Joyce Proot (TechnocITé): “le nerf de la guerre demeure… le financement”

Interview
Par · 17/05/2018

Régional-IT: Le catalogue du Digital Security Center ne comporte pour l’instant que deux formations qualifiantes de longue durée pour demandeurs d’emploi. Une extension est-elle prévue?

Joyce Proot (TechnocITé): Le nerf de la guerre reste le financement. Or l’enveloppe n’évolue pas mais au moins ne diminue-t-elle pas… Mais cela implique que si on désirait créer une nouvelle formation, ce serait au détriment d’une formation existante.

Joyce Proot (TechnocITé): “Créer des vocations pour les métiers de la cyber-sécurité…”

Il faut bien se rendre compte que ce genre de formation qualifiante de longue durée implique un budget de 50 à 80.000 euros.

A Tournai [Eurometropolitan eCampus], un dossier a toutefois été introduit auprès du Forem pour pouvoir lancer une formation de Web developer. Nous attendons une réponse dans les jours à venir. Les réponses dépendent aussi des priorités définies par le Forem.

La question se pose dès lors aussi de trouver d’éventuelles sources de financement complémentaire.

Vous bénéficiez jusqu’ici de financements belges et européens, publics. Se tourner vers le privé serait-il une option possible pour un financement complémentaire?

La chose serait éventuellement envisageable dans le contexte d’une fondation ou dans le cadre d’un appel à projets. Mais, en tant que centre de compétences, nous nous en tenons à des règles de neutralité. Un éventuel accord avec une entreprise privée ne peut être à double tranchant, doit éviter l’effet “coup de pub” ou les exigences qu’aurait cette société…

Avec le programme du département Digital Security Center, vous visez un public très diversifié avec les différentes activités de formation et de sensibilisation. Mais les enseignants semblent en être absents…

Nous ne visons en effet pas pour l’instant les enseignants, notamment parce que d’autres initiatives de formation existent pour eux, notamment au niveau des universités. Nous visons plutôt les adolescents. Former des enseignants n’est pas réellement notre métier contrairement au fait de créer des vocations pour les métiers de la cyber-sécurité…

La totalité des formations figurant au catalogue se déroulent-elles en présentiel? Des contenus et ressources en-ligne sont-elles prévues ou envisageables?

Tout est en effet proposé en présentiel mais selon différentes approches pédagogiques: séminaires, ateliers, animations avec mise en situation, formations longues ou courtes. Les formations et activités se dérouleront en outre sur plusieurs sites – Mons, Tournai, Hornu, d’autres endroits de Wallonie, notamment grâce aux partenaires de la Cyber Security Coalition dont nous sommes membre.

Le fait est que la formation à distance implique des coûts – pour créer les contenus et constituer les équipes pédagogiques qui encadreraient la mise en oeuvre. Peut-être la chose sera-t-elle possible à l’occasion d’un appel à projets qui permettrait de financer une telle offre. Combiner formation à distance et ateliers de mise en situation présenterait en effet des avantages…

Signalons ici que, du côté de l’Eurometropolitan eCampus, partenaire de TechnocITé pour le Digital Security Center, une réflexion est en cours – et de premières compétences disponibles – pour assurer un accompagnement aux technologies pédagogiques concernées. Objectif potentiel: aider les autres structures de formation à se mettre à de nouvelles formes d’enseignement à distance et les encadrer dans la démarche.

Dans quelle mesure TechnocITé et Eurometropolitan eCampus mettent-ils leurs équipes en commun pour dispenser les formations et organiser les différentes activités du programme Digital Security Center?

Nous n’avons que peu de formateurs en interne. Notamment parce que les technologies et concepts évoluent très vite et que les compétences doivent donc être constamment remises à jour. Nous faisons donc surtout appel à des experts externes.

Plus tard, nous évoluerons potentiellement vers davantage de ressources en interne, pour fédérer aussi les personnes-ressources les plus intéressants en fonction non seulement de la thématique mais aussi du secteur d’activité visé – industrie, tourisme, médias… Selon la cible, les formations sont en effet différentes.

La prochaine étape consistera pour nous à former des formateurs, des “sensibilisateurs”. Autrement dit des formateurs capables de former des personnes de référence en cybersécurité au sein des entreprises ou organismes publics.