements de conduite potentiellement dangereux ou sources de consommation excessive (détection d’accélération brutale…). “Nous désirons en faire une solution d’aide interactive à la conduite, avec feedback immédiat [qui prendra par exemple la forme de bips sonores et d’indicateurs visuels]. Le suivi temps réel est important pour motiver les conducteurs et avoir un réel impact positif sur la conduite.”

Mais Emixis n’a pas encore déterminé le scénario commercial: “nous devons d’abord vérifier si les clients potentiels sont prêts à payer et pour quelles fonctions”, indique Didier Gelin.