Melchior Wathelet (Xperthis): “signaux clairs sur le futur DPI d’ici la fin de l’année”

Interview
Par · 30/06/2015

Début juin, après deux mois “d’observation”, Melchior Wathelet endossait officiellement ses nouvelles responsabilités de président du comité de direction à la fois de la société Xperthis et du groupe du même nom qui chapeaute Xperthis, MIMS et Ciges – ces deux sociétés ayant été rachetées en début d’année.

Tant Ulrich Penzkofer, patron de NRB, que Melchior Wathelet avaient promis en avril dernier de livrer, avant l’été, les grandes lignes de la stratégie d’intégration que la société, spécialisée dans les solutions informatiques hospitalières, compte déployer à court et plus long terme. Les détails et modalités, eux, viendront plus tard mais un schéma global a en effet été esquissé en ce mois de juin.

Léger repositionnement de l’offre

Tel qu’il existe actuellement, le catalogue de solutions IT hospitalières d’Xperthis est le reflet à la fois de ses origines et de la manière dont les différentes entités ont abordé jusqu’ici le marché. Tant Xperthis (elle-même le résultat d’une fusion entre Polymedis, Partezis et Xtenso) que MIMS et Ciges sont des “enfants du pays”, des sociétés qui ont développé, au fil du temps, des solutions et fonctionnalités dans des domaines spécifiques – tarification, facturation, gestion du dossier patient, gestion de résultats de labo, etc.

Ils se sont adressés à des hôpitaux locaux, personnalisant peu ou prou les modules fonctionnels développés, procédant par évolutions successives, étendant progressivement le champ de la numérisation des processus.

Melchior Wathelet: “Notre premier objectif est de réussir l’intégration. On a les cartes en mains pour la réussir. L’objectif est d’être suffisamment harmonisé pour apporter le gain d’efficience et suffisamment belge-belge pour apporter le bon dimensionnement dont ont besoin les hôpitaux en termes de partenariat.”

Aujourd’hui, en raison-même des acquisitions successives de sociétés, Xperthis doit “nettoyer” son catalogue, le rendre homogène, proposer par exemple (à plus ou moins long terme) une solution DPI (dossier patient informatisé) unique.

Dans le même temps où il procède à l’intégration-migration de produits de son catalogue, le groupe Xperthis ne peut espérer maintenir et améliorer la position qui est actuellement la sienne qu’en tenant compte de la concurrence et du poids qu’elle représente. Nous verrons, dans la deuxième partie de cette interview, comment Xperthis compte modifier quelque peu le positionnement de son offre afin de la rapprocher du concept de solution intégrée configurable (au lieu de poursuivre dans la voie de modules spécifiques).

Où en est l’intégration?

Vu la multiplicité de solutions qu’Xperthis a héritées via acquisitions, comment se profile l’intégration entre les solutions OmniPro (MIMS), bDoc (Ciges) et Care (Xperthis)? Comment allez-vous déterminer ce qui sera retenu et l’évolution future?

Melchior Wathelet: Le processus, désormais mis en place, fait en sorte que tout le monde travaille en totale transparence pour définir les cadres du dossier patient qu’on va choisir. J’ai demandé à chacun de le faire sans arrière-pensée ou avec le moins d’arrière-pensée possible [par rapport au passé]. Le déclic s’est fait. Si on additionne les éléments positifs des trois solutions actuelles, tout le monde fera un bond en avant. Par contre, si on devait rester au stade des luttes intestines, on y perdrait.

Pour ce qui est de la manière dont on définit les cadres, nous aurons les premiers signaux clairs d’ici la fin de l’année, afin d’accompagner les clients existants et, pour ceux qui ne sont pas encore clients chez nous, leur exposer les nouvelles solutions.

On sait qu’il y a là aussi une différence de marché. Sur le marché wallon et une partie de Bruxelles, la plupart des hôpitaux sont déjà clients. En Flandre et une partie de Bruxelles, le positionnement est davantage celui d’une recherche des options à déployer. Cela signifie qu’au sud, nous sommes plutôt dans un trajet de migration tandis que dans l’autre partie du pays, il s’agit plutôt d’un trajet de positionnement, même si nous sommes déjà bien avancés sur certains dossiers, tels que ZNA [Ziekenhuis Netwerk Antwerpen], AZ Alma [groupement d’hôpitaux de la région de Gand/Eeklo], Waregem…

Quels sont ou quels devraient être les critères de choix pour décider des fonctionnalités qui seront gardées et intégrées? La plate-forme de développement? La richesse des fonctionnalités? Le nombre ou l’importance des clients existants?

Ce sont essentiellement les éléments de fonctionnalités. Il faut penser à ce dont le client a besoin. Ce doit être notre seul et unique guide tout en sachant que, pour arriver à cette fonctionnalité, des éléments de connaissances métier, de fiabilité, de rapidité et d’accessibilité — pour les acteurs de soins et entre systèmes informatiques — sont les clés.

C’est aujourd’hui le moment d’oser un choix difficile. A savoir, celui des fonctionnalités qui seront retenues parmi celles existant dans les différentes solutions.

Il n’en reste pas moins que la migration ou le trajet d’intégration sera influencé par la nature de la plate-forme sous-jacente qui sera choisie. L’effort de migration ou de (re)développent sera différent…

Cela vient clairement dans un deuxième temps. Je pense que si nous ne sommes pas d’abord convaincu d’offrir la meilleure solution ou que l’on choisisse une solution pour une mauvaise raison, cela permettra peut-être de gagner 6 mois mais, à terme, cela fera perdre beaucoup plus de temps.

Le choix, en fonction de l’objectif à atteindre, est sans doute le plus difficile mais c’est aussi le plus nécessaire. Ne pas oser faire ce choix maintenant serait le regretter et le payer longtemps par la suite. C’est le moment d’oser ce choix difficile.

Les équipes ont envie de cela. Je suis très positivement surpris par la capacité de nos équipes à faire leur propre auto-critique. Je vois une réelle émulation à aller découvrir la solution de l’autre, à comprendre ce qui n’avait pas été compris lorsqu’elles faisaient des démos concurrentes. On est passé de la méfiance mutuelle à un enrichissement mutuel.

Quel est l’agenda, les marqueurs, pour le choix préliminaire, pour l’évolution de la solution et la future solution unique…?

Je ne m’enferme pas dans un agenda trop précis. L’ensemble du positionnement de chacun sera clair à la rentrée. Les grands choix stratégiques se feront dans la foulée. Et la traduction en termes d’exécution et d’évolution à l’automne.

Et, vis-à-vis des clients, à partir de quand pourrez-vous préciser la nature de la solution intégrée et l’agenda de l’évolution future?

Cela devra se faire hôpital par hôpital, client par client, parce que les bases sont tellement diversifiées qu’il n’y aura pas de recette unique. Par contre, le but sera le même pour tous. Les spécificités des hôpitaux sont telles qu’il sera, je crois, impossible de donner une vision globale. Chaque hôpital aura un référent Xperthis Group avec lequel il établira sa feuille de route.

Quelles sont, selon vous, les fonctionnalités et aptitudes que devra avoir la solution, tant à court terme, sur base de l’existant, que dans une perspective d’innovation future? 

Il faut penser le plus intégré possible. Aujourd’hui, chacun travaille avec toute une série de modules divers et variés parce que les systèmes ont grandi avec leur propre évolution et spécialisation. Il faut en arriver à la fonctionnalité la plus harmonisée et intégrée possible.

C’est fondamental pour l’hôpital d’avoir un seul et unique interlocuteur informatique, aussi bien pour le portail patient que pour le dossier infirmier, la tarification/facturation, le processus admission/transfert etc. Nous devons être à même de proposer un panel complet de solutions.

Sur le volet innovation, il faut que cette fonctionnalité puisse, demain, “sortir” des murs de l’hôpital. Ce n’est plus le patient qui va à l’hôpital, c’est l’hôpital qui va chez le patient. Cela veut dire, une intégration dans une logique globale: les polycliniques, les maisons de repos, l’ambulatoire, les cabinets privés, etc. L’ensemble des acteurs de soins.

S’y ajoutent encore des fonctionnalités davantage tournées vers l’innovation. Les deux éléments majeurs sur lesquels il faut progresser, c’est la mobilité et la médecine prédictive — l’accompagnement à l’anamnèse, au diagnostic.

Qu’est-ce que cet objectif “extra muros” implique en termes d’extension de l’offre Xperthis?

Notre cellule innovation a la volonté d’investir sur l’ambulatoire, le trajet de soins, le mobile. Le portail patient s’inscrit dans la même logique. En dehors de l’hôpital, nous sommes essentiellement présents auprès des cabinets de spécialistes, mais il y a quelque chose à développer du côté des cabinets privés.

“L’IT doit tenter d’anticiper l’évolution que connaîtront les soins de santé dans leur globalité afin d’offrir les solutions au moment où le besoin devient réel.”

Cela correspond à l’évolution que connaîtront les soins de santé dans leur globalité, demain. L’IT doit tenter d’anticiper cette évolution afin d’offrir les solutions au moment où le besoin devient réel.

Avec quelle valeur de différenciation sur ce marché qui est déjà surpeuplé de solutions?

On sait que pour le cabinet du généraliste, il y a pléthore d’acteurs sur le marché. Cette compétence a été communautarisée. Il va y avoir un processus d’intégration ne fut-ce que pour alimenter les autorités en informations. C’est donc le bon moment pour nous d’apporter une plus-value, sur base des solutions qui existent déjà dans notre catalogue [Ndlr: notamment une solution pour cabinets privés spécialisés chez MIMS]. Mais aussi pour faire le lien avec l’ensemble des acteurs.

A lire, dès demain, la suite de cette interview. Il y parle des principaux défis qu’il estime être ceux du secteur hospitalier belge, du positionnement d’Xperthis, de sa perception de la concurrence et des perspectives commerciales du groupe dans les diverses parties du pays.