AirWafi: décollage de l’appli, début juin

Portrait
Par · 09/05/2018

Une start-up d’origine américano-coréenne a décidé, à l’issue du programme d’accélération hennuyer MoveUp (Digital Attraxion), de s’implanter à Charleroi. Le projet AirWafi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était le seul porté par une équipe non-régionale, et même non-belge, lors de la première édition de ce programme d’accélération de start-ups numériques.

Et l’enjeu n’était pas anodin pour les organisateurs: appuyer un projet extra-territorial avec du financement régional avait été jugé justifiable du fait qu’AirWafi, pour la finalisation et les débuts commerciaux de son appli (voir notre petit rappel ci-dessous), avait été mis en relation avec l’Aéroport de Charleroi pour lui servir de coach et de “validateur” de solution. Encore fallait-il… atterrir, ancrer le projet en local et, dès lors, être source d’emplois et de valorisation économique.

La gageure semble être en bonne voie de concrétisation: l’antenne européenne d’AirWafi, qui opèrera également à partir de la Californie et de la Corée (voir plus loin), s’installe à Charleroi. Les fondateurs ont en effet décidé d’expatrier une partie de leurs ressources et de leur propriété intellectuelle de Corée vers la Belgique.

Premier point de chute: le CoStation carolo. L’entité belge a officiellement été créée le 7 avril.

Pour ses débuts (certains recrutements sont encore en cours), l’équipe locale inclura un business developer – Guillaume Béland, qui était en fin de contrat chez Digital Attraxion; un lead developer (de nationalité coréenne qui déménagera armes et bagages vers Charleroi); deux autres développeurs; et une personne chargée du marketing et du community management.

L’équipe de développement d’AirWafi aura deux points d’ancrage: Charleroi et la Corée du Sud, cette dernière étant la terre natale de Jamie Lee, fondatrice d’AirWafi, mais aussi une “terre d’accueil inégalable en termes de conditions financières et fiscales octroyées par le gouvernement pour tout ce qui touche à la R&D”, souligne Guillaume Béland.

D’ici 5 ans, AirWafi ambitionne d’être devenue une société desservant des clients (aéroports et compagnies aériennes) dans le monde entier. Avec un effectif de 80 personnes – c’est en tout cas le plan. Ce même plan repose en outre sur un trajet de levée de fonds “quasi ininterrompu au cours de 4 prochaines années.”

Premier appel de fonds

C’est en Belgique que se lance d’ailleurs le premier appel de fonds frais. La jeune pousse est à la recherche, dans l’immédiat, d’un million d’euros. La moitié de cette somme devrait en principe venir de Sambrinvest, qui, ayant déjà dénoué les cordons de sa bourse via l’avance récupérable qui finance les projets sélectionnés pour le programme MoveUp, a un droit de premier refus lors du premier tour de table.

Reste donc 500.000 euros à trouver auprès d’autres investisseurs.

Qu’est-ce qu’AirWafi?

Petit rappel. L’application PATA (Personal Air Traveler Assistant) de la start-up AirWafi est née de l’imagination d’une équipe américano-coréenne et a fait ses premiers pas sous des cieux bien éloignés du Hainaut où se déroulait le programme d’accélération. Los Angeles, d’une part. Corée du Sud, de l’autre.

En quoi consiste cette appli? C’est une sorte d’assistant mobile procurant au voyageur une foule d’informations concernant son vol et son transit en aéroport. L’application lui concocte une base de données en fonction de chaque aéroport où il se trouve: informations sur les horaires (et retards) d’avion, sur les changements de porte d’embarquement (ou d’arrivée d’un avion), sur les cours de change des devises, les itinéraires à suivre, la longueur de la file d’attente à la douane, la manière de se faire rembourser en cas de souci, informations sur les boutiques de l’aéroport et des offres ou promotions éventuelles, sur les possibilités de transport public ou par taxi…

Plus en amont, le voyageur pourra aussi y découvrir des formulaires d’immigration, les conditions à remplir pour obtenir un visa, pour obtenir un remboursement de TVA…

Aéroport de Charleroi, premier de cordée

En s’inscrivant au programme MoveUp, le but de l’équipe américano-coréenne était de prendre pied sur le marché des aéroports européens – de grande ou moins grande taille. Vu sous cet angle, l’opportunité de travailler à l’application et à son modèle économique avec l’Aéroport de Charleroi, partenaire “corp.” dans le cadre des cinq mois d’“accélération”, était donc attrayante et intéressante.

Les fondatrices d’AirWafi lors d’une présentation du projet à CoStation Charleroi…

Les contacts noués se matérialisent petit à petit. Les deux partenaires ont ainsi finalisé une première étape de contrôle de qualité auprès de 1.000 utilisateurs. L’aéroport teste et utilise l’application, pleinement fonctionnelle, en interne depuis environ trois semaines. Cette dernière phase bêta se terminera fin mai. 

Lancement opérationnel prévu pour le 4 juin. Le contenu fonctionnel de l’appli continuera sans doute d’évoluer. Par exemple, compte tenu des négociations engagées par l’aéroport avec différents concessionnaires de services, notamment avec l’opérateur du parking. Selon qu’il y ait reconduction ou changement de prestataires de services, les fonctions intégrées à l’appli évolueront. L’équipe d’AirWafi assiste par exemple les responsables de l’aéroport dans l’analyse des scénarios de gestion du parking (inclusion d’une fonction d’enregistrement des accès, etc.)

L’aéroport de Charleroi servira en outre de premier “ambassadeur” pour la conquête du marché européen, voire extra-européen. “125 destinations sont couvertes au départ de Charleroi. Parmi elles, AirWafi en a identifiées 35 qui correspondent à son profil-cible, à savoir des aéroports accueillant de l’ordre de 2 à 4 ou 5 millions de passagers par an [Ndlr: voir plus bas la manière dont AirWafi imagine son modèle économique]. Au-delà de ce chiffre, un aéroport dispose souvent lui-même de sa propre appli.

Nous avons clairement une carte à jouer auprès des aéroports de petite ou moyenne catégorie”, affirme Guillaume Béland. “Nous avons entamé une phase de prise de contact avec ces 35 aéroports, Brussels South Charleroi Airport veillant à nous introduire auprès d’eux. 

Nous partagerons en outre un stand commun à l’occasion de l’événement de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) dont l’assemblée générale se tiendra, cette année, à Bruxelles. Le but sera de profiter de cet événement pour contacter un maximum de responsables aéroportuaires…” 

Après Charleroi, la Californie

Autre partenaire sur la ligne de départ: l’aéroport d’Ontario. Attention! Il ne s’agit pas d’Ontario Canada mais d’Ontario… Californie, dans le comté de San Bernardino, à une soixantaine de kilomètres de Los Angeles. 

Cet aéroport qui affiche déjà fièrement un intitulé d’aéroport international (grandiloquence toute américaine) était en fait, jusqu’à présent, un aéroport desservant surtout des destinations intra-USA. Toutefois, l’ambition internationale est sur le point de se concrétiser avec une première liaison long courrier vers Taïwan. “L’intérêt d’Ontario International Airport pour l’appli AirWafi était identique à celui de l’Aéroport de Charleroi”, souligne Guillaume Béland. “L’appli devient le canal d’“arrimage” des voyageurs débarquant d’autres aéroports, en particulier internationaux.”

Charleroi, en la matière, avait une sérieuse longueur d’avance. Mais soulignons que ce n’est pas un hasard si l’appli AirWafi entrera réellement en phase opérationnelle, à Charleroi, le 4 juin. Quelques jours plus tard, en effet, un certain atterrissage du premier avion Air Belgium venant de Hong Kong est planifié…

Ontario, lui, voudrait déployer l’appli en septembre.

Petit détail révélateur des premières cibles de clientèle: l’appli AirWafi sera disponible, dans un premier temps, en anglais, français, néerlandais, coréen, cantonais et mandarin.

Modèle économique

L’appli d’AirWafi est gratuite pour les voyageurs – idem pour les compagnies aériennes. La société se rémunère en faisant payer les aéroports, selon un tarif dégressif en fonction du nombre de passagers qu’ils accueillent à l’année. Tarif appliqué: 5 cents par passager en-deçà de 10 millions de passagers par an ; 1 cent pour les aéroports voyant transiter plus de 40 millions de passagers par an. 

Jusqu’ici la start-up s’est auto-financée et a bénéficié d’une avance récupérable dans le cadre du programme de Digital Attraxion. Comme signalé plus haut, elle espère désormais lever un million d’euros afin de poursuivre le développement de son application et “stabiliser” la société en Belgique. [ Retour au texte ]