Dapesco: optimiser l’énergie ne s’improvise pas

Portrait
Par · 21/09/2012

La société néo-louvaniste Dapesco s’est spécialisée dans le conseil en optimisation énergétique. Son métier consiste dès lors à collecter, traiter et analyser les données collectées par des capteurs, notamment des compteurs communicants. La société s’adresse à une clientèle tant publique (communes, intercommunales, hôpitaux, bâtiments d’administrations et ministères…) que professionnelle ou industrielle (grandes surfaces de distribution, aéroports, banques, …). Seul secteur non desservi: le résidentiel. “Il nous faudrait pour cela mettre en oeuvre un autre modèle, une autre structure de société”, explique Tanguy Detroz, fondateur et patron de Dapesco.

Des motivations souvent très différentes

“Les clients nous confient la surveillance de leurs bâtiments, en matière de consommation énergique, pour trois raisons majeures. Dans la perspective de rapports environnementaux, en ce compris les éléments à intégrer à leur rapport annuel. Des raisons financières, parce qu’ils veulent pouvoir acheter leur énergie à de meilleures conditions sur le marché et ont donc besoin de mieux savoir ce qu’ils consomment. Enfin, pour réduire leur consommation, ce qui suppose une analyse de profil.”

Ces trois raisons ou motivations ne se cumulent pas forcément, chaque entreprise ayant ses priorités- ou intérêts. Mais cela implique aussi un fait symptomatique: l’interlocuteur auquel s’adresse Dapesco au sein des entreprises varie sensiblement. Il s’agit tantôt du directeur technique, lorsqu’il s’agit d’optimiser l’existant, tantôt du directeur des achats, lorsque la motivation est un achat d’énergie mieux pensé, ou encore du responsable énergie.

Dapesco s’adresse à des clients qui, souvent, sont implantés sur de multiples sites, en ce compris à l’échelle internationale. “Ils utilisent alors nos outils pour effectuer des comparaisons entre sites, pour identifier les bonnes et mauvaises pratiques. Que ce soit par m2 de surface occupée, par enfant dans une école ou par lit dans un hôpital.”

Les analyses effectuées peuvent être de deux types: les paramètres (type de construction, choix de technologies…) qui font qu’un bâtiment ou un site soit “énergétiquement performant” ou qu’au contraire, il montre des carences (sur certaines périodes, dans des circonstances spécifiques, lors d’un type d’occupation particulier…).

“Nous procédons aux analyses selon différentes formules: depuis le diagnostic ponctuel, avec installation temporaire de compteurs, jusqu’à la surveillance au long cours. En passant par des avis et conseils à des fins d’isolation, d’analyse de ratio consommation/production d’énergie, etc.”

Vue macro, vue micro

Si certains clients se contentent d’un rapport global, d’autres ont des objectifs parfois très détaillés. “Un client [Ampacet, société luxembourgeoise notamment spécialisée dans la production de piments colorés pour l’industrie] nous demande même une analyse énergie/CO₂ calculée par palette. A des fins de profilage environnemental”, explique Tanguy Detroz.

Autre exemple: l’aéroport de Lyon qui utilise les solutions Dapesco pour refacturer l’énergie consommée à ses différents clients. Non seulement les compagnies aériennes mais aussi les exploitants des boutiques, espaces de restauration ou de services implantés sur le site de l’aéroport. Côté compagnies aériennes, le calcul peut s’avérer complexe: “l’affectation des portes auxquelles viennent s’amarrer les avions d’une compagnie, par exemple, change parfois chaque jour. Nos calculs doivent suivre…”

Les analyses de données qu’autorisent les logiciels de Dapesco permettent d’identifier une multitude de paramètres influençant le profil énergétique d’un bâtiment. “Nous pouvons identifier les problèmes d’isolation, de sensibilité par rapport à des paramètres extérieur tel le vent, des problèmes de puissance de chaudière… Nous avons développé une expertise plus particulière dans le créneau des surfaces commerciales où nous pouvons poser des diagnostics très fins sur les consommations des divers équipements.”

Au-delà de l’installation de logiciels de surveillance, Dapesco procure également des conseils à ses clients. “Même si nos outils deviennent de plus en plus aisés à utiliser, une expertise pointue et le bagage de connaissances d’un énergéticien restent nécessaires pour interpréter les résultats des relevés. Tout comme il faut un médecin pour lire correctement un électrocardiogramme.”

De nouveaux preneurs pour les services?

Dapesco envisage-t-elle éventuellement de “vendre” ses services de surveillance et d’optimisation de consommation énergétique à d’autres catégories de clients? Tels que des particuliers ou des fournisseurs d’énergie?

“Même si nos outils deviennent de plus en plus aisés à utiliser, une expertise pointue et le bagage de connaissances d’un énergéticien restent nécessaires pour interpréter les résultats des relevés.”

Pour ce qui est de cette dernière catégorie, la réponse est catégorique et négative. “Les motivations des fournisseurs d’énergie sont claires. A savoir vendre de l’énergie. Aussi longtemps qu’un fournisseur facturera au kWh vendu, son intérêt ne sera pas de faire faire des économies au client”, raisonne Tanguy Detroz. “Certes, les fournisseurs proposeront des analyses de consommation. Mais ce qu’ils proposeront sera-t-il réellement une valeur ajoutée? En ce qui nous concerne, je ne vois pas comment nous pourrions être à la fois du côté de celui qui tient le bâton et du côté de celui qui se fait frapper. Nous sommes clairement du côté du consommateur…”

Mais, pour l’instant, la société reste donc à l’écart de cette clientèle résidentielle potentielle, pour les raisons citées ci-dessus (un modèle d’entreprise non adapté). Toutefois, une évolution à terme n’est pas rejetée par Tanguy Detroz. “Je suis convaincu que lorsque les compteurs intelligents seront déployés et que les données seront accessibles, une flopée de nouveaux acteurs et métiers feront leur apparition. Et, peut-être, Dapesco sera-t-il alors l’un d’eux…”

A l’heure actuelle, le secteur (para-)public représente 40% du chiffre d’affaires de la société. Ses activités à l’étranger représentent déjà 25% du total “et sont en progression rapide. Nous surveillons ainsi des sites dans une quarantaine de pays”. Après une première filiale implantée à Paris, Dapesco tourne aujourd’hui ses regards vers d’autres implantations potentielles. A commencer par l’Allemagne, la Suisse et l’Espagne.

“Le bureau d’études de Dapesco n’est actif qu’en Belgique. Par contre, nous vendons nos logiciels à l’international où nos concurrents sont souvent des acteurs très locaux. C’est là l’un de nos différenciateurs. Nous proposons une solution internationale à nos clients. Autrement dit, tout simplement, une solution qui peut gérer des sites dans plusieurs fuseaux horaires, avec des profils de consommation différents.” Simple exemple: les relevés de consommation sont quart-horaires en Belgique ou en Allemagne mais la périodicité est de 30 minutes outre-Manche et de 10 minutes en France. Spécificités qu’il faut en outre combiner avec des tarifs forcément différents.