BAO veut réinventer la notion d’apporteurs d’affaires

Portrait
Par · 28/10/2021

A mi-chemin entre le réseau d’affaires et la plate-forme d’offres de profils, assortie ou non d’une dimension “recommandation” par les clients satisfaits (ou non), une nouvelle plate-forme a vu le jour à l’initiative de Pierre Garcia. Elle se base en fait sur une pratique ancestrale – qui lui donne d’ailleurs son nom: le “bon vieux” bouche à oreille.

La plate-forme BAO (vous avez deviné d’où vient l’acronyme…) se veut en quelque sorte la déclinaison 2.0 de ces “tuyaux” et “bons plans” que l’on peut se relayer au détour d’une rencontre physique ou d’un coup de fil classique. 

Contrairement à des plates-formes telles que Tafsquare, plus thématiques en termes de métiers ou plus spécifiques en termes de cible, BAO ratisse large puisque la notion d’“apporteur d’affaires” se comprend au sens large: nouveau client pour une entreprise, un indépendant, un commerce, nouveau membre ou sponsor pour une association, nouveau projet d’aménagement pour un entrepreneur, nouveau bien ou nouveau client pour une agence immobilière…

BAO s’adresse dès lors à la fois aux entreprises, aux indépendants, aux associations et aux particuliers, permettant de recommander ou de dénicher un profil spécifique, un artisan, un produit ou service, une source de sponsoring, une bonne idée d’activité culturelle, récréative, sportive, bénévole, etc. etc.

“Le projet BAO est né d’un constat: l’acquisition de clients pour une entreprise, grande ou moyenne, ou pour tout indépendant, coûte cher, en temps et en ressources. Elle requiert en outre certaines compétences. Les budgets que l’on consacre à de la publicité sur Facebook ou en Adwords chez Google n’apportent pas forcément une garantie”, déclare Pierre Garcia. “Ce qui demeure un meilleur canal que la pub, c’est encore et toujours le bouche-à-oreille, par recommandation.”

Le modèle économique

L’inscription à la plate-forme et son utilisation sont gratuites pour les particuliers ou encore pour les membres d’une association. Une société, quelle que soit sa taille, doit quant à elle débourser une cotisation de 800 euros, par “zone” géographique où elle est active (le territoire belge a été découpé en 20 zones).

Pour les secteurs touchés par la crise du coronavirus, BAO a décidé d’appliquer un tarif réduit de 400 euros.

Par ailleurs, une formule financière plus attractive (et accessible) est à l’étude pour les petits commerçants et indépendants: “Nous sommes en train de retravailler notre modèle pour l’adapter à leur taille – coiffeurs, couturières, petits restaurateurs, start-ups ou personnes physiques”, indique Pierre Garcia.

Le projet BAO a pu compter, à son lancement, sur le support, en ce compris financier, de 18 entrepreneurs qui sont loin d’avoir tous un profil de “business angel” classique.
Capital de départ: 650.000 euros, auxquels viennent de s’ajouter 250.000 euros tout récemment.
Pour l’instant, environ 49% des fournisseurs et prestataires de produits et services inscrits sur la plate-forme sont basés ou actifs à Charleroi et dans ses environs (logique puisque le projet est né à Gosselies). Suivent ensuite, par zone d’importance, Mons, la Louvière, Bruxelles et Namur. Ces acteurs sont de diverses tailles – allant de l’électricien du coin jusqu’à de grands noms tels que Luminus, Voo, Proximus, Mega…
En termes d’“apporteurs d’affaires”, le centre de gravité du réseau se situe actuellement à Charleroi (près de deux fois plus que d’apporteurs venant de Bruxelles, par exemple).
Prochaines étapes pour le développement du projet: la Flandre et la France.

Ce sera sans doute l’un des sujets sur lesquels se penchera le directeur nouveau général (entrée en fonctions à la mi-novembre) qui sera chargé de poursuivre et renforcer le développement commercial.

Pour susciter de l’adhésion et faire en sorte que le moulin à recommandations et bons plans soit alimenté, les initiateurs de BOA ont imaginé un système de monétisation et de récompenses pour les “apporteurs d’affaires” (ceux et celles qui recommandent tel ou tel prestataire), ou des personnes qui “parrainent” des fournisseurs, créateurs, associations, (futurs) employeurs… 

Une association qui passerait par exemple par la plate-forme pour dénicher un sponsoring aurait droit à un pourcentage à répercuter vers le ou les membres qui l’aurait parrainé.

Une personne qui recommande, “parraine”, un prestataire recevra 10% de la cotisation que ce dernier paiera en se faisant membre de la plate-forme. Rétribution potentielle aussi si la recommandation se solde par un contrat  ou une vente.

Les particuliers qui amènent de nouveaux clients à une entreprise ou à un prestataire via BAO peuvent quant à eux bénéficier d’une réduction sur les produits ou services, une réduction négociée par BAO avec l’acteur en question. Le pourcentage du “cash back” est en effet convenu entre BAO et le prestataire lors de l’adhésion de ce dernier.

Pierre Garcia (BAO): “Chaque apporteur d’affaires ou parrain peut visualiser son “équipe”, autrement dit les personnes ou sociétés qu’il a invitées à rejoindre le réseau et qui ont adhéré à BAO.”

“Le pourcentage est, dans une certaine mesure, individualisé, selon le type de prestataire et la valeur qu’il attache à l’acquisition d’un client. Sans pour autant que le cash back qu’il consent ne mange trop sa marge bénéficiaire. Le pourcentage typique oscille entre 5 et 10%. Mais nous avons déjà vu un marchand de lunettes octroyer un pourcentage de 20%. Un fabricant de châssis, lui, est descendu à 2,5%…”

Le pourcentage est donc fixé, au départ, entre la société ou l’indépendant et BAO. “On veut en effet aussi éviter que s’installe une guerre des prix entre acteurs d’un même secteur.” Un même taux sera donc d’application à tous les acteurs d’une même catégorie.

“Les particuliers aussi peuvent ainsi se faire un petit pécule – même s’ils sont chômeurs ou pensionnés. Nous avons en effet obtenu du service SDA du SPF Finances [service des décisions anticipées en matière fiscale] que la rémunération pour recommandations via BAO puisse culminer à 3.000 euros par an. BAO se charge même de régler les impôts et de l’éventuelle déclaration TVA pour le bénéficiaire…”

Comment qualifier les bons plans?

Toutes les plates-formes qui s’inspirent de cette idée de réseau et offre de services via recommandations affirment haut et fort valider les propositions qui sont faites par leur biais. Mais comment vérifier la qualité d’un travail d’un artisan, la valeur réelle d’une recommandation, le bien fondé de compétences présentées comme telles…?

On le sait, laisser jouer la seule “pondération et sélection naturelle” est un mirage, une utopie, voire un leurre. La manière dont BAO procède consiste à vérifier la teneur informative d’une demande ou d’une proposition faite via la plate-forme.

“S’il y a clairement un manque de détails ou de précision, nous contactons l’auteur pour améliorer la formulation”. Autre règle de bonne conduite: les prestataires potentiels ont en outre 48 heures pour se manifester et contacter le demandeur.

Le sérieux d’une entreprise ou d’un prestataire transparaîtra aussi de l’assiduité avec laquelle il assure le suivi de la demande. Une série d’étapes ont ainsi été prévues sur la plate-forme: demande réceptionnée, offre déclinée ou acceptée, contrat signé ou en cours de négociation, affaire en attente de facturation, travail entamé, réalisé, payé…

Prochaine étape

“Jusqu’à présent, en ce compris au niveau de son identité visuelle [le site BAO a été conçu par le studio Opp], BAO était très orienté vers une philosophie de club d’affaires. Nous n’avons donc pas encore réussi à réellement toucher le particulier. Nous avons donc demandé à Opp de retravailler notre identité.

Le principe de la carte BAO, et celui du cash back pour les particuliers, participeront à réorienter notre positionnement. Le travail de redéveloppement devrait être finalisé au premier trimestre 2022.”