Digital Attraxion MoveUp: 7 start-ups en quête d’accélération

Portrait
Par · 10/11/2017

Elles sont finalement 7. Sept start-ups à avoir été admises au premier programme d’accélération de longue durée (5 mois) de Digital Attraxion, qui se déroulera au Negundo Innovation Center, à Froyennes près de Tournai.

Qui sont ces sept sociétés et, chose importante, quelle est, pour chacune d’elle, la “corporate” qui l’accompagnera et s’intéressera de près à la maturation de son projet (éventuellement pour en tirer parti sous une forme ou une autre)?

Passons tout cela en revue, par ordre alphabétique.

En fin d’article quelques éléments chiffrés et factuels sur la sélection des projets et le déroulement du programme.

Airwafi

Le seul projet non belge sélectionné. Il est porté par une petite équipe américano-coréenne.

Le projet: une appli mobile, un “kit de voyage mobile” qui veut “améliorer l’expérience du voyageur dans sa relation client-aéroport”. Le voyageur y trouvera notamment des informations sur les horaires (et retards) d’avion, les conditions à remplir pour obtenir un visa, il pourra remplir sur son mobile des formulaires d’immigration, obtenir des informations sur les cours de change des devises, les itinéraires à suivre, la longueur de la file d’attente à la douane, la manière de se faire rembourser en cas de souci… Et ce, pour un large panel de destinations.

Partenaire corp sélectionné: l’Aéroport de Charleroi.

L’équipe Airwafi (mi-californienne, mi-sud-coréenne) a postulé au programme MoveUp parce qu’elle désire lancer son projet sur le sol européen. Tournai lui sert donc, pendant 5 mois, de premier poste avancé. Et l’Aéroport de Charleroi de premier “poisson-pilote” aéroportuaire.

cPark

Origine: Brabant wallon/Bruxelles.

L’idée: une appli qui renseigne l’automobiliste sur les places de parking disponibles en rue et les conditions tarifaires en vigueur: zones payantes, gratuites, endroits où le disque est obligatoire.

L’appli cPark fournit des renseignements sur les tarifs, par tranches horaires, et inclut une fonction de notification. Un SMS est envoyé quand la période autorisée se termine.

Autre particularité: des avertissements de risque de verbalisation par un agent ou un contrôleur. Cette dernière fonction est rendue possible par les informations et signalements de la communauté des utilisateurs. Le but est d’enrichir et d’actualiser constamment la “base de connaissances”: les utilisateurs sont invités à signaler en temps réel la présence d’un contrôleur ou à envoyer à la plate-forme les informations sur des amendes qu’ils auraient reçues (tel endroit, telle heure). L’analytique fait le reste. Utile mais uniquement si l’on part du principe que les contrôles se font systématiquement selon des horaires dont les agents ne s’écartent pas…

L’appli avait fait ses débuts à Bruxelles et à Anvers voici quelques semaines.

Partenaire corp sélectionné: Ville de Tournai.

Drone Technixx

Origine: Lasnes.

Spécialité: des drones pour relevés topographiques aériens (thermographies, photogrammétries…), inspections industrielles, gestion du territoire et du patrimoine, expertise de sinistres pour compagnies d’assurance…

Le projet: “développer un drone topographique haute précision, équipé de tous les outils nécessaires à l’acquisition et à la synchronisation de données photographiques et de coordonnées GPS de haute précision afin de permettre aux ingénieurs de générer des modèles ou plans 2D/3G géo-référencés précis.”

Partenaire corp sélectionné: Alstom.

EasySense

Origine: Tournai.

Le projet: une plate-forme de collecte et d’analyse de données venant de dispositifs IoT industriels. La jeune société se positionne comme prestataire de services: création de capteurs, intégration dans la chaîne de production, collecte de données et supervision industrielle, analyse de données, génération de conseils et de rapports (à orientation environnementale, qualité…).

Technologies supportées: Lora, Sigfox, 3G-4G, WiFi, Z-Wave, ZigBee, BLE, KNX.

Partenaire corp sélectionné: TechNord.

HoliTrack

Origine: Louvain-la-Neuve.

Le projet: baptisé HoliFresh au départ, le projet est né à l’UCL mais a également reçu le soutien de l’UMons et du centre de recherche Materia Nova.

L’idée de départ: une solution IoT pour la surveillance de la chaîne logistique, spécifiquement pour le secteur agro-alimentaire. Le principe? Proposer en location des dispositifs de collecte de données (nom de baptême: HoliTags), incluant 4 capteurs Sigfox (mesure de la température, de l’humidité, des vibrations ou de la luminosité, et localisation temps réel), qui enregistrent une série de paramètres sur les conditions d’un transport (maritime, routier ou ferroviaire).

Les données sont collectées et stockées localement pendant le transport. A chaque étape, les données sont transférées vers un serveur central.

Le traçage du transport de denrées alimentaires n’est désormais plus le seul domaine d’application que vise la start-up même si la chaîne du froid demeure l’une de ses cibles. Elle vise, de manière plus large, la gestion des transports, des inventaires… de produits périssables, de produits et équipements de grande valeur, ou encore de médicaments et vaccins.

Partenaires corp sélectionnés: Sedis Logistics et Lutosa.

Smogey

Origine: Silly/Tournai.

Le projet: plate-forme collaborative qui veut devenir un portail d’informations et de conseils centralisant toutes les initiatives locales éco-responsables (points de recyclage, services de collecte des détritus, lieux de recyclage, producteurs locaux, acteurs de l’économie circulaire, solutions de mobilité multimodale réduisant l’impact sur l’environnement…) dans un rayon géographique déterminé.

A terme, au-delà de la simple information, Smogey espère devenir une place de marché mettant en relations citoyens, entreprises, sous-traitants, pouvoirs locaux…

L’équipe envisage de mettre en ligne trois outils de simulation: mobilité, consommation alimentaire et logement/habitat. Objectif: aider le citoyen ou le chef d’entreprise à réduire son empreinte écologique. L’espoir est que les villes et communes intègrent à terme la solution Smogey dans leur propre site Internet.

Partenaire corp sélectionné: Ville de Tournai.

WeSmart

Origine: Bruxelles.

Le projet: solution SaaS de collecte et de suivi d’“initiatives vertes” pour entreprises. Du genre: gestion de consommation énergétique (notamment pour solutions basées sur des panneaux solaires et des éoliennes), contrôle de la qualité de l’air…

La solution inclut des potentiels de mesure et surveillance de consommation (selon divers degrés de granularité: bâtiment entier, pièces…), de conseils d’économies et un volet prédictif.

Partenaires corp sélectionnés: Ideta et Sedis Logistics.

Les dessous de la sélection

Pour son premier programme MoveUp, Digital Attraxion, l’accélérateur hennuyer de start-ups numériques soutenu notamment par les 3 invests hennuyères, a reçu 45 candidatures.

20 dossiers ont été jugés recevables.

Ces dossiers ont été évalués par le Cetic afin de déterminer si la nature et les caractéristiques du projet tenaient la route ou comportaient des bases solides, en termes technologique, organisationnel…

15 des 20 projets ont été retenus pour la phase de présentation du projet devant le jury de sélection et devant les représentants des 8 acteurs économiques auprès desquels les start-ups valideront et testeront leur idée ou leur projet. Pour rappel, ces 8 “corp” sont les Transports Fockedey, Sedis Logistics, Alstom, Lutosa, la Ville de Tournai, Technord, Bizzdev et l’Aéroport de Charleroi.

13 projets ont “pitché” leur idée (deux ayant reculé en dernière minute).

8 ont été sélectionnés mais seulement 7 ont réellement intégré le programme pour l’instant (le huitième hésite encore à se lancer en raison d’une opération de levée de fonds en cours qu’il estime incompatible avec la formule de prêt convertible prévue comme aide financière dans le cadre du programme MoveUp).

Thématique(s)

Pour sa première édition, le programme MoveUp avait annoncé la couleur, disant vouloir restreindre le champ à une thématique. Problème: elle n’était pas des plus précises. En effet, le programme désirait accueillir des projets ayant trait aux “systèmes intelligents de transport (ITS), à la mobilité des objets connectés”. Mais sans négliger “l’analytique big data pour environnements connectés.”

Pourquoi ne pas avoir été plus sélectif? Pour ratisser plus large? Être certain d’attirer suffisamment de postulants? Par manque de consensus?

D’aucuns jugeront que l’occasion a ainsi été ratée de donner une réelle touche distinctive à l’exercice, de placer Digital Attraxion de manière claire sur la carte de l’accompagnement de start-ups, chose qui manque encore tellement chez nous…

Quoi qu’il en soit, le résultat est ce qu’il est: les projets sont disparates. On y trouve une touche de logistique, un soupçon d’aide à la mobilité, de l’IoT, un petit nuage à connotation smart city. Somme toute, la volonté de cerner un champ thématique ne s’est pas concrétisée. La logistique aurait dû être le thème dominant, vu le contexte économique de la région. Ce ne sera pas vraiment le cas, même s’il est loin d’être absent. A revoir pour une prochaine édition?

Pas beaucoup d’hennuyères

Constat immédiat: les start-ups hennuyères ne se bousculent pas parmi les 7 start-ups acceptées au programme MoveUp. Ce qui ne manque évidemment pas d’étonner de la part d’une initiative sensée favoriser le développement et, à terme, la création d’emplois locaux. On imagine mal en tout cas que toutes les extra-hennuyères se relocalisent soudain dans la région…

Mais c’est là l’effet typique du petit carrousel “shopping” qui caractérise l’écosystème local de l’accompagnement de start-ups. Côté jeunes pousses, elles vont chercher de l’aide, parfois à répétition, auprès de toutes les enseignes et boutiques qu’elles dénichent. Côté structures d’accompagnement, on ne se prive pas d’aller voir dans le jardin des voisines, sans respect pour les illusoires frontières sous-régionalistes. Tant qu’une cohérence, complémentarité “intelligente” n’aura pas été instaurée dans le paysage, ce phénomène perdurera sans doute…

Mais, pour l’heure, la conséquence immédiate est que le Hainaut n’apparaît guère comme géniteur d’idées et de projets…

Deux “corp” privées de “pupille”

Deux grands acteurs, partenaires de ce premier programme MoveUp, n’ont pas trouvé “chaussure à leur pied” parmi les projets sélectionnés. L’entreprise Transports Fockedey n’a pas trouvé intéressante la start-up (ou le projet) qu’on lui avait proposé(e).

BizzDev, quant à elle, s’est vue poser un lapin. La start-up qu’elle avait choisie a renâclé au dernier moment, estimant que le mode de financement prévu dans le cadre de MoveUp (un prêt convertible, venant des invests, d’un montant de 70.000 euros) ne lui convenait pas.

Ces deux sociétés sont-elles pour autant hors jeu pour les 5 prochains mois? Pas nécessairement. Si elles le désirent, elles peuvent toujours accueillir et offrir avis et conseils à l’un ou l’autre projet retenu par le programme. [ Retour au texte ]